Tour d'Italie - Isaac Del Toro la 17e étape en patron... Romain Bardet crucifié
Par Arthur DE SMEDT le 28/05/2025 à 17:11
Après une magnifique première journée en montagne la veille, la terrible troisième semaine du Tour d'Italie se poursuivait ce mercredi 28 mai avec une 17e étape certes moins difficile mais encore une fois très exigeante entre San Michele all'Adige et Bormio. Très animée, l'ascension du mythique Passo del Mortirolo en cours d'étape a notamment été fatale à Antonio Tiberi (Bahrain Victorious) et Michael Storer (Tudor), et le final a ensuite offert un superbe spectacle et suspense pour la victoire... qui est revenue à Isaac Del Toro ! Alors qu'il ne semblait pas impérial, le Mexicain a retouvé son explosivité dans l'ultime difficulté, attaquant en costaud avec le seul Richard Carapaz (EF Education - EasyPost) pour l'accompagner à 10 bornes du but. Le duo sud-américain est ensuite revenu sur Romain Bardet (Team Picnic PostNL), dernier rescapé et le plus fort de l'échappée du jour. Et alors qu'on se dirigeait vers un sprint à trois, le maillot Rose a surpris ses deux rivaux juste avant la flamme rouge, prenant quelques mètres qu'il n'a plus cédés jusqu'à la ligne.
Vidéo - Isaac Del Toro a réagi en patron sur la 17e étape !
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Storer et Tiberi perdent gros... le suspense reste entier !
Premier succès sur un Grand Tour pour la pépite mexicaine, qui devient le plus jeune vainqueur d'étape en Rose de ce siècle et qui répond en patron après sa défaillance de la veille, confortant ainsi son maillot Rose. Déception pour Romain Bardet, 2e à secondes et passé tout proche de la victoire. Richard Carapaz termine 3e dans le même temps que le Français. On retrouve ensuite à 15 secondes le reste du groupe des favoris, avec Simon Yates (Visma | Lease a Bike) 4e devant Giulio Pellizzari (Red Bull-BORA-hansgrohe), Derek Gee (Israel-Premier Tech), Damiano Caruso (Bahrain Victorious), Einer Rubio (Movistar) et Max Poole (Team Picnic PostNL). Egan Bernal (INEOS Grenadiers) a lui craqué dans le final et concède 1'10". Les grands perdant su jour s'appellent Michael Storer et Antonio Tiberi, qui perdent respectivement plus de 4 et 10 minutes !
Au classement général, Del Toro porte désormais son avance à 41 secondes sur Carapaz, qui dépasse Simon Yates pour la 2e place, le Britannique ayant lui 51" de retard. Derek Gee reste en embuscade à 1'57" devant Caruso (+ 3'06") et Bernal (+ 4 43"). Pellizzari poursuit lui sa remontée fantastique et grimpe à la 7e place, à 5'02". 7e et 8e du général ce matin, Storer et Tiberi reculent en 10e et 15e position.
Le résumé de la course
Comme souvent ces derniers jours, la bataille pour former la bonne échappée du jour est intense dès le départ donné depuis San Michele all’Adige. Entre les baroudeurs souhaitant se jouer la victoire d'étape et les équipes de favoris qui veulent pouvoir placer des équipiers pouvant servir de relais à l'avant de la course, ils sont nombreux à tenter leur chance, et le rythme est encore une fois effréné durant cette première heure, pourtant disputée sur un terrain légèrement montant. Alors que Juan Ayuso (UAE Team Emirates - XRG) ne semble pas aller mieux et traîne déjà à l'arrière, les vagues d'offensive se succèdent. Un mouvement de course permet notamment à Damiano Caruso et Thymen Arensman de se retrouver devant... et c'est le maillot Rose en personne qui décide de réagir et de faire le jump ! Un choix discutable à plus de 120 bornes de l'arrivée pour Del Toro, qui semble nerveux.
Tout rentre dans l'ordre, et c'est finalement un petit peloton qui prend le large à l'avant, avec une quarantaine de coureurs présent dans l'échappée. On y retrouve de nombreux équipiers de leaders, dont quatre pour Simon Yates (Visma | Lease a Bike), mais aussi le maillot bleu Lorenzo Fortunato (XDS Astana), Romain Bardet (Team Picnic PostNL) ou encore Brandon McNulty (UAE), le mieux classé des attaquants à 7'43" de son coéquipier Del Toro. Ce large groupe aborde la première difficulté de la journée, le Passo del Tonale (15.2 km à 6.1%), avec près de 3 minutes d'avance sur le peloton maillot rose, emmené par la Pro Team italienne Polti VisitMalta venue rouler par punition pour n'avoir placé aucun coureur à l'avant. Sans surprise, Lorenzo Fortunato passe en tête au sommet, possédant désormais 212 pts d'avance au classement de la montagne sur son coéquipier Christian Scaroni.
Antonio Tiberi explose, Storer craque... Bardet et Carapaz animent le Mortirolo !
