INTERVIEW - Elisabeth Chevanne : «Ferrand-Prévot sur le Tour des Pyrénées...»
Interviewée par Cyclism’Actu lors de la cérémonie de remerciement du Tour Féminin International des Pyrénées, Élisabeth Chevanne revient sur une édition 2025 charnière. Entre passage en ProSeries, ambitions renforcées pour 2026 et incertitudes liées aux élections municipales, la directrice de l’épreuve dévoile les coulisses d’une course en pleine ascension, portée par l’élan irrésistible du cyclisme féminin.
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"La deuxième plus grande course par étapes en France après le Tour de France "
Bonjour Elisabeth, comment allez-vous et comment s'est déroulée l'édition 2025 du Tour Féminin International des Pyrénées ?
Ça va très bien. J'ai déjà redémarré le travail pour préparer le Tour Féminin des Pyrénées 2026 avec toute mon équipe depuis deux ou trois mois. C'est une année un peu compliquée avec les municipales qui arrivent en mars, donc on marche un peu sur des œufs. Mais il y a eu de très bonnes choses validées par l'UCI, notamment notre passage en ProSeries. L'épreuve aura lieu du 12 au 14 juin et devient ainsi la deuxième plus grande course par étapes en France après le Tour de France Femmes. Nous ne serons plus non plus en concurrence avec le Tour de Suisse, ce qui va nous permettre d'attirer davantage d'équipes WorldTour. D'ailleurs, j'ai déjà reçu des demandes d'invitations spontanées, avant même d'avoir envoyé les miennes, ce qui est très positif.
Ce passage en ProSeries, comment s'est-il fait ? Était-ce un objectif de longue date de monter d'un niveau ?
Oui, c'était une volonté, mais cela se fait étape par étape. Les premières années, je peux vous avouer que je ne savais pas organiser une course. J'ai appris sur le terrain, je suis autodidacte. J'ai étudié ce qu'il fallait faire, ce qu'il fallait éviter, les axes d'amélioration. Notre épreuve a toujours été diffusée à la télévision — France TV, France 3 Nouvelle-Aquitaine, HBO Max, Discovery Plus, auparavant L'Équipe — avec une heure et demie de direct par jour. Cette exposition internationale a compté dans la validation de notre passage en ProSeries. Mais pas seulement : il y a aussi la sécurité, le nombre de participantes, et la bonne santé générale de l'épreuve.
Avec ce nouveau statut, restez-vous sur un format de trois jours ?
Pour l'instant, oui. J'aimerais augmenter d'une étape dans les prochaines années, mais on avance progressivement. Cette année est particulière avec les municipales, ce qui complique l'organisation. Si nous arrivons à maintenir trois étapes en 2026, ce sera déjà très bien. On verra en 2027 : cette croissance me permet de rencontrer beaucoup de monde.
Vous évoquiez des difficultés avec les collectivités. Est-ce plus compliqué que d'habitude d'obtenir des villes-étapes ?
Oui, parce que les élus ne savent pas s'ils seront réélus. Certains ne se représentent pas, d'autres ont plusieurs listes en face, et ils hésitent à engager leurs successeurs. C'est compliqué. En revanche, côté partenaires privés, aucun souci : ils ont tous reconduit leur engagement. Mais il me manque encore des validations de collectivités. J'ai des plans A, B et C... J'attends maintenant les confirmations.
"Pauline Ferrand-Prévot ? J'adorerais qu'elle vienne"
Le cyclisme féminin a franchi un nouveau cap en visibilité cette année. Comment percevez-vous son évolution ?
Il y a eu un véritable engouement populaire. Sur le Tour Féminin des Pyrénées, nous avons vu énormément de monde sur les routes, et les audiences télé ont explosé. C'est la même dynamique que pour le Tour de France Femmes, où les audiences ont battu des records. Il y avait autant de monde sur les routes pour les femmes que pour les hommes. Le Tour de France Femmes a réuni 25,7 millions de téléspectateurs sur neuf jours, avec un pic à 7,7 millions, contre 8,7 pour les hommes. C'est la deuxième meilleure audience féminine depuis 2006. Cela prouve l'intérêt pour le cyclisme féminin et renforce la nécessité de pérenniser notre épreuve.
Pauline Ferrand-Prévot incarne ce nouvel élan. Espérez-vous sa présence en 2026 ?
J'adorerais qu'elle vienne. Je n'ai pas encore envoyé les invitations, mais nous en avons parlé. Ce serait une consécration. Nous avons déjà eu de grandes championnes cette année, mais j'aimerais en accueillir de nouvelles en 2026. J'ai également échangé avec la FDJ-SUEZ : j'aimerais qu'une de leurs leaders participe.
Pour conclure, qu'espérez-vous pour l'année 2026 ?
Un grand succès, encore plus d'audience, afin de développer l'épreuve, attirer de nouveaux partenaires et, pourquoi pas, intéresser une nouvelle collectivité pour une future quatrième étape.

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