INTERVIEW - Christian Prudhomme : «Paris-Nice... c’est un mini Tour de France...»

Par Esteban DA COSTA le 17/12/2025 à 15:48

INTERVIEW - Christian Prudhomme : «Paris-Nice... c’est un mini Tour de France...»
INTERVIEW
Photo : @Cyclismactu / CyclismActu.net

Ce mercredi 17 décembre a eu lieu la tant attendue présentation officielle du parcours de Paris-Nice 2026. Christian Prudhomme a tenu un discours avant de dévoiler les huit étapes qui attendront les coureurs du 8 au 15 mars 2026. Au programme : un parcours très musclé, surtout dans sa deuxième moitié, passant par l’Ardèche, le Gard, le Vaucluse ou encore les Alpes-Maritimes, avec une arrivée finale inédite au stade d’un club de football actuellement peu en forme, à l’Allianz Riviera de Nice. Peu après cette présentation, Christian Prudhomme s’est confié au micro de Cyclism’Actu sur le parcours de cette 84e édition de la Course au Soleil.

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"Sportivement, l'arrivée au stade ne devrait rien changer"

Christian, ce Paris-Nice 2026, c’est de la continuité, avec quand même une petite nouveauté pour le dimanche, une modification du cadre liée aux élections municipales ?

Paris-Nice, c’est une sorte de mini Tour de France. Du premier au dernier jour, il y a du suspense possible, tous les types de terrains. Dès la vallée de Chevreuse jusqu’aux environs de Nice, il y a a priori des bordures, du vent — souvent le lundi — et dans le Loiret, on verra ça sur la route de Montargis. Il y a le contre-la-montre par équipes avec le temps pris sur le premier coureur, instauré sur Paris-Nice il y a quelques années, et qui sera le règlement du Tour de France à Barcelone pour le Grand Départ au mois de juillet.

Et puis on a beaucoup d’étapes pour puncheurs et pour les favoris du classement général. Je pense à Huchon, le signal d’Huchon, qui est très raide, et qui sera une arrivée d’étape en Saône-et-Loire. Je pense aussi à l’étape de l’Ardèche, à l’étape du Vaucluse autour d’Apt, qui est également une étape faite pour les puncheurs. Et puis le dernier week-end, où tout est toujours possible, avec effectivement une modification du parcours le dimanche, puisque ce sera le premier tour des élections municipales. Nous n’arriverons pas sur la Promenade des Anglais mais près du stade. Sportivement, ça ne devrait rien changer, puisqu’il y aura des difficultés tout au long d’une étape qui est toujours hyper concentrée et où le maillot jaune ne tient souvent qu’à un fil.

 

L’arrivée sera devant le stade, c’est ça ?

L’arrivée sera devant le stade, oui. Il y aura un départ le samedi matin, avant-dernière étape, depuis la Promenade des Anglais. Ensuite, pour une évidence de disponibilité et d’accessibilité aux bureaux de vote, nous serons un peu plus loin. Mais sportivement, ça ne va en effet rien changer puisqu’il y a de nombreuses difficultés, dont une côte inédite à un peu moins de 20 km de l’arrivée, avec près de 3 km à quasiment 9 %, où tout est encore possible. On sait qu’aujourd’hui les coureurs n’ont plus peur d’attaquer assez loin de l’arrivée, et pas seulement Pogacar. Dès lors qu’il y a des pentes raides, on peut avoir de vraies différences, et il y aura encore l’occasion, sur la dernière étape — la boucle autour de Nice — de, pourquoi pas, bouleverser le classement général.

 

Le contre-la-montre par équipes, c’était un passage obligé avant le Tour de France. C’est la quatrième année, je crois ? Vous allez le mettre aussi sur le Dauphiné (rires) ?

