Tour de France - Christian Prudhomme : «Montmartre... j'ai hâte de voir»
En marge de la 18e étape du Tour de France, le directeur du Tour Christian Prudhomme a accordé ce jeudi 24 juillet une interview à Cyclism'Actu. Le patron de la Grande Boucle depuis 2007 (soit 18 ans déjà à la tête de la plus grande course cycliste du monde) s'est livré avec sa bonne humeur et son sourire que tout le monde connait. Il est bien sûr revenu sur ces plus de deux semaines de compétition ainsi que sur le copieux menu qui arrive, les performances des Français, la ferveur sur le bord des routes... mais aussi sur le Tour de France Femmes, qui doit débuter ce samedi 26 juillet à Vannes avec une certaine Pauline Ferrand-Prévot en tête d'affiche tricolore...
Vidéo - Christian Prudhomme au micro de Cyclism'Actu
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"Ce que je retiens ? On oublie, chaque année mais..."
Ca fait 18 ans que vous êtes patron du Tour, qu'est-ce que vous retenez depuis le début du Tour ?
Ce que je retiens, c'est beaucoup de ferveur, beaucoup de passion, énormément de monde. On oublie, chaque année, qu'il y a énormément de monde sur les routes du Tour, du départ dans le Nord, la Normandie, si heureuse de revoir le Tour, la Bretagne... partout il y avait énormément de monde, beaucoup de jeunes et des audiences à la télévision qui correspondent au monde qu'il y a au bord des routes, c'est à dire tout à fait remarquables. Je retiens ça et bien entendu, d'un point de vue sportif, la domination très forte de Tadej Pogacar et la volonté de Vingegaard de tenter de se battre encore.
A propos de Pogacar et de son équipe, beaucoup disent qu'ils sont arrogants, qu'en pense le patron du Tour ?
Je ne vais pas rentrer dans ce genre de débats.
"Le Col de la Loze... c'est le col du XXIe siècle"
Le Col de la Loze, cette étape... La plus exigeante de ce Tour ?
Quand on a inscrit le Col de la Loze pour la première fois, j'ai dit "c'est le col du XXIe siècle" parce qu'il y a des ruptures de pentes incroyables. Cette fois-ci, on va monter complètement du côté Courchevel, jusqu'à présent c'était essentiellement par le côté Meribel, qui est plus dur, mais 5500 m de dénivelé pour l'étape, ça va être un grand moment, une grande bagarre. On verra si la domination de Pogacar est toujours la même ou s'il y a un rééquilibrage aevc Vingegaard.
Thomas Voeckler nous disait hier que le Tour des Français était réussi depuis la victoire de Valentin Paret-Peintre au Mont Ventoux, vous êtes d'accord avec ça ?
On craignait de ne pas avoir de victoires d'étapes et on l'a eue quasiment le plus beau jour. La victoire de Valentin Paret-Peintre au Ventoux, elle est formidable. Mais je veux aussi tirer un grand coup de chapeau à Kevin Vauquelin, qui est ce matin encore, 6e au classement général, qui a fait deux premières semaines magnifiques, et Lenny Martinez va peut-être aller nous chercher un maillot à pois, ça va se jouer beaucoup aujourd'hui et demain, sur les premiers cols. On sait qu'on est dans une génération de transition avec Thibaut Pinot et Romain Bardet qui sont partis, Julian Alaphilippe qui fait le lien mais il y a beaucoup de nouveaux et jeunes coureurs, qui vont briller demain mais qui nous donnent déjà beaucoup de satisfaction aujourd'hui.
"Si Paul Seixas n'est pas au départ du Tour 2026, je n'en voudrais à personne. Il faut le laisser grandir"
On annonce en plus en 2026 la présence de Paul Seixas, qu'est-ce que ça vous inspire ?
Cela on verra, Paul Seixas est assurément une pépite, maintenant il faut faire très attention de ne pas l'abîmer, il faut le laisser grandir. S'il n'est pas au départ du Tour 2026, je n'en voudrais à personne.
S'il y a une image que vous retenez depuis le début de ce Tour, ce serait laquelle ?
Ce sont des images de ferveur, les yeux des gamins. Il n'y a jamais eu autant de jeunes qui regardent le Tour que cette année, depuis qu'on fait ce genre d'études, donc depuis 2006. Et ca se voit, ca se sent sur le bord de la route, y compris dans les demandes de selfies qu'on peut me faire. Avant un jeune me demandait pour son grand-père, sa grand-mère, maintenant c'est pour eux.
Dimanche il y a Montmartre, on se souvient tous des images de Paris 2024, on se demande tous ce que ça va donner.
Il y a un monde fou sur le Tour depuis le début, donc je suis curieux de voir ce que ça va donner à Paris. Les Champs-Elysées c'est magnifique, on va célébrer les 50 ans de la première arrivée sur les Champs, mais la foule, on ne la voit pas sur les Champs, elle est sous les arbres. A Montmartre, on devrait avoir l'effet de masse.
"Pauline Ferrand-Prévot a tous les dons... Je pense toujours que le prochain français vainqueur du Tour sera une française"
Ce week-end commence le Tour de France Femmes avec Zwift, il ne faut pas l'oublier.
Marion Rousse va partir dès vendredi soir pour être à Vannes pour la première étape, c'est une épreuve qui a gagné deux jours par rapport à l'an passé, qui va aller de la Bretagne à la Haute Savoie. Une épreuve très sélective qui fait grandir le cyclisme féminin mais qui est bénéfique aussi pour le Tour tout court, on va chercher d'autres personnes, des femmes mais pas seulement. Il y aussi une cyclosportive qui est lancée dans huit jours sur le Tour Femmes. Le développement de la pratique est évidemment très important, des femmes mais plus largement des amoureux du Tour. Ce qui m'a plu dès le départ avec le Tour de France Femmes, c'est que c'est le même public familial, les mêmes sourires et ça, ça fait du bien.
Avec une chance pour une Française, qu'est-ce que vous en pensez ?
Ce serait extraordinaire qu'une française puisse gagner. Pauline Ferrand-Prévot elle a tous les dons, on ne l'imaginait pas gagner Paris-Roubaix comme ça et elle l'a gagné. Elle a le Tour de France en objectif mais il y a d'autres françaises de qualité : Evita Muzic, Juliette Labous... et en attendant les plus jeunes encore. Je pense toujours que le prochain français vainqueur du Tour sera une française.

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