Tour de France - Une pétition pourrait compromettre l’étape reine du Tour 2026 !

Par Esteban DA COSTA le 23/11/2025 à 12:14. Mis à jour le 26/11/2025 à 21:18.
Tour de France  - Une pétition pourrait compromettre l’étape reine du Tour 2026 !
TDF
Photo : A.S.O./Maxime Delobel

Une étape du Tour de France 2025 est menacée, et pas n’importe laquelle : il s’agit de l’étape reine de cette Grande Boucle 2026, la 20e étape, entre Le Bourg-d’Oisans et l’Alpe d’Huez par l’ascension du col de Sarenne. Le col de Sarenne, c’est le point central de cette potentielle annulation de l’étape, puisqu’une pétition "Non au passage du Tour de France 2026 au col de Sarennea rassemblé plus de 5 300 personnes pour la préservation de la nature et notamment des animaux tels que les marmottes, les renards, ou encore les chamois, les gypaètes, les circaètes, les hermines et les tétras lyre : "Le 25 juillet 2026, un très grand nombre de personnes devrait s'entasser dans la vallée du Ferrand. Vallée qui est habituellement peuplée de marmottes, de renards, de chamois, de circaètes, d'hermines... ainsi que de fragiles tétras lyre : gallinacés emblématiques qui couvent au sol et dont les petits naissent en juillet, c'est-à-dire pendant le Tour de France (...) En matière de lieu et de timing, difficile de trouver pire pour convier les foules."

Vidéo - Christian Prudhomme au micro de Cyclism'Actu

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"Les organisateurs du Tour de France 2026 veulent transformer le col de Sarenne en plus grand stade du monde"

Cette pétition explique : "Les organisateurs du Tour de France 2026 veulent transformer le col de Sarenne en plus grand stade du monde. En effet, l’étape reine du Tour 2026 doit se terminer par ce col. Ainsi placée en fin d’étape, l’ascension de Sarenne pourrait réunir des centaines de milliers de spectateurs." L’auteur de la pétition continue et déclare : "Le 25 juillet 2026, un très grand nombre de personnes devrait s’entasser dans la vallée du Ferrand." Une vallée qui abrite des marmottes, des renards, ainsi que de fragiles tétras lyre, des oiseaux emblématiques qui couvent au sol et dont les petits naissent en juillet, c’est-à-dire pendant le Tour de France.

"Six jours avant le passage du Tour de France, le col de Sarenne sera emprunté par 16 000 cyclistes lors d’une course amateur nommée L’Étape du Tour. Comme en 2013, la surfréquentation de Sarenne risque de durer plusieurs semaines, ce qui amplifiera le dérangement d’une faune précieuse et vulnérable." Cette année, les organisateurs avaient déjà raccourci l’étape entre Albertville et La Plagne avec la découverte d’un "foyer de dermatose nodulaire contagieuse touchant les bovins".

 

La pétition au nom de l'écologie de Matthieu Stelvio*, initiateur de la pétition, cycliste attaché aux grands espaces sauvages...

"Culminant à 1999 mètres d'altitude, la route menant au col de Sarenne est belle et sauvage. Fermée 8 mois sur 12, cette route est une route PASTORALE, destinée aux bergers. La vitesse y est limitée à 20 km/h. Le sentier GR54 longe cette route et s'y confond par endroits. Situé dans l'aire d'adhésion du parc national des Écrins, le col de Sarenne est un de ces beaux et rares espaces où l’on peut encore respirer de l’air pur.

Les organisateurs du Tour de France 2026 veulent transformer le col de Sarenne en plus grand stade du monde. En effet, l'étape reine du Tour 2026 (la plus décisive et la plus montagneuse) doit se terminer par ce col (avant de descendre un peu plus bas dans la station de l'Alpe d'Huez, qui jouxte Sarenne, pour passer la ligne d'arrivée). Ainsi placée en fin d'étape, l'ascension de Sarenne pourrait réunir des centaines de milliers de spectateurs (de tels chiffres ont déjà été évoqués dans les lacets de l 'Alpe d'Huez). [4]

Treize ans après un premier passage contesté à Sarenne, la foule est, cette fois, attendue sur le versant le plus sauvage de la route, du côté de la vallée du Ferrand. Le Conservatoire Botanique National Alpin estime que "la diversité faunistique [de la vallée du Ferrand et du plateau d'Emparis] est remarquable" et que "l’excellent état de conservation de la plupart des habitats naturels […] peu perturbés […] permet le maintien d’espèces animales rares". [2]

Le 25 juillet 2026, un très grand nombre de personnes devrait s'entasser dans la vallée du Ferrand. Vallée qui est habituellement peuplée de marmottes, de renards, de chamois, de circaètes, d'hermines... ainsi que de fragiles tétras lyre : gallinacés emblématiques qui couvent au sol et dont les petits naissent en juillet, c'est-à-dire pendant le Tour de France. [1, 2] Sans oublier les perdrix bartavelles qui couvent au sol et dont les petits naissent... en juillet. [13, 14, 15] Sans oublier les lagopèdes, reliques de l’époque glaciaire, qui couvent au sol et dont les petits naissent... en juillet. [1, 2, 7, 13] Tétras, lagopèdes et bartavelles, ces trois gallinacés sont sur la liste rouge des espèces menacées de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la Nature). [16] Leur déclin est notamment lié à la surfréquentation humaine et au dérangement des nichées. [7, 14] En matière de lieu et de timing, difficile de trouver pire pour convier les foules.

