Route/Bilan - L'équipe UAE Team Emirates a pris une nouvelle dimension

Par Martin LARUELLE le 28/12/2022 à 12:23

Photo : Sirotti

La saison 2022 est sans doute la plus aboutie pour la UAE Team Emirates depuis sa création en 2017. Avec 48 victoires, il s'agit de l'équipe la plus victorieuse cette saison, à égalité avec l'autre nouveau mastodonte du peloton, la Jumbo-Visma. L'équipe a récolté d'excellents résultats dans les plus grandes courses du monde : un succès dans un monument du cyclisme avec le Tour de Lombardie, des victoires d'étape sur les trois Grands Tours assorties de places sur le podium au Tour de France et au Tour d'Espagne, ainsi que des victoires finales dans les grands rendez-vous du calendrier - Strade Bianche, Tirreno-Adriatico et GP de Montréal. L'équipe a performé sur tous les terrains cette saison. Et malgré cela, il restera sans doute ce tout petit goût de trop peu car Tadej Pogacar n'a pas décroché de troisième victoire lors de la Grande Boucle.

Vidéo - La UAE Team Emirates prépare la saison 2023 !

 

Tadej Pogacar, le fer de lance

Même si 16 coureurs différents ont pu lever les bras au sein de l'équipe cette saison, c'est Tadej Pogacar qui reste le leader incontesté et incontestable de la formation émiratie. Il a récolté à lui seul 16 des 48 victoires de l'équipe, soit exactement 1/3 des succès. Il a terminé premier au classement mondial UCI et a gagné dans les plus grandes courses. Trois victoires d'étape sur le Tour. Des succès au Tour de Lombardie, sur les Strade Bianche après un solo de 50km et au GP Montréal en battant Van Aert au sprint. On y ajoute des victoires d'étapes et le classement général sur Tirreno-Adriatico, l'UAE Tour et le Tour de Slovénie, le bilan est plus qu'impressionnant.

C'est bien simple, dans chaque course par étapes dont il a pris le départ en 2022, le coureur slovène a toujours franchi au moins une fois la ligne en première position. Le double vainqueur du Tour de France est présent tout au long de la saison, et sur tous les terrains. À côté de son exceptionnel total de victoires, il faut également mentionner sa 5e place à Milan-San Remo et sa 4e dans le Tour des Flandres pour sa première participation. Sans un sprint un peu manqué, il aurait même sans doute pu revendiquer la victoire.  

 

Ce qui caractérise également Tadej Pogacar, c'est son style ultra-offensif et son attitude positive sur le vélo. Il ne s'avoue jamais vaincu et prend du plaisir dans chacune des courses auxquelles il participe. Son duel avec Jonas Vingegaard au Tour de France cette année nous a offert une course palpitante de bout en bout, le coureur danois devant sans cesse répondre aux attaques tranchantes du vainqueur sortant. Comme son compatriote Primoz Roglic en 2020, il a été grand dans la défaite, félicitant Vingegaard avec un grand sourire après chacune des étapes. Pogacar s'amuse sur un vélo et offre des courses passionnantes à tous les amoureux de la Petite Reine. Et l'on peut être certain qu'il sera au rendez-vous une nouvelle fois en 2023.  

 

Juan Ayuso, la nouvelle pépite

Juan Ayuso a seulement 20 ans mais fait déjà partie du gratin du cyclisme mondial. Il est monté sur le podium de son premier Grand Tour, le Tour d'Espagne, est considéré selon les statistiques comme le meilleur grimpeur de moins de 20 ans de tous les temps et a décroché sa première victoire professionnelle en 2022. L'avenir s'annonce radieux pour le jeune Espagnol, d'autant plus qu'il ne s'est pas contenté de quelques jolis coups d'éclat. Il a été présent et constant tout au long de la saison, à la fois dans les courses par étapes mais aussi dans les courses d'un jour, avec son premier succès chez les professionnels au Circuit de Getxo.

À cela, on ajoute des tops 5 à la Drôme Classic et à la Prueba Villafranca ainsi qu'une belle deuxième place au Trofeo Laigueglia, une course marquée par un magnifique triplé de l'équipe UAE Team Emirates. Il a aussi décroché deux tops 5 au classement général durant le Tour de Catalogne et le Tour de Romandie, qui sont deux courses par étapes parmi les plus relevées de la saison.  

