INTERVIEW - Guimard : «Si Lenny Martinez devance les grands favoris du Dauphiné...»

Alors que le Tour d'Italie vient de rendre son verdict dimanche dernier, notre chroniqueur Cyrille Guimard revient sur Cyclism'Actu afin de nous livrer son analyse du Giro... mais pas que ! L'ancien coureur, directeur sportif, manager d'équipe et sélectionneur de l'équipe de France a bien entendu évoqué la lutte renversante pour le maillot Rose, de la victoire revancharde de Simon Yates (Visma | Lease a Bike) aux promesses d'Isaac Del Toro (UAE Team Emirates-XRG), en passant par la bataille sans intérêt pour les classements annexes ou encore les performances peu reluisantes des Français. Mais "Le Druide" s'est également projeté sur la suite et la préparation du Tour de France, qui va débuter ce dimanche avec le Critérium du Dauphiné, théâtre d'un premier affrontement alléchant entre Tadej Pogacar, Jonas Vingegaard et Remco Evenepoel ! Comme toujours, on aime ou on n'aime pas... mais c'est à lire ci-dessous et/ou à regarder en vidéo.
Vidéo - Cyrille Guimard sur Cyclism'Actu avant le Dauphiné
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Bonjour Cyril Guimard. Évidemment, on sort de trois belles semaines de course en Italie, on aimerait bien avoir l'analyse du Druide sur ce Giro d'Italia très serré jusqu'à cette fin renversante au Colle delle Finestre qui a sacré Simon Yates. Que retiens-tu à chaud de ce Tour d'Italie ?
Sur trois semaines, il se passe toujours beaucoup de choses. Il y a plusieurs points intéressants. Comme d'habitude, ou j'ai envie de dire comme souvent, le Giro est une épreuve où il y a beaucoup plus d'échappées, voire des échappées jusqu'à plus de 30 coureurs. Donc, des étapes qui sont plus intéressantes que ce qu'on peut avoir sur le Tour de France, qui est quand même un peu trop cadenassé. Là, il y a du mouvement et c'est intéressant à suivre, ne serait-ce qu'à la télévision, pour ceux qui peuvent regarder. Ça, c'est une chose.
En dehors de cela, il y a deux autres points que l'on peut souligner. C'est la domination de XDS Astana sur le classement de la montagne, puisqu'ils prennent les deux premières places. Et puis, la domination au classement par points de Mads Pedersen, qui fait une saison absolument extraordinaire. Il lui manque une grande victoire sur les classiques de début de saison.
"Mads Pedersen a pris la place de "Fantastique" de Wout Van Aert"
Est-ce qu'on peut presque le qualifier de "Fantastique" avec son début de saison et ce qu'il a fait sur ce Giro ?
Oui. Aujourd'hui, on peut dire qu'il a pris la place de Wout Van Aert, qui s'est d'ailleurs refait une belle petite santé sur ce Tour d'Italie, qui a été très efficace et qui a surtout été l'élément déterminant dans la victoire de Simon Yates, du moins dans cette étape de samedi au Colle delle Finestre. La question qu'on peut se poser aussi, c'est quand on voit une telle domination d'un coureur sur les classements annexes, est-ce que ces classements annexes, comme le classement par points, le classement de la montagne, correspondent à quelque chose qui peut servir à quelque chose dans le déroulement de la course ? J'ai l'impression qu'il faudra peut-être réfléchir au modèle de ces classements annexes à l'avenir.
On savait qu'Astana très rapidement ferait tout pour aller chercher la gagne, voir les deux premières places, ce qu'ils ont fait. On sait qu'ils sont à la bagarre pour rester dans le World Tour et qu'ils ont besoin de points. Donc là, ils sont allés chercher plus de 300 points rien que sur le classement de la montagne. Ce qui fait le malheur pour l'instant de l'équipe française Cofidis, qui est sortie du panier des 18 (On va avoir la précision ce mardi pour les comptes exacts). Donc voilà, je me pose la question de savoir si c'est encore utile de faire des classements par points et de la montagne, ou s'il faut revoir le modèle.
Et en ce qui concerne le général ?