Paris-Nice est non seulement la première grande course par étapes de la saison, mais c’est aussi une épreuve qui permet d’innover. Je vous avoue ma joie et ma surprise lorsque, à l’époque, François Lemarchand et Yannick Talabardon nous avaient dit qu’il y avait quelque chose qui ressemblait à une faille dans le règlement : on peut très bien faire un contre-la-montre par équipes en prenant simplement le temps du premier. Et ça correspond exactement à ce qu’est le cyclisme : une course individuelle qui se court par équipes. Suivant les équipes, il faut choisir celui pour qui on roule, pour gagner l’étape ou pour le classement général. Ça a toujours donné lieu à de grandes bagarres. Cette année, ça aura peut-être encore plus d’importance puisque, après ce chrono par équipes sur Paris-Nice, il y aura celui du Tour de France à Barcelone, avec une arrivée à Montjuïc et avec ce même système.  Donc la certitude d’avoir les favoris du classement général au premier rang et de ne pas avoir le handicap d’avoir forcément cinq coureurs de la même équipe aux cinq premières places du classement général.

 

L'interview de Yannick Talabardon...

 

"Sur Paris-Nice, tout est possible"

Mais les collectifs ne seront pas forcément les mêmes. La formation alignée sur Paris-Nice ne sera pas la même ?

Non, bien sûr que non. Mais on voit par exemple l’équipe Lidl-Trek, qui est un très fort collectif, avec Ayuso qui vient de rejoindre la formation, avec Skjelmose, avec Mads Pedersen. Une équipe qui, à mon sens, dans sa composition, indique déjà qu’elle ne se prépare pas au Tour de France.

 

Les monstres ne sont pas là. C’est peut-être l’occasion pour un Français de devenir le successeur de Christophe Moreau ?

Oui, alors je pensais que tu allais remonter encore plus loin, Jacques, et remonter à Laurent Jalabert et son triplé sur Paris-Nice en 1995, 1996 et 1997. Pourquoi pas. Il y a une très forte délégation française avec Kévin Vauquelin, le meilleur Français du dernier Tour, qui avait gagné une étape très accidentée à Bologne sur le Tour de France 2024. Il y a Lenny Martinez, vainqueur d’étape l’an passé, le puncheur. Il y a Valentin Paret-Peintre, l’autre triomphateur du Ventoux. Il y a Benoît Cosnefroy, comme puncheur, dans sa nouvelle équipe UAE. Il y a Gaudu, qui avait fait deuxième de Paris-Nice et qui avait été brillant il y a trois ans. Donc ça nous donne beaucoup de possibilités. On verra ce que ça donnera, sachant qu’il faudra quand même battre Yates, il faudra quand même battre Ayuso, il faudra quand même battre Almeida. Et puis ceux qui n’ont pas encore annoncé qu’ils seraient au départ de Paris-Nice, mais qui y seront.

 

Vous parlez du Tour de France. Il y a encore un Français qui n’est pas là sur Paris-Nice, mais qui peut-être sera là, en tout cas on l’espère, parce que vous espérez aussi que Paul Seixas soit sur le Tour ?

C’est encore insuffisant. Son équipe décidera, je l’ai déjà dit. Je ne serai pas malheureux si Paul Seixas n’est pas au départ du Tour de France. Rappelez-moi donc son âge...

 

Qu’est-ce que Paris-Nice a de différent des autres courses ?

Sur Paris-Nice, tout est possible et toutes les situations de course se produisent chaque année. La météo : sur Paris-Nice, vous avez à la fois du soleil, de la pluie, du vent, parfois même de la neige ou de la neige fondue, comme l’an passé à l’arrivée à Auron. Vous avez des étapes avec du vent, des étapes faites pour les sprinteurs, des étapes de moyenne montagne, des étapes pour puncheurs, des étapes de montagne et un contre-la-montre par équipes. C’est-à-dire qu’en huit jours, vous avez tout. Le vainqueur final de Paris-Nice ne sera pas nécessairement un jour vainqueur du Tour de France, mais quand vous gagnez Paris-Nice, incontestablement, vous montez en gamme.

