Tour de France - Cyrille Guimard : «Démare n'est pas un vrai sprinteur»

"Si vous avez peur, c'est là que vous allez à la chute"

Cyrille Guimard, de pair avec le journaliste Christophe Céssieux, est d'abord revenu sur le retour des enfers du jeune Fabio Jakobsen, victime d'une terrible chute sur le Tour de Pologne 2020, après avoir été poussé dans les barrières par son compatriote Dylan Groenewegen (Team BikeExchange-Jayco), d'ailleurs vainqueur dimanche. Plongé dans un comas artificiel, défiguré, le Hollandais avait finalement effectué un brillant retour huit mois plus tard, n'hésitant pas à frotter comme il le faut dans les sprints massifs : il avait finalement décroché trois victoires d'étapes et le maillot à points du Tour d'Espagne 2021.

"Les sprinteurs sont parfaitement conscients, c'est pour ça qu'ils ne tombent pas. Ce sont des personnages à part sur le plan hormonal et psychologique", a notamment expliqué Cyrille Guimard. Le pédagogue, friand d'explications scientifico-scientifiques, a ensuite rajouté, plus simplement  : "Si vous avez peur, c'est là que vous allez à la chute". La peur serait justement un sentiment que "les vrais sprinteurs" arrivent à surpasser, dans la frénésie du "dernier kilomètre" qui leur ferait presque oublier jusqu'à leur propre famille pendant quelques instants, a plaisanté à demi le Druide.

🎙 🇳🇱 @FabioJakobsen

"Je suis content de pouvoir encore prendre du plaisir sur le vélo. C'est "incroyable" comme on dirait en français. Je voudrais remercier tous les Danois de nous avoir encouragés !"#TDF2022 pic.twitter.com/P9JRsp87LJ

— Tour de France™ (@LeTour) July 2, 2022

"Démare n'a pas cette adrénaline que peut avoir Jakobsen"

L'inévitable comparaison entre Jakobsen et Laurent Jalabert, reconverti après une grave chute là où le coureur néerlandais a immédiatement retrouvé le sommet du sprint mondial, a permis à Cyrille Guimard de glisser un mot pour son compatriote, à propos des années lors desquelles Jaja faisait partie des grosses cuisses du peloton : "Jalabert était plus baroudeur que véritablement sprinteur, mais il avait tellement de classe qu'il arrivait sur les courses difficiles à battre les sprinteurs". Un point de vue qui suppose une nouvelle conceptualisation du sprinteur, pour laquelle le Druide a aussitôt trouvé une maxime : "Si le guidon passe, le reste passe" : une philosophie de casse-cou, autant que de vainqueur.

Autre comparaison invévitable : le gratin du sprint mondial face au gratin du sprint français, représenté au mieux ces dernières années par Nacer Bouhanni (Arkea-Samsic), triple vainqueur sur le Tour d'Italie 2014, et plus encore Arnaud Démare (Groupama-FDJ). Encore auréolé de ses trois étapes et maillot cyclamen sur le récent Tour d'Italie, celui-ci a été décrit de manière surprenante par Cyrille Guimard, comme "un coureur qui va très vite mais pas un vrai sprinteur". Pour cause, la récurrence de ses freinages en pleins sprints massif, qui l'empêchent parfois de jouer la victoire finale. Là où d'autres arrivent plus facilement à mettre leur peur en sourdine sur les derniers hectomètres d'une course, le Druide a affirmé que Démare n'avait pas "cette adrénaline que peut avoir Jakobsen", même s'il admet volontiers que le Français "peut être aussi rapide que tous les autres".

The Wolfpack is on a roll at the #TDF2022 😃 pic.twitter.com/LW7fHnXfHE

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