On s'attendait à un grand match entre les deux grands favoris, Primoz Roglic et Juan Ayuso. Ni l'un ni l'autre n'ont terminé pour des raisons diverses, chutes, maladies. Comme quoi, il faut toujours être très prudent lorsqu'on veut faire des pronostics ou des commentaires sur ce que l'on va peut-être vivre pendant ces trois semaines. Et puis en fait, on s'est retrouvé avec une course quand même très intéressante avec deux jeunes loups, Ayuso dans un premier temps puis Isaac Del Toro, et deux trentenaires, Richard Carapaz et Simon Yates. Et finalement, ce sont les anciens qui l'ont emporté. Je dirais que c'est presque logique. Il y a eu une telle effervescence sur les jeunes qu'ils ont peut-être un petit peu eu du mal à gérer la pression, ainsi que le côté stratégique.
Car un des points essentiels, me semble-t-il, ça a été un moment où ils ont été, Ayuso et Del Toro, qu'on le dise ou non, en opposition. En opposition parce qu'ils ont échangé des maillots, ils sont allés chercher des victoires d'étape. Visiblement, ce n'est pas ce qui était prévu au départ. Et la charge émotionnelle et la pression sur ces deux coureurs (on ne parlait même plus des autres d'ailleurs), à mon avis ça a coûté cher. Alors bien sûr, on ne vous dira pas que... mais c'est la réalité, la réalité humaine, elle est comme ça. Quand vous avez un taureau d'un côté et un taureau de l'autre, il y a un moment où ça ne va pas le faire. Voilà ce qu'on peut retenir globalement de tout ça.
Le dernier point, malheureusement, ce n'est pas celui dont on peut être le plus fier. C'est l'absence des Français dans la cour des grands. Ils n'ont jamais été acteurs ou ont eu un rôle essentiel dans le déroulement du Tour d'Italie. Il faut quand même le dire et le féliciter, Nicolas Prodhomme, comme Romain Bardet qui malheureusement est passé tout près d'une victoire, sont les deux seuls Français qui ont été présents, même s'ils n'ont pas eu d'implication sur le classement général. Mais ils ont été présents, ils se sont battus et ce sont les deux seules satisfactions que l'on peut avoir.
"Isaac Del Toro... une envie de mimétisme avec Tadej Pogacar"
La véritable révélation de ces trois semaines, c'est donc Isaac Del Toro. On se disait qu'il allait craquer à un moment donné. Finalement, il a tenu, il a tenu.... et il a cédé le dernier jour au Finestre. Mais on a eu l'impression de voir un "petit Tadej Pogacar" sur le vélo, très en danseuse, à répondre un peu partout à toutes les attaques. Qu'en penses-tu ?
Oui, alors Pogacar, de part les performances qu'il a, mais surtout la façon dont il va chercher ses victoires, par obligation, il y a une envie de mimétisme. Et on le voit par exemple cette année. De plus en plus, on voit des coureurs attaquer loin de l'arrivée, prendre des risques, et quelquefois ça marche. Et puis bon, à son âge, s'il n'a pas cette fougue, c'est pas à 35 ans qu'il l'aura. Et puis bon, j'ai envie de dire, entre guillemets, il est tout neuf, il a la passion, il a l'envie. J'ai envie de dire, c'est parfait. Mais s'il perd, à mon avis, ça n'est pas ça. On évoquait le problème de la pression. Il y a eu des erreurs stratégiques, mais vous savez, pour ne pas faire d'erreurs stratégiques, il faut être le plus fort.
Et celui qui a été le plus sobre sur l'ensemble de ce Giro, c'est Yates. Il n'a bougé que deux fois sur l'ensemble du Giro, il s'est presque fait oublier comme étant un véritable adversaire pour la gagne. Et l'adversaire désigné véritablement, celui qui était dangereux et que l'on surveillait comme l'eau sur le gaz, c'était Carapaz. Carapaz, dont on connaît sa capacité à attaquer, y compris de loin. Donc ils se sont bien mis sur la gueule, sur le pied du col. Et celui qui a été là encore le plus sobre, ça a été Yates. Et quand Yates est sorti, un, il avait les jambes, et derrière, qui fait l'effort ? Carapaz ou Del Toro ?
Logiquement, c'est Del Toro qui doit le faire, parce que c'est lui qui a le maillot. Si Del Toro se retient, c'est qu'il n'a pas les jambes pour aller le chercher. Et là, après, il va rester sur une course de marquage. Et puis, ni l'un ni l'autre n'ont été capables de faire la différence ou d'assurer un tempo qui leur aurait permis, éventuellement, dans la dernière ascension de Sestrières, de remettre les compteurs à zéro. Là, en plus, lorsqu'ils ont laissé Simon Yates prendre plus d'une minute d'avance, il y avait Wout Van Aert qui était devant...
