Route-Bilan - INEOS Grenadiers, une saison 2023 d'un extrême à l'autre

Par Audrey QUETARD le 24/12/2023 à 20:10. Mis à jour le 27/12/2023 à 17:38.
Route-Bilan
Photos : Sirotti

14 secondes auront suffi pour dégrader le bilan d’INEOS Grenadiers de très bon à mitigé. Cela s’est joué à un contre-la-montre sur les pentes du Monte Lussari la veille de l’arrivée du Tour d’Italie, qui a vu Primoz Roglic (Team Jumbo-Visma) profiter d’un Geraint Thomas (INEOS Grenadiers) en souffrance, lui chiper le maillot rose et, in fine, s’imposer au classement général. 14 secondes le séparent du Gallois, un des écarts les plus faibles entre un lauréat et son dauphin au Giro. A lui seul, cet épisode reflète la saison de l’effectif emmené par Dave Brailsford, un brin décevante malgré de belles et prometteuses éclaircies. Et, plus généralement, le déclin, ou plutôt la transition d’une équipe qui, il n’y a encore pas si longtemps, ultra-dominait les courses majeures du calendrier. Au total cette année, les coureurs en rouge et noir ont glané 36 victoires (2 de moins qu’en 2022), et terminent 4e au classement UCI, derrière les mastodontes UAE Team Emirates, Jumbo-Visma et Soudal-Quick-Step.

Vidéo - Geraint Thomas après sa désillusion sur le Giro !

 

Geraint Thomas, le coup de massue

S’il fallait tracer une courbe des performances d’INEOS Grenadiers sur les courses de 3 semaines cette saison, elle serait décroissante. D’abord, il y a eu ce fameux Tour d’Italie. A 37 ans, Geraint Thomas est passé tout près de remporter un deuxième Grand Tour en carrière, après la Grande Boucle en 2018, mais c’était sans compter l’ultime chrono, ou plutôt les derniers hectomètres du Monte Lussari théâtre d’une défaillance après la constance du Gallois tout au long de l’épreuve. Une faiblesse qui lui empêchait alors de rayer des tablettes le vieux record de Fiorenzo Magni, le vainqueur du Giro le plus âgé de l’histoire, avec ses 34 bougies. Et pourtant, Thomas acceptait son sort sans amertume, même à chaud – « Pour être honnête, (Primoz Roglic) le mérite » - et donnait en plus un coup de main à son ancien coéquipier Mark Cavendish le lendemain pour l’aider à lever les bras, à Rome.

 

Vient ensuite juillet et le Tour de France, où, autrefois, la structure britannique exerçait une domination sans partage. Cette année, elle se contente d’une 5e place avec Carlos Rodriguez, qui a tout de même remporté, avec autorité, la 14e étape à Morzine, un jour après la victoire de son coéquipier Michal Kwiatkowski en solitaire en haut du Grand Colombier. A la suite du grand rendez-vous de juillet, INEOS Grenadiers connaissait une baisse de régime en termes de résultats, observée sur le Tour d’Espagne. Geraint Thomas va échouer dans son opération rédemption. Le natif de Cardiff termine 31e, et Egan Bernal, 6e en 2021, se classe 55e. Ces constats posés, reste qu’INEOS Grenadiers est l’une des trois seules formations à s’être immiscée sur un podium de Grand Tour cette année, avec la Jumbo-Visma et UAE Team Emirates.

 

Sur les Classiques, Pidcock et c’est (presque) tout

Une des plus grandes satisfactions d’INEOS Grenadiers est venue des courses d’un jour, à savoir la victoire en solitaire de Thomas Pidcock sur les Strade Bianche début mars. Le Britannique mimait celle de Tadej Pogacar l’année précédente, en s’extirpant du peloton à plus de 50 km de la ligne d’arrivée, et, s’il aurait pu être rattrapé par une poignée de ses collègues partis à sa poursuite, l’organisation de ce groupe de chasse n’a jamais permis de  raccrocher les roues de la jeune pépite de 23 ans. En haut de la Via Santa Caterina, il signait une 4e victoire pro, deux ans après la Flèche Brabançonne. Tom Pidcock a poursuivi sa belle campagne printanière à Liège-Bastogne-Liège, où il termine derrière le vainqueur Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step), mais devant Tadej Pogacar, son premier modium sur un Monument.