L'avenir d'Ayuso semble donc s'inscrire dans la lignée se celui de son leader slovène, avec des performances solides sur tous types de course et tout au long de la saison. La saison 2023 devrait lui faire passer un palier supplémentaire et le voir revenir sur le Tour d'Espagne, cette fois-ci pour jouer la gagne. Avant sans doute de le voir participer au Tour de France en 2024. Il sera intéressant de voir comment se passera la cohabitation avec Tadej Pogacar dans les années à venir, même si pour l'instant il n'est pas vu comme une menace par le double vainqueur du Tour de France. "Ce n'est pas un rival, c'est un coéquipier. Il peut gagner des Grands Tours dans les années à venir. Nous aurons donc plusieurs options, ce qui est une bonne chose".

 

Une saison en dents de scie pour les autres leaders

Les autres hommes forts de l'équipe, qui doivent assumer le rôle de leader lorsque Pogacar n'est pas aligné, auront connu une saison avec des hauts et des bas. Joao Almeida avait quitté Deceuninck - Quick Step pour pouvoir jouer sa carte personnelle dans les Grands Tours, en ayant une équipe solide à ses côtés. Au niveau des résultats bruts, le bilan est mitigé car il a abandonné lors du Tour d'Italie et a terminé 5e au Tour d'Espagne, mais derrière son équipier Juan Ayuso, alors qu'il était censé être le leader de l'équipe. Au Giro, il avait été malchanceux car il occupait la 4e place avant d'être forcé à quitter la course au matin de la 18e étape suite à un test positif au coronavirus.

Lors des autres rendez-vous de la saison, il n'aura décroché "que" 2 victoires durant des étapes du Tour de Catalogne et du Tour de Burgos, en plus de son titre de champion du Portugal. À nouveau, même si le bilan semble pauvre au vu de son potentiel, Almeida aura fait preuve de constance tout au long de l'année. Il a terminé dans le top 10 des toutes les courses par étapes qu'il a disputées - sauf au Giro - et se positionne ainsi de plus en plus comme un coureur de classement général. Néanmoins, il devra sans doute élever son niveau l'année prochaine s'il souhaite conserver le rôle de coureur protégé au vu de l'éclosion d'Ayuso et des transferts entrants d'Adam Yates et Jay Vine.

 

Marc Hirschi était arrivé au sein de l'équipe au début de l'année 2021 entouré de grosses attentes après un Tour de France exceptionnel disputé en 2020 ainsi qu'une victoire au sommet du Mur de Huy lors de la Flèche Wallonne. Après une saison 2021 assez décevante, il s'est ressaisi cette saison, en remportant 4 victoires lors de courses d'un jour. Il s'agissait néanmoins uniquement de courses de niveau 1.1. Sur les épreuves d'un calibre plus élevé, il n'a pas encore pu rééditer ses performances de l'année 2020. Ses meilleures résultats sont deux 9e places lors de l'Amstel Gold Race et de Liège-Bastogne-Liège. Espérons pour lui qu'il parvienne à retrouver son meilleur niveau dès la saison prochaine.  

 

Brandon McNulty a connu un début de saison en boulet de canon avant de progressivement rentrer dans le rang. Victorieux lors de la première course de la saison à Calvia ainsi que sur la Faun-Ardèche Classic, il a également décroché une victoire d'étape sur Paris-Nice et avait terminé 2e du Tour d'Algarve en terminant 4 fois dans le top 10 sur les 5 étapes. Puis, plus rien ou presque. Une 3e place lors de la 17e étape du Tour de France en imposant un tempo infernal sur la dernière ascension, lâchant tout le peloton sauf son équipier Pogacar et le maillot jaune Vingegaard, restera la seule performance vraiment remarquable de McNulty après le mois de mars.

C'est un peu le même constat pour Alessandro Covi, véritable révélation du début de saison. Il a enchainé les bons résultats en début d'année, en remportant le Tour de Murcie et une étape sur le Tour d'Andalousie. Sa performance la plus marquante, c'est une victoire sur la 20e étape du Tour d'Italie, au sommet du Passo Fedaia, malheureusement pour lui quelque peu éclipsée par la passation de pouvoir entre Jai Hindley et Richard Carapaz. Et cela restera le dernier fait d'armes de sa saison. L'enjeu pour l'année prochaine sera de devenir plus constant, ce qui leur permettrait de passer un palier supplémentaire. La question se pose également pour la nouvelle recrue Tim Wellens, qui est aussi un habitué des victoires de début de saison. À charge maintenant au staff d'UAE - Team Emirates de trouver la formule gagnante pour que ces 3 coureurs soient présents de février à octobre en 2023.  