"Persuadé que Carapaz et Del Toro n'avaient pas les moyens d'accompagner Simon Yates"
Mais c'était une erreur ça d'ailleurs, de laisser partir Wout Van Aert dans l'échappée, non ?
Oui, mais bon, seulement aujourd'hui, on peut dire que c'était une erreur. Pendant la course, qui pense que Van Aert va passer le Finestre comme il l'a passé ? Et d'être capable de rouler aussi vite après ? Mais, après analyse, quand la course est finie, oui, ça a été une erreur... Ou alors, il aurait fallu se rapprocher plus près, au pied du dernier col, de façon à ce que Yates puisse pas bénéficier de son soutien. Mais c'est une stratégie qui, quand elle est bien faite, marche. Vous savez, Hinault, il gagne aussi un Tour d'Italie de cette façon-là, avec Jean-René Bernaudeau qui était sorti, avec la dernière montée qui était le Stelvio. On l'a fait dans d'autres circonstances. Mais le jeu ne demande toujours que faute. S'il n'y avait jamais de faute... Mais moi, je reste persuadé que l'un comme l'autre n'avait pas les moyens d'accompagner Simon Yates.
Et en dehors des moyens, on a vu Del Toro et Carapaz se regarder dans la descente derrière, et il y en a beaucoup qui ont critiqué Del Toro sur son attitude et le fait de ne pas du tout défendre le maillot rose, d'abandonner littéralement alors qu'il était en situation de gagner le Giro. Toi, comment tu vois cela, ce manque de "panache" ?
Je crois qu'on n'est plus sur le manque de panache. C'est lui qui descend le mieux, c'est un super descendeur. On l'a vu quand il va chercher sa gagne d'étape devant Romain Bardet. Il a une capacité à virer très vite, ses trajectoires sont propres. Il ne doit pas s'occuper de Carapaz dans la descente. Carapaz, il le sort dans les virages. Ce qui veut dire qu'il n'est plus en confiance. S'il est en confiance, il fait la descente, mais après il faut qu'il fasse la montée. Et à mon avis, à partir du moment où ils n'ont pas été capables soit de s'entendre, soit de réagir, soit de prendre leur destin en main, ça veut dire qu'ils n'avaient pas les jambes pour y aller. Et la descente, si tu la fais à fond, comment tu fais la montée ? Mais même par rapport à Yates, Yates n'est pas un grand descendeur. Donc tu pouvais refaire une partie du retard, mais après il fallait faire la montée.
Et Yates avait quand même un avantage sur ces deux coureurs, c'est qu'un, il est plus léger sur des cols longs avec des pourcentages importants, comme dans le Finestre, et bien il a quand même un petit plus. Donc une fois qu'il était parti, qu'il se mettait dans son rythme, qu'il lissait son effort jusqu'en haut, pour faire l'effort et revenir sur lui, il fallait trop de watts.
Est-ce qu'on n'appellerait pas le Colle delle Finestre, le col des Britanniques, au final ? Parce qu'on a eu le grand solo de Chris Froome il y a quelques années, en 2018, où d'ailleurs Simon Yates avait totalement défailli et avait perdu le Giro ce jour-là.
Je me souviens bien puisque je commentais à l'époque. On pourra toujours se poser des questions sur le raid de Froome, d'une part, parce que derrière ça a roulé quand même pendant des kilomètres et des kilomètres, et c'était l'année aussi où Pinot pouvait l'emporter. Et où Pinot a aussi explosé le lendemain. Alors c'est un col qui est très très difficile à gérer, parce que d'abord on est sur du gravel. D'ailleurs pour la petite histoire, on dit dernièrement qu'on a inventé les courses de gravel : non, les courses de gravel, c'est celles qui existaient quand on faisait le Tour en 1903, mais même après la guerre, rappelez-vous, les Tourmalet, Aubisque ou les grands cols, on les faisait sur les gravillons. Et ça, ça complique les choses, ça complique les choses sur les coureurs lourds, parce que vous avez moins de motricité, donc vous avez une déperdition. Si vous pesez 10 kilos de plus, c'est un handicap sur un revêtement sur lequel il y a énormément de patinage.