Et puis il y a eu la surprise Filippo Ganna. Le rouleur transalpin a prouvé ses qualités de sprinteur sur les Classiques. Les suiveurs gardent en mémoire l’ascension du Poggio du dernier Milan-San Remo, et l’image du trio infernal Wout van Aert (Jumbo-Visma), Tadej Pogacar, et Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck) à l’attaque, accompagné d’un épatant Filippo Ganna qui prend, derrière le Néerlandais, la 2e place. Si le double champion du monde de la poursuite a aussi terminé 6e de Paris-Roubaix, les pavés n’auront pas vu briller son équipe, orpheline de Dylan van Baarle parti à la Jumbo-Visma.

 

La chute briseuse d'espoirs de Geoghegan Hart

Cette saison, la pièce va rarement tombée du bon côté pour INEOS Grenadiers. Dix petits jours avant la conclusion malheureuse de la formation britannique au Giro, un autre sacré revers avait déjà croisé le chemin de ses coureurs. Vainqueur de l’édition 2020, et alors 3e du général, Tao Geoghegan Hart, en grande forme et coleader de l’équipe, est embarqué dans une chute collective sur la 11e étape. Le Londonien, longuement resté au sol, n’avait pas d’autre choix que d’abandonner. Un peu plus tôt dans la saison, il gagnait sans vaciller le Tour des Alpes, en Autriche et en Italie. Un succès perçu de bon augure pour la suite qui aura finalement tournée court. Pour l'Anglais, fracturé de la hanche, sa saison terminée. Rideau. Reste la satisfaction Ethan Hayter, victorieux sur la 2e étape du Tour de Romandie, et la 1ère du Tour du Pays Basque.

 

Joshua Tarling, le soleil dans la brume

La saison d’INEOS Grenadiers avait commencé par un excellent coup. En janvier, la structure britannique recrutait un jeune coureur prometteur, encore inconnu du grand public. En juin, Joshua Tarling, 19 ans, est sacré champion de Grande-Bretagne du contre-la-montre. En août, il glane le bronze de l’épreuve en solitaire aux Mondiaux de Glasgow. En septembre, le voilà sur le toit de l’Europe après une démonstration aux Pays-Bas, 42 secondes devant le Suisse Stefan Bisseger (EF Education EasyPost) qui souriait d’impuissance lorsque son jeune collègue franchit la ligne. En octobre, il battait l’un des maîtres en la matière, Remco Evenepoel, au Chrono des Nations.

Bref, depuis ses débuts chez les pros, Tarling a remporté 4 efforts individuels chronométrés sur 7 disputés. Et au pire, il terminait 3e, derrière quelques-uns des meilleurs rouleurs du globe, Mads Pedersen (Lidl-Trek), Remco Evenepoel et Filipo Ganna. Ce dernier avait eu du flair sur le chrono du Tour de Wallonie fin juillet, lorsque le jeune prodige n’échouait qu’à 8 secondes de lui. « Ce gars est super fort. Le jour où il prendra encore de la caisse et 2 kilos de muscles, il sera dur à battre », prophétise Ganna dans l’interview d’après-course, sans savoir, peut-être, que ce jour arriverait bien plutôt que prévu.   

 

2024... L'année du renouveau ?

Après une année en demi-teinte - loin d'être catastrophique mais frustrante -, INEOS Grenadiers ne semble pas être en mesure de rebondir en 2024. Certains de ses leaders ont quitté le navire, Tao Geoghegan Hart en tête, parti pour être l'unique leader de la formation Lidl-Trek. Quant à Pavel Sivakov, vainqueur du Tour de Toscane cette saison, le Français a pris le large pour renforcer (encore un peu plus) le collectif d'UAE Team Emirates. Et si ce n'était pas suffisant, Daniel Martinez, lauréat du Critérium du Dauphiné 2020, bien que peu performant cette saison, a lui aussi mis les voiles vers la BORA-hansgrohe. Les talents qui émergeaient dans la structure ont trouvé d'autres projets, comme Ben Tulett qui débarque chez la fraîchement nommée Visma-Lease a Bike, Luke Plapp rejoint, lui, Jayco-AlUla.

 

L'écurie britannique est tout de même parvenue à conserver Carlos Rodriguez, Geraint Thomas, mais aussi Luke Rowe, Laurens de Plus, Omar Fraile ou encore Ben Swift dans ses rangs. Et renforce, par ailleurs, sa belle brochette de rouleurs par la signature du Norvégien Tobias Foss, champion du monde de contre-la-montre 2022. INEOS Grenadiers a enfin misé sur le grimpeur Oscar Rodriguez, victorieux sur la Vuelta en 2018, qui sera à même d'épauler ses leaders sur les Grands Tours, et Andrew August, une jeune promesse de 18 ans aux allures de couteau suisse. 

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