Route - Yvon Caër : «Il faut ouvrir les yeux... Le vélo va droit dans le mur»

"Le vélo a perdu beaucoup de ses valeurs"

"Il faut ouvrir les yeux par rapport à la réalité sociale et à la réalité économique, tout simplement", commence par expliquer l'actuel directeur sportif de la Groupama-FDJ, qui pointe les dérives du cyclisme amateur de haut niveau pour expliquer la crise dans laquelle il se trouve. "Le milieu amateur s‘est professionnalisé. Pour qui, pourquoi, je ne sais pas. À quoi bon, d’ailleurs ? [...] En quelques années, tout s‘est dégradé. On a assisté à une inflation des budgets totalement inappropriée."

L'ancien directeur sportif de l'équipe Arkéa-B&B Hotels fait ensuite un constat glacial et cinglant sur l'état du cyclisme en France. "Ce n’est pas le cyclisme amateur qui va dans le mur, c‘est le vélo qui va dans le mur ! Le haut niveau amateur va juste dans le sens de la base du vélo, qui va très, très mal [...] Le vélo a perdu beaucoup de ses valeurs. L’heure est extrêmement grave, j’ai des raisons d’être alarmiste", confie celui qui pointe du doigt la vitesse à laquelle les jeunes coureurs sont, de nos jours, catapultés au niveau professionnel, mais aussi la lassitude des organisateurs et le côté onéreux de son sport. "Le cyclisme devient un sport de riches", dit-il.

�'« Le cyclisme est devenu un sport de riches », confie Yvon Caër à propos de la crise du vélo amateur https://t.co/ugRMnb4YZG via @LeTelegramme

— Philippe Priser (@PhilippePriser) October 8, 2024

Cyrille Guimard : "Comme je ne cesse de le dire depuis plusieurs années..."

Une phrase saluée par Cyrille Guimard, chroniqueur de Cyclism'Actu et qui souhaite ardemment qu'un nouveau président de la Fédération Française de Cyclisme (FFC) soit nommé le 14 décembre prochain pour qu'un nouvel élan soit insufflé. "Merci Yvon d’avoir le courage de le dire, comme Mr Blévin dans sa lettre ouverte (Fabrice Blévin, président du Team Adris-La Crêpe de Brocéliande-BLC, une équipe de DN3, a récemment écrit une lettre ouverte à Michel Callot, le président de la FFC, pour l'alerter sur la situation, NDLR), comme des pétitions commencent à voir le jour et comme je ne cesse de le dire depuis plusieurs années", explique le Druide, avant de parler plus spécifiquement de cette chasse aux labels N1, N2 ou N3 qui se pratiquait jadis et qui est décriée par Yvon Caër dans l'article du journal Le Télégramme.

"C’est de ça qu’on aimerait que Michel Callot nous parle"

"Au bureau exécutif de la FFC, déjà sous la présidence de Lappartient, il se disait qu’il y avait une forme d’escroquerie aux subventions. En effet, les DN2 comme les DN3, et pire les DN 3 Espoirs, ne pouvaient avoir qu’une appellation RÉGIONALE. Monsieur Trehin, responsable d’une DN3, me disait : «Ras-le-bol de l’appellation DN, la différence de subvention ne couvre même pas le coût des déplacements pour courir aux 4 coins de la France. Et seules nos femmes savent où nous sommes partis. Nos partenaires n'ont aucune visibilité.» C’est de ça qu’on aimerait que Michel Callot nous parle et pas de son ambition d’être président du Comité d’organisation des Super Championnats du monde chez lui", conclut Cyrille Guimard en faisant référence à l'évènement qui sera organisé en 2027 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, et plus précisément en Haute-Savoie.