Route/Bilan - La formation INEOS Grenadiers au niveau sans Egan Bernal ?

Par Jules DERENNE le 19/12/2022 à 13:30

Photo : Sirotti

L’image a marqué les esprits en ce début d’année. À terre à côté de son vélo plié en deux après avoir percuté violemment l’arrière d’un bus, Egan Bernal est passé tout près du pire au mois de janvier alors qu’il s’entraînait sur ses routes avec ses équipiers. Le Colombien, sérieusement blessé, a mis plus de huit de mois à se remettre et à revenir dans les pelotons. Son absence a engendré une réorganisation pour sa formation INEOS Grenadiers qui misait sur lui pour le Tour de France. À l’heure de faire les comptes, l’équipe britannique n’a pas pu poursuivre sa remarquable série de gagner un Grand Tour par saison depuis 2015. De cette statistique, peut-on parler d’une fin d’hégémonie pour l’ex-Sky qui a dominé le peloton entre 2010 et 2020 ? Désormais concurrencée en montagne et en manque de jeunes leaders, la formation conduite depuis sa fondation par Dave Brailsford a fait beaucoup de changements à l’intersaison.

Vidéo - Bernal a été victime d'une lourde chute en début d'année

 

Une force collective dominée par Jumbo-Visma et UAE Team Emirates

Avec 38 succès glanés cette saison, INEOS Grenadiers reste dans les standards des saisons passées (40 victoires en 2021, 20 en 2019, 43 en 2018). La formation britannique qui occupe la troisième place du classement de l’Union cycliste internationale (UCI) a brillé sur tous les types de course : classiques, courses par étapes et Grand Tour (quatre étapes, deux podiums).  

Les chiffres illustrent la force de la WorldTour à gagner sur tous les profils et à cibler ses objectifs. Toutefois, sur le terrain, les maillots grenade ont été moins à leur avantage. Le fait à une concurrence de plus en plus forte ces deux dernières années avec le Team Jumbo-Visma et UAE Team Emirates. Sur les étapes de haute montagne au Tour de France et à La Vuelta, la force du nombre déployée par INEOS Grenadiers n’a pas permis de déstabiliser Jonas Vingegaard (Team Jumbo-Visma), Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) et Remco Evenepoel (Quick Step-Alpha Vinyl). Elle a plutôt subi, chose que l’on n’était pas habitué à observer pendant les années Froome.


Les leaders : Carapaz tient son rang, Geraint Thomas orgueilleux, la déception pour Adam Yates

Du côté des individualités, le bilan est également contrasté chez les leaders des classements généraux. Ils étaient plusieurs à suppléer l’absence d’Egan Bernal sur les Grands Tours. Richard Carapaz s’en est plutôt bien sorti. L’Equatorien de 29 ans visait cette année un deuxième Tour d’Italie après avoir créé la surprise en 2019. Sans être dominateur, le grimpeur a pris le pouvoir en fin de deuxième semaine avant de cèder son maillot rose sur les pentes de Marmolada la veille de l’arrivée à Jay Hindley (BORA-Hansgrohe). "Le plus fort a gagné", reconnaissait-il. De retour à La Vuelta, le champion olympique perd toute ambition au général dès la première explication en montagne. Visiblement en froid avec sa direction, le futur coureur EF Education-EasyPost se reconcentre en seconde partie de course. Il gagne trois étapes et le maillot de meilleur grimpeur. Un beau cadeau d’adieu pour conclure ses trois années chez INEOS Grenadiers

"J’ai eu l’impression d’être réduit à des chiffres sur une feuille de calcul." Le début d’année n’a pas été paisible dans l’esprit de Geraint Thomas. Véritable pilier de la stratégie pendant les succès de Chris Froome, le Gallois s’est senti mis sur la touche par la direction. Touché dans son orgueil, a prouvé tout le contraire en montant sur le podium (3e) du Tour de France 2022. Sa préparation a été idéale avec le général glané au Tour de Suisse. Sur la Grande boucle, le vainqueur de l’édition 2018 a été le meilleur des "autres", derrière le duel Vingegaard - Pogacar. À l’expérience, il a géré en haute montagne et a assuré sa place sur le podium sur le contre-la-montre de Rocamadour (20e étape). "J’ai réalisé l’un de mes meilleurs numéros, confiait-il. J’ai réussi à revenir et j’ai prouvé que les sceptiques avaient tort." L’édition 2022 a été peut-être la dernière pour celui qui sera en fin de contrat la saison prochaine.

Enfin, la deuxième saison d’Adam Yates n’est pas repartie sur les mêmes bases que la première. Le Britannique, quatrième de La Vuelta 2021, a manqué son rendez-vous avec La Grande boucle (10e du général). Le coureur de 30 ans a sauvé son exercice en remportant le Tour d’Allemagne avant de mettre fin à sa collaboration. Un bilan assez maigre pour celui qui se présentait comme un leader de la maison britannique capable de jouer un Grand Tour.