Et ce n'est pas tout. Pour diffuser le spectacle de l'ascension de Sarenne, des hélicoptères survoleront longuement la vallée du Ferrand et la vallée de la Romanche, où nichent plusieurs couples d'aigles royaux (rapaces rares et protégés), dont les petits prendront leur envol... en juillet. [2] En outre, les coureurs entreront dans la vallée du Ferrand par le lac Chambon, où niche un couple de gypaètes barbus qui donne naissance chaque année à un petit prenant son envol... au début de l'été. [10] Plus grand rapace d'Europe, le Gypaète barbu est en danger d'extinction à l'échelle française. Seuls 18 gypaétons ont pris leur envol en 2025 dans les Alpes françaises. [11, 16, 17] Dans le massif des Écrins, 75 % des gypaétons nés en 2025 n'ont pas survécu. Le survol d'hélicoptère serait la première cause d’échec de reproduction des gypaètes. [12]

Six jours avant le passage du Tour de France, le col de Sarenne sera emprunté par 16 000 cyclistes lors d'une course amateur nommée L'Étape du Tour. Comme en 2013, la surfréquentation de Sarenne risque de durer plusieurs semaines, ce qui amplifiera le dérangement d'une faune précieuse et vulnérable.

Selon un document NATURA 2000, la vallée du Ferrand est l'une des "plus riches régions de France sur le plan botanique". [2] Et c'est une flore rare et fragile qui sera piétinée par la foule, peut-être même écrasée par des centaines de véhicules, des centaines de tentes... À proximité du col de Sarenne, la route passe à quelques mètres d'une zone humide fragile faisant l'objet d'un arrêté préfectoral de protection de biotope. [3] Cet arrêté atteste que "le biotope d’une espèce résulte des interactions entre la faune, la flore et les caractéristiques physiques et chimiques du milieu, et qu’une perturbation ou une atteinte portée à l’un de ces éléments peut engendrer un déséquilibre préjudiciable". "Il y a [donc] lieu de réglementer les activités sur le périmètre [de la zone humide] afin d’assurer la préservation et la tranquillité de certains biotopes nécessaires à la survie de plusieurs espèces animales protégées". Cet arrêté interdit toute manifestation sportive sur un périmètre qui pourrait être piétiné par la foule du Tour de France. [3] Est-ce vraiment le lieu pour organiser une manifestation qui pourrait réunir autant de spectateurs que 10 Stade de France ?

Comme en 2013, des travaux pourraient être réalisés, rien que pour une journée de course. Et ce, non pas à la demande de la population locale, mais à la demande des organisateurs du Tour de France ! En 2013, des passages à gué ont été transformés en petits ponts, ce qui a par la suite poussé les touristes à se rendre au col de Sarenne en voiture plutôt qu'à pied, au détriment de la quiétude de la faune sauvage.

La Nature est plus importante que ce spectacle-business (qui s'est souvent révélé être imposture). Et les organisateurs du Tour de France se moquent de la Nature. Ils l'ont prouvé en 2013 en restant muets face à une lettreouverte portée par une pétition signée par plus de 12 000 personnes, en refusant toute alternative (la montée sauvage de Sarenne pouvait être remplacée par un passage à Villard Reculas en 2013 - idem en 2026). Comment croire qu'une entreprise qui gère, au-delà du Tour, des épreuves comme le Dakar et autres rallyes se préoccupe de la faune sauvage ? Le fait que TotalEnergies soit partenaire officiel du Tour de France 2026 prouve-t-il le contraire ?

D'autre part, beaucoup de financiers aimeraient agrandir le domaine skiable de l’Alpe d’Huez, et lorgnent vers Sarenne. [8] À long terme, ce passage du Tour dans un lieu jusque-là si bien préservé est peut-être le deuxième pas vers une bétonisation massive. En 1952, lorsque le cycliste Fausto Coppi s’est imposé à l’Alpe d’Huez, il s’imposait, au milieu des marmottes et de quelques paysans, dans une toute petite station de ski. 70 ans plus tard, l'Alpe d'Huez a étendu ses tentacules d'acier sur l'un des plus beaux massifs de France et veut encore s'agrandir, sans se soucier de la quiétude de la Nature (allant jusqu'à organiser des festivals de musique électro au cœur des montagnes). [5, 6] Que voulons-nous laisser aux générations futures ? Une planète d'acier et de béton ? Ne serait-il pas temps de dire stop à ceux qui veulent souiller ce que nous avons de plus cher ? LA NATURE N'EST PAS UN STADE. En signant cette pétition, je m'oppose au passage du Tour de France 2026 au col de Sarenne et aux travaux qui en découleraient."

*Texte et photos : Matthieu Stelvio, initiateur de la pétition 2026 (et de la pétition 2013), cycliste attaché aux grands espaces sauvages, défenseur des bouquetins et des tétras lyre. CONTACT et sources : https://lebruitdv.blogspot.com

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