On se dirige alors vers le gros morceau du jour, le mythique Passo del Mortirolo (12,6km à 7,6%), et la situation de course reste identique, la Polti VisitMalta continuant de rouler et maintenant l'écart autour des 3 minutes. C'est finalement avec 4 minutes que les hommes de tête arrivent au pied, et la sélection se fait naturellement à l'avant, les meilleurs grimpeurs émergeant logiquement. Au sein du peloton, INEOS prend d'abord les commandes, ensuite relayé par les UAE... et le rythme imprimé fait rapidement craquer Antonio Tiberi (Bahrain Victorious), porteur du maillot blanc par procuration et 8e du classement général ce matin ! Victime d'une grosse chute samedi, l'Italien va tout perdre ce mercredi.
Devant, Romain Bardet accélère à l'approche du sommety et emmène avec lui Lorenzo Fortunato, Brandon McNulty, Florian Stork, Georg Steinhauser, Daniel Felipe Martinez, Mattia Cattaneo et Afonso Eulálio. Il y en a de partout au sein de l'échappée... mais aussi chez les favoris, puisque l'équipe EF Education - EasyPost roule fort pour Richard Carapaz ! Après une première accélération de Giulio Pellizzari, l'Equatorien contre et place une attaque tranchante dont il a le secret. En dernière position du groupe des favoris, Isaac Del Toro semble à la peine. Mais le jeune Mexicain finit par réagir et revient sur le reste des leaders, excepté Carapaz, qui possède quelques secondes d'avance au sommet. A part Tiberi, mais également Michael Storer (Tudor), tout le monde est présent concernant le général.
Bras de fer entre l'échappée et le groupe maillot Rose pour l'étape
Vertigineuse et technique, la descente permet à cinq coureurs de faire la différence au sein des échappés : on y retrouve sans surprise Romain Bardet, accompagné de Afonso Eulálio et Mattia Cattaneo, puis dans un 2e temps de Florian Stork et Lorenzo Fortunato. Profitant de la présence de son coéquipier Georg Steinhauser, qui s'est relevé de l'échappée, Carapaz est rejoint par Giulio Pellizzari mais reste une vingtaine de secondes devant le groupe maillot rose, pointé lui à 2 minutes et 30 secondes de la tête au bas de la descente. Il reste alors environ 30 km à parcourir sur un tracé en constante montée, dont l'ultime ascension du jour, Le Motte (3.1 km à 8%), dont le sommet est situé à moins de 10 bornes de l'arrivée.
La situation se clarifie encore un peu plus dans les minutes qui suivent : l'échappée voit revenir Wilco Kelderman, Mathias Vacek et Daniel Felipe Martínez, avec désormais 8 coureurs en tête. Ils possèdent deux minutes de marge sur le groupe des favoris, fort de 25 unités après avoir logiquement opéré la jonction sur Carapaz sous l'impulsion de l'équipe UAE. Damien Howson (Q36.5 Pro Cycling Team) vient alors rouler pour tenter de rentrer sur l'échappée et viser la victoire avec Tom Pidcock. L'Australien réduit l'écart à 1'30" puis s'écarte à 22 km, moment choisi par le Britannique pour attaquer. Mais UAE ne lui laisse pas de liberté et le reprend. Howson finit donc par faire son retour et reprendre la barre. Lorenzo Milesi (Movistar) vient lui prêter main forte pour Einer Rubio, et leur travail conjoint porte ses fruits, puisque l'écart fond à moins de 30" au pied de la montée de Le Motte.
Bardet repris par Del Toro et Carapaz... le maillot Rose s'impose !
L'équipe UAE reprend alors les commandes du peloton sous l'impulsion d'Adam Yates, probablement pour empêcher toute attaque. Il faut réagir à l'avant pour croire à la victoire... et c'est Romain Bardet qui se montre le plus fort de l'échappée, le Français lâchant tous ses adversaires. Mais il va lui falloir être très solide, car derrière, après une timide attaque d'Einer Rubio, c'est le maillot Rose en personne qui attaque ! Del Toro place une mine, et seul Carapaz peut prendre sa roue. Au sommet, ce duo bascule avec moins de 10 secondes de retard sur Bardet, tout est encore possible !
Le Français résiste bien dans la courte descente, mais les Hispaniques sont plus puissants sur le plat et reprennent Bardet à 5 bornes du but. Ils collaborant parfaitement pour creuser sur le reste des favoris, qui pointent quelques secondes derrière à l'exception d'Egan Bernal, distancé. Alors qu'on s'oriente vers un sprint à 3 pour la victoire, Del Toro prend quelques mètres juste avant la flamme rouge et la petite montée finale et profite de cet écart pour tout donner et rallier la ligne en vainqueur ! Romain Bardet règle Carapaz pour la 2e place à 4" et pourra nourrir des regrets... Le reste des favoris arrive 15 secondes après le Mexicain, avec Simon Yates (Visma | Lease a Bike) 4e devant Giulio Pellizzari, Derek Gee, Damiano Caruso, Einer Rubio et Max Poole.

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