 

Dylan van Baarle tient son Monument

Sa carrière a basculé le 17 avril 2022. Dylan van Baarle se présentait ce jour-là seul sur la piste du vélodrome de Paris-Roubaix pour décrocher son premier Monument. La consécration pour le Néerlandais de 30 ans qui a attendu huit saisons pour briller dans les classiques flandriennes. Chez INEOS GrenadiersVan Baarle a franchi un cap en étant à la fois un équipier de luxe en montagne et un leader enfin trouvé par la WorldTour sur les classiques pavés. Deuxième du Tour des Flandres, vainqueur de l’Enfer du Nord… Le départ du coureur néerlandais vers le Team Jumbo-Visma va manquer dans l’effectif britannique des classiques printanières. Les spécialistes comme Ben Turner et Jhonathan Navarez ont été discrets sur l'exercice flandrien.


Eythan Hayter, Tom Pidcock, Carlos Rodriguez... Les étoiles montantes

Dans la galaxie des talents du cyclisme international, INEOS Grenadiers a son mot à dire avec ses étoiles montantes. À commencer par Tom Pidcock. Sacré champion du monde de cyclo-cross en début d’année, le Britannique a réalisé une bonne saison sur la route. Après un printemps perturbé par des soucis de santé, le coureur de 23 ans a remis la machine en route sur le VTT en remportant deux manches de Coupe du monde. L’acrobate sur le vélo a éclaboussé de tout son talent lors de la 12e étape du Tour de France. Auteur d’une remarquable descente dans le col du Galibier - passant la barre des 100 km/h -,  Pidcock vit la "plus belle expérience de [s]a vie" en s’imposant au sommet de l’Alpe d’Huez. Vttétiste, cyclo-crosman, grimpeur, puncheur… INEOS tient son 4x4 pour les prochaines années.

Ethan Hayter a lui aussi des qualités autant en route que sur la piste. Le double médaillé d’or sur les derniers Mondiaux sur piste à Saint-Quentin-en-Yvelines est celui qui a plus scoré dans son équipe cette saison avec Filippo Ganna (6 victoires). Le sprinteur s’est imposé au Tour de Romandie, au Tour de Norvège et au Tour de Pologne. Il a également disputé son premier Grand Tour de sa carrière à l’occasion de La Vuelta. Bon en contre-la-montre et capable de bien passer les côtes, le coureur de 24 ans présente un profil complet pour les prochaines saisons.

Septième de son premier Grand Tour à domicile, Carlos Rodriguez a été la belle surprise de la fin de saison. Le champion d'Espagne qui incarne, avec Juan Ayuso (UAE-Team Emirates), la nouvelle génération espagnole en montagne, a pris de la stature au fil de la dernière Vuelta. À 21 ans, le grimpeur a terminé dans le top 5 la plupart des petites courses d'une semaine (Communauté de Valence, Andalousie, Occitanie, Burgos). À l'entame de sa quatrième saison chez INEOS, Rodriguez a de quoi nourir de belles ambitions pour être le seul leader de son équipe. 

 

Des départs en cascade, un nouveau cycle en 2023

Difficile de placer le curseur vers le vert ou le jaune pour INEOS Grenadiers à l’issue de cet exercice 2022. L’absence du patron Egan Bernal est à prendre en compte et a rabaissé les objectifs fixés par le board entourant Dave Brailsford. Si l’année a été riche en résultats, une tendance de fond s’épaissit depuis le départ de Chris Froome en 2020. Celle d’une équipe qui a perdu sa place de leadership face à la concurrence dotée d’un Tadej Pogacar et Remco Evenepoel. S'inscrivant dans la stabilité depuis des années, la machine à gagner INEOS a opéré à beaucoup changements pendant cette intersaison afin d'entamer un nouveau cycle. À commencer par les départs en cascade de cadres comme Adam Yates (UAE-Team Emirates), Richard Carapaz (EF-Education EasyPost) et Dylan van Baarle (Team Jumbo-Visma). En interne, trois directeurs sportifs historiques (Servais KnavenGabriel Rasch et Brett Lancaster) ont fait leurs valises.

Alors, qu'attendre d'INEOS Grenadiers en 2023 ? Dans les transferts, la WorldTour renforce son vivier de jeunes talents avec l’arrivée de Thymen Arensman (Team DSM) et le passage au rang professionnel de Leo Hayter et Joshua Tarling. "C’est le meilleur endroit pour apprendre et se développer avec les coureurs les plus expérimentés du peloton", a confié ce dernier recemment. Mais beaucoup d'incertitudes demeurent quant au retour au premier rang de Bernal. Le Colombien est engagé dans une course contre-la-montre pour être prêt pour le prochain Tour de France. Au vu des chronos programmés, Geraint Thomas devrait se concentrer sur le Tour d'Italie, épreuve qui ne lui a jamais sourit. La relève est là mais sera-t-elle à la hauteur des grandes rendez-vous de la saison prochaine ? Carlos Rodriguez et Pavel Sivakov ont encore des marges de progression pour être leader d'une course de trois semaines tandis que Tom Pidcock ne pense pas encore jouer les généraux.

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