Donc le Finestre, il faudra peut-être le remettre plus souvent, surtout la veille de l'arrivée, c'est pas mal, puisqu'il s'y passe toujours quelque chose. Mais je pense que les organisateurs le savent aussi bien que nous.
"Quand vous avez Tadej Pogacar au départ... c'est difficile de le battre"
On a eu une bataille qui a tardé à se lancer avec une dernière semaine, comme toujours, très dense en Italie, mais un final assez fou sur cette avant-dernière étape. Et si on compare par rapport à l'année dernière et l'écrasante domination de Tadej Pogacar, ce qu'on peut en conclure, c'est qu'un Grand Tour sans "Fantastiques", c'est peut-être un Grand Tour bien plus passionnant à suivre...
Oui, on va dire aux coureurs non plus de mettre un moteur, mais on va leur mettre un rupteur, surtout à Pogacar (rires). Mais en fait, ce qui a provoqué cette dernière semaine aussi intense, aussi imprévisible, c'est que les deux grands favoris n'étaient plus là. Or, si Ayuso et Roglic sont là, c'est quand même deux grosses équipes qui allaient bloquer la course. Avec un Del Toro bloqué par Ayuso, et donc dans une position d'équipier. Et donc après, il restait qui ? Il ne restait que Yates. Donc le fait que les deux grands favoris quittent la course vers la 16e étape, la course s'est complètement débridée. Il n'y avait plus de véritable patron, puis il y avait quand même des équipes à qui il manquait un ou deux coureurs, et pas n'importe lesquels.
Donc là, oui, une course est quelquefois plus intéressante quand on a des coureurs qui sont quelque part du même niveau, ou du moins pas loin les uns des autres, et où la stratégie devient importante. Et quand vous avez Pogacar, si Pogacar n'a pas de problème, c'est difficile de le battre. Mais il a déjà été battu, il n'a pas toujours été le plus fort sur les grands tours, comme le Tour de France.
"Pogacar, Vingegaard, Evenepoel... ils vont être dans l'obligation soit de masquer, soit de bluffer"
Évidemment, et d'ailleurs on va faire la transition là dessus. On a le Tour de France qui arrive dans un mois, et LA course de préparation pour le Tour, le Critérium du Dauphiné, va être très intéressante à suivre cette année, puisqu'on a les trois membres du podium de l'an passé qui sont présents au départ : Tadej Pogacar, Jonas Vingegaard et Remco Evenepoel, qui vont se défier pour la première fois depuis très longtemps. Qu'est-ce qu'on pense de ces têtes d'affiches, de cette semaine qui arrive sur le Dauphiné ? Est-ce qu'on va avoir un match à trois intéressant, ou alors quelque chose de totalement différent pour toi ?
Bien malin, celui qui est capable de le dire. Parce qu'est-ce qu'on se découvre ? Est-ce qu'on ne se découvre pas ? Le Dauphiné, c'est vrai par le passé, mais je dis bien par le passé, les hommes forts du Dauphiné étaient les hommes forts du Tour. Aujourd'hui, ça n'est pas obligatoirement le cas. On se prépare plus à l'entraînement qu'avec le nombre de compétitions que vous faites. Pogacar, il n'a pas couru depuis je ne sais pas combien de temps (fin avril,et Liège-Bastogne-Liège, ndlr). Evenepoel aussi (Tour de Romandie, début mai). Donc là, on est face à des coureurs qui sortent de blocs de travail. Vingegaard, on ne sait même plus s'il a couru d'ailleurs depuis le début de l'année (son abandon sur Paris-Nice, ndlr).
Ils vont être dans l'obligation soit de masquer, soit de bluffer, mais de bluffer en faisant croire qu'ils sont plus forts qu'ils ne le sont. Je pense, si on prend le tempérament de Pogacar, qui est quand même un coureur qui veut gagner, s'il a décidé (et qu'il a les jambes) de passer à l'offensive dans les étapes de col, là, on aura une vision un peu plus claire que celle qu'on a aujourd'hui. S'il ne bouge pas, qu'il reste en dedans et qu'il attend, pour moi, ça ne voudrait rien dire.
Pour toi, il n'y a pas d'avantage psychologique qui peut être pris sur cette course-là, avec un Pogacar qui pourrait marquer au fer rouge Vingegaard et Evenepoel ?