 

Le sprint, point faible de 2022

Sur papier, l'équipe avait très belle allure et toutes les cartes en main pour briller lors des emballages finals. En effet, avec Pascal Ackermann, fraichement transféré de BORA-Hansgrohe, le grand espoir Alvaro Hodeg, arrivé en provenance de Deceuninck-Quick-Step, et Fernando Gaviria, qui avait suivi le même chemin 3 ans auparavant, on pouvait s'attendre à un paquet de victoires lors des sprints massifs. Pour diverses raisons, ce ne fût pas le cas. La malchance, tout d'abord. Hodeg est le seul coureur du World Tour à n'avoir pas couru une course cette année suite à un grave accident survenu en début d'année. On ne peut que lui souhaiter de revenir au meilleur niveau en 2023.

Pour son alter ego colombien Fernando Gaviria, avec seulement deux victoires cette saison, toutes deux décrochées en débuts de saison au Tour d'Oman, il semble y avoir un cocktail d'éléments qui explique ses contre-performances. Touché trois fois par le Covid depuis 2020, il semble que les effets à long terme de la maladie aient affecté ses performances sportives. De plus, le staff de l'équipe UAE Team Emirates a également remis en question son éthique d'entrainement en fin de saison. Après 4 ans relativement décevants au vu de ce que Nando avait accompli au sein de la structure Quick Step, le coureur colombien cherchera à se relancer l'année prochaine chez Movistar, dans ce qui ressemble un peu à sa dernière chance, lui qui aura 29 ans l'année prochaine.

 

Enfin, pour Pascal Ackermann, il a tout d'abord fallu s'habituer à un nouvel environnement, lui qui avait décroché toutes ses victoires professionnelles au sein de la structure BORA-Hansgrohe. De plus, il a dû apprendre à composer sans son poisson-pilote favori, Rüdiger Selig, parti chez Lotto-Soudal. Après quelques ajustements durant les premières courses de l'année où il n'a jamais réellement semblé en mesure de jouer la victoire (un seul top 3 durant la 2e étape du UAE Tour), il lève une première fois les bras à la mi-mars à Bredene-Coxyde.

On le pense alors lancé, mais dès la course suivante, il chute fortement dans le final de Bruges-La Panne et se voit contraint de marquer un coup d'arrêt dans sa saison. Il devra attendre le mois d'août pour revenir dans le coup et décrocher sa deuxième victoire de l'année au Tour de Pologne. Malgré quelques tops 3 durant le Tour d'Espagne, son compteur restera bloqué à seulement deux succès en 2022. Après cette année d'adaptation, on attend mieux du colosse allemand pour sa deuxième saison au sein de la structure émiratie.

 

Gagner à nouveau le Tour de France, l'ambition majeure en 2023

Comme nous l'avons vu, l'année 2022 était globalement très réussie pour UAE Team Emirates. La seule case qui n'a pas été cochée, c'est la victoire sur un Grand Tour, et plus particulièrement sur le Tour de France. La faute, en partie, à un effectif un rien trop faible par rapport à l'armada Jumbo-Visma pour aider Tadej Pogacar dans sa quête d'un troisième succès consécutif. Les managers de l'équipe ont tiré les leçons de cet échec et ont compris qu'il faudra être plus solide en 2023 pour bousculer le collectif néerlandais. Des coureurs capables de rester aux côtés du Slovène en haute montagne ont ainsi été transférés, Adam Yates, Jay Vine et Felix Grosschartner en tête. Pogacar aura aussi du beau monde à ses côtés dans les classiques printanières, Tim Wellens venant renforcer l'effectif. Il devrait former un duo solide avec Matteo Trentin pour épauler le Slovène dans sa quête. L'équipe semble donc armée pour vaincre sur tous les terrains l'année prochaine et on attend avec impatience les duels avec Van Aert, Vingegaard, Evenepoel, Van der Poel et Alaphilippe, entre autres. On a déjà envie d'y être !

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