INTERVIEW - Benoît Cosnefroy : «Rouler avec le meilleur coureur du monde...»

"J'ai eu plusieurs offres au mois de juin"

Bonjour Benoît, merci d'accorder cette petite interview à Cyclism'Actu. On te retrouve sous de nouvelles couleurs, même si tu n'as pas encore le maillot. Comment sont passées ces premières semaines avec ta nouvelle équipe, UAE Team Emirates-XRG ?

Ça s'est bien passé, c'est vrai que c'est déjà le deuxième stage. On a fait un stage à Abu Dhabi, vraiment orienté cohésion, puis pour aller rendre visite aux sponsors. Après, un deuxième ici, plus axé sur le travail. Tout est nouveau pour moi, je découvre un nouvel environnement. C'est cool, tout se passe bien pour le moment. Après, c'est toujours pareil : ce sont les courses qui parlent vraiment, mais j'ai hâte de débuter la saison prochaine avec eux.

Justement, est-ce que tu peux revenir un peu sur ce transfert, sur comment ça s'est fait ? Ça s'est fait un peu tard par rapport aux autres gros transferts de cette intersaison. Est-ce que tu peux un peu revenir sur le déroulé de tout ça ?

Ça s'est fait fin septembre. Tout le monde l'a bien vu, le marché était compliqué cette année. Avec l'arrêt d'Arkéa et la fusion, il y avait pas mal de changements qui n'étaient pas forcément positifs pour le monde du cyclisme. Du coup, c'était un marché assez tendu. J'ai eu la réponse vraiment tard de l'équipe, mais ça s'est fait. Je suis vraiment content. À peine mon contrat signé, je suis parti en stage et ça s'est vite enclenché.

C'était ta première proposition concrète UAE ? Ou avant, il y en avait eu d'autres et les conditions ne te plaisaient pas ?

J'ai eu plusieurs offres au mois de juin. Je me suis engagé moralement avec une équipe, mais ça ne s'est finalement pas fait, donc je suis revenu tard sur le marché. Dans le second round de négociation, c'est l'équipe UAE qui m'a fait la première proposition.

Tu as passé bien évidemment de très longues années chez AG2R, qui est devenu ensuite Decathlon. Est-ce que tu peux revenir un peu sur ça, sur pourquoi ils t'ont laissé partir, car ils ne t'ont pas renouvelé ton contrat ? Quelle est ta vision des choses par rapport à l'équipe ?

J'ai passé de très belles années avec l'équipe AG2R, AG2R Citroën après, et AG2R Decathlon, avec Decathlon devenu partenaire principal de l'équipe. Ça fait beaucoup d'années, des années vraiment intenses, avec de superbes rencontres, victoires et moments. Je suis vraiment reconnaissant de toutes ces années. Après cette année, ils ont décidé de ne pas me conserver. Moi aussi, je sentais que j'arrivais au bout de l'histoire avec l'équipe. Je pense que c'était le bon moment de se séparer, des deux côtés. Le moment est arrivé et c'est cool. Eux ont un superbe projet avec de nouvelles recrues et des objectifs ambitieux. Moi, je retombe dans la meilleure équipe au monde, donc l'histoire se termine bien et je pense qu'elle est belle des deux côtés.

"Mon rôle ? Essayer de gagner le plus possible"

Justement, tu as évoqué la meilleure équipe au monde dans laquelle tu es maintenant. Quel va être ton rôle et tes objectifs pour l'année à venir ?

Mon rôle dépendra des courses bien sûr, mais la plupart du temps, je vais essayer de gagner le plus possible sur des courses secondaires. Je vais avoir beaucoup de courses cette année, pas de grands tours et pas énormément de courses avec Tadej, mais j’en aurai quelques-unes. Je n'aurai pas une équipe qui roule pour moi toute la journée, mais je pourrai jouer ma carte dans le final, et c'est le plus important.

Est-ce que tu peux revenir un peu plus sur ton programme ?

Oui, je connais course par course, mais j'en ai 75 au programme ! Pour faire court : je recommence ici sur deux courses d'un jour en Espagne, puis je ferai le Challenge de Majorque, les quatre premiers jours. Ensuite, quelques courses en France, notamment la Drôme-Ardèche fin février, puis le Grand Prix du Morbihan. Ces courses ont été ajoutées au programme vis-à-vis de moi, donc c'est cool. Après, beaucoup d’autres courses sont prévues.

Les Ardennaises, ça reste au programme ?

Oui, bien sûr. J'ai les quatre Ardennaises : la Branbaçonne, l’Amstel, la Flèche et Liège.

Là, ça sera sûrement avec Tadej (Pogacar) sur les Ardennaises ?

Oui, je ne sais pas exactement ce qu'il fera, mais je pense qu'il participera en partie. Je ne pense pas, par exemple, à la Brabançonne, car il fait peu de ProSeries, mais je devrais le croiser à ce moment-là.

Justement, ce rôle d’équipier, alors qu'on a compris que ce ne sera pas sur toutes les courses, comment tu l'abordes ? Chez Decathlon, tu étais souvent plus dans un rôle de leader. Qu'est-ce que ça va changer pour toi ?

Pour moi, c'est un challenge, car déjà je roule avec le meilleur cycliste au monde. Quand on est dans le train avec un plan pour que tout se passe bien pour Tadej, ce n'est pas la même chose qu'être dans le peloton et suivre. On essaie de limiter la casse le plus possible avant que Tadej attaque et que l'on devienne leader. Au final, tu es dans une position de gagnant, donc c'est cool. Ces dernières années, il était difficile de contrer un plan de Tadej, c'était frustrant, mais maintenant je change de côté, donc ça va être intéressant, je vais être du côté gagnant, normalement.

Justement, tu t'entraînes avec l'équipe depuis quelques jours à Benidorm. Ça fait quoi de rouler avec Tadej Pogačar, considéré comme l'un des meilleurs coureurs de l'histoire ?

Alors, il n'y a pas que lui. Il y a tout un tas de stars ici, et le groupe est très fort. Pour être honnête, je n'ai pas encore roulé une fois avec Tadej : il était en reconnaissance des pavés au début du stage. Mon profil n'est pas le même que le sien, il y a souvent un groupe grimpeur auquel je n’appartiens pas. Je n'ai pas roulé avec Tadej à l’entraînement, mais après les séances, tout le monde est là et ça roule bien. Je pense que ce stage va me faire du bien avant de reprendre la salle.

Justement, pour cette saison, qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ? Qu'est-ce qui fera de 2026 une bonne saison pour toi?

Avec des victoires ! Forcément, une bonne intégration dans l'équipe, ce qui se passe très bien pour l’instant. C'était un point très important humainement. Et puis, juste prendre du plaisir sur le vélo.