Non, ce n'est pas parce que vous avez gagné le Dauphiné devant Vingegaard, ou si Evenepoel gagne le Dauphiné devant Vingegaard et Pogacar, ça ne veut pas dire qu'il gagnera le Tour. On aura des indices quand même, mais il faut surtout regarder autour, pas au milieu.
Entre les équipes aussi, entre Visma et UAE, on va commencer à se jauger un petit peu également.
Oui, si on prend par exemple Evenepoel, il a perdu Mikel Landa. Mais on peut encore en perdre d'autres d'ici le départ et l'arrivée. Souvent, en début de saison, on nous dit qu'en présentation du Tour, il y a un tel, un tel, un tel, ils vont être sur le Tour... Non, il y a entre 30 et 50% des coureurs qui sont les favoris potentiels ou ceux qui doivent agir sur la course, qui ne sont pas au départ parce qu'ils sont soit malades, soit en rééducation. Donc, qui on aura exactement au départ du Tour, on n'en sait rien. On pensait une grande saison d'Evenepoel, et puis à l'entraînement, il s'est pris une portière de voiture. Bon, il est revenu sur Liège, mais on a vu qu'il n'était pas encore dans le coup. De toute façon, c'est bien qu'on ne puisse pas dire ce qui va se passer.
"Lenny Martinez ? Il va marcher sur le Dauphiné, avec l'envie d'aller chercher la gagne"
C'est ce qui fait le sel aussi de la course, mais on a quand même hâte de voir ces premiers affrontements. Et puis, tu l'as dit toi-même, on ne connaît pas leur niveau en sortie de stage, est-ce qu'ils vont être à leur plein potentiel ou pas, mais on a du coup des outsiders comme un certain Lenny Martinez qui pourrait peut-être arriver en grande forme sur ce Dauphiné et surprendre avec un podium, voire plus peut-être, non ?
Oui, et je pense qu'il va marcher. Parce que je pense qu'il l'a dans la tête, parce que pour lui, c'est son Grand Tour cette année. C'est une épreuve française qu'il connaît bien et où les Martinez ont déjà marqué de leur empreinte. Donc, je pense qu'il va arriver au départ en très bonne condition et avec l'envie d'aller chercher la gagne. Ça, c'est évident.
Et pour lui, s'il bat les grands favoris, il deviendra un des coureurs sur lesquels il faudra compter à l'avenir.
À l'avenir proche, sur le Tour de France 2025 déjà peut-être ?
Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de le mettre...
"Romain Bardet... un coureur qui aura marqué son époque et qui a encore beaucoup de choses à apporter au cyclisme, s'il veut y rester"
On va finir sur un petit mot, peut-être sur les adieux de Romain Bardet. On a eu la "der" de Romain Bardet sur le Giro, sur un Grand Tour. On a désormais l'ultime "der" de Romain Bardet sur une course. Qu'est-ce que tu penses, toi, de sa décision d'arrêter comme ça en plein milieu d'année, sur un peu sa course proche de chez lui ? Est-ce qu'il peut faire une sortie à la hauteur de sa carrière ?
Alors, d'arrêter soit après le Tour de France, soit après le Tour d'Italie, soit après le Tour des Flandres, c'est devenu une mode. Il y a nombre de coureurs qui arrêtent en milieu de saison, en accord avec leurs employeurs, avec leur équipe. Vraisemblablement que ça a été décidé avec un avenant au contrat. Je le répète, c'est devenu une mode. Avant, jamais on ne sera arrêté, sauf accident. Mais sur le plan médiatique, effectivement, il y a un plus. C'est-à-dire que vous le faites dans un cadre bien précis où ça va devenir un événement. Et pour Romain Bardet, en plus, les Alpes il connaît bien. Le Dauphiné, c'est dans les Alpes. C'est donc non pas sa région de naissance, mais d'adoption, donc il va avoir envie de briller. Et c'est très bien.
Sur le Tour d'Italie, c'est dommage que, comme sur le dernier Tour de France, il ne va pas chercher une gagne d'étape. C'est un coureur qui aura marqué son époque, au travers de sa personnalité, de son charisme, de sa façon aussi d'analyser les choses, les événements. Avec quelquefois, sans langue de bois, un homme intéressant qui a encore beaucoup de choses, je pense, à apporter au cyclisme s'il veut y rester. Mais je lui souhaite un bon Dauphiné et il peut être fier de sa carrière.