Depuis que nous partons du département des Yvelines, depuis une quinzaine d’années maintenant, on a réussi à créer une première étape de Paris-Nice qui est un vrai lancement, une étape toujours indécise, même si elle se termine parfois au sprint, comme ces dernières années. Mais on voit les favoris du classement général devant, et ça, pour nous, c’est très important. Dans la première étape de mars 2026, le fait de passer notamment par la côte de Chanteloup-les-Vignes, à deux reprises, et à une douzaine de kilomètres de l’arrivée, fait qu’il y aura immanquablement, sur des pentes très raides, les favoris du classement général qui vont se montrer. Donc je ne crois pas tellement à une arrivée au sprint pour la première étape, parce que je pense que la côte de Chanteloup est trop rude pour que les favoris arrivent ensemble. Et pour les sprinteurs ? Je pense aussi que parmi les sprinteurs, il y a une telle différence entre Tim Merlier, par exemple le meilleur sprinteur du monde, et Mads Pedersen, qui passe mieux les bosses, que l’équipe de Pedersen aimerait bien un sprint pas tout à fait massif pour que son champion puisse gagner. Mais je crois que les favoris du classement général seront là dès le premier jour, comme ils l’ont été ces toutes dernières années.

 

Jonas Vingegaard ne revient pas. On sait comment ça s’est passé pour lui l’an dernier. Il laisse la possibilité ouverte qu’il revienne en France ?

Non, non, il n’a absolument pas dit ça. Il a dit qu’étant donné qu’il a gagné le Tour d’Espagne et le Tour de France, il aimerait bien gagner le Tour d’Italie. Il n’a pas du tout dit qu’il ne serait pas au départ du Tour de France. C’est une extrapolation que vous faites. Je ne pense pas l’avoir lu ou entendu.

Auron, ce sera la deuxième fois. Ce qui est surtout important dans ce que j’appelle parfois le squelette de Paris-Nice, c’est que, si vous regardez l’évolution de toutes les courses par étapes — et Paris-Nice n’y fait pas exception — il y a la volonté, depuis de longues années maintenant, d’aller chercher de nouvelles difficultés et de truffer le parcours de difficultés. C’est-à-dire que chaque étape puisse apporter quelque chose de différent. Le signal d’Uchon, que nous avions mis sur le Tour de France en 2021, très raide dans sa partie finale, sera au parcours. Mais il y aura aussi le final en Ardèche. Il y aura aussi Apt, comme le disait Yannick Talabardon, qui a tracé le parcours avec un final façon Milan-San Remo, plus le week-end final. Il peut se passer quelque chose tous les jours. Et pour les sprinteurs — et pourtant, on a un sacré brelan de sprinteurs au départ de Paris-Nice avec Merlier, avec Kooij, avec Pedersen — il va falloir aller chercher les victoires.

L’avantage de Pedersen par rapport aux autres, c’est qu’il est capable de gagner sur plusieurs terrains, de plusieurs manières. On l’a vu l’an passé : il initiait des bordures, il triomphait dans des groupes plus restreints, etc. Donc je pense que lui jouera un rôle important, d’autant plus dans cette nouvelle équipe Lidl-Trek. Il y a une formation très solide qui, je l’espère, viendra jouer avec les équipes les plus fortes de ces dernières années, à savoir UAE et Visma | Lease a Bike.

 

Justement, c’est la reprise. Toutes les équipes sont en stage en Espagne. Les coureurs font les interviews. Comment voit-on cette année 2026 du côté du patron du Tour ?

Une ultra-domination de Pogacar ? L’avènement de jeunes Français comme Paul Magnier ? On ne peut vraiment pas savoir. Si la domination de Pogacar se confirme encore un peu plus qu’en 2025, je n’ai personnellement rien contre. Mais avec nos jeunes Français, il faut faire attention. On a de vrais talents : Paul Seixas, Paul Magnier. Paul Magnier, en dehors de Pogacar, est le coureur qui a le plus gagné l’an dernier, avec une pointe de vitesse redoutable. Paul Seixas, nous savons tous quels sont les rêves des uns et des autres. Maintenant, il faut les laisser grandir et faire confiance à leurs équipes pour les amener un jour au départ du Tour de France dans les meilleures conditions possibles.

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