Route - L'UCI et David Lappartient ont dit NON au projet «One Cycling»

"Incompatible" : c'est le terme employé par l'Union Cycliste Internationale (UCI) ce jeudi 12 juin pour désigner le fameux projet "One Cycling" qui fait tant parler dans le monde du cyclisme, mettant ainsi un sérieux coup d'arrêt à cet ambitieux et révolutionnaire projet de ligue fermée porté par le fonds souverain d'Arabie Saoudite (PIF) et des équipes de premier plan comme la Visma | Lease a Bike. Profitant d'une réunion de son Comité Directeur (du 10 au 12 juin à Arzon, dans le Morbihan) lors de laquelle elle a pris de nombreuses décisions liées au cyclisme sur route et au développement du cyclisme en général, l'instance internationale et son président David Lappartient ont donc dit non "à l'unanimité" à One Cycling, jugé dans son communiqué "incompatible avec le cadre de gouvernance et règlementaire de l'UCI et manquant de cohérence sportive".
Vidéo - David Lappartient au micro de Cyclism'Actu
Lire la suite de l'article
David Lappartient : "Les conditions ne sont pas acceptables, on défend un certain nombre de principes"
Pour rappel, plusieurs équipes dont la Visma | Lease a Bike et son directeur Richard Plugge en tête ainsi que des organisateurs de courses poussent depuis des années à réformer le modèle économique du cyclisme, jugé inéquitable. Cela passe selon eux par une refonte du calendrier et la création de nouvelles épreuves dans un système s'apparentant à celui d'une ligue fermée. Le projet était nourri par le fonds souverain d'Arabie Saoudite (PIF) qui devait injecter, selon plusieurs sources, trois cent millions de dollars sur trois ans à partir de 2026, l'année où débute un nouveau cycle de licences délivrées par l'UCI.
Mais alors qu'une annonce avait été évoquée courant juin et avant le Tour de France concernant l'avancement de ce projet, l'UCI a donc tranché et décidé "à l'unanimité" jeudi, au moment d'approuver les calendriers WorldTour de la saison prochaine, "de ne pas donner suite, en l'état, à la demande d'inclusion du projet One Cycling" dans ce calendrier. "Que des gens veuillent investir dans le vélo, c'est une bonne chose. Mais après, il y a des principes et pour nous les conditions ne sont pas acceptables", a indiqué le président de l'UCI, le Français David Lappartient, à l'AFP. "L'UCI en tant que telle n'a pas été vraiment associée. On n'est pas le notaire des accords éventuels entre certaines parties. On est l'acteur de gouvernance et donc on défend un certain nombre de principes", a-t-il poursuivi.
"Il y avait trop d'imprécisions... et l'intention belliqueuse était quand même marquée"
Selon l'UCI, le projet allait conduire à un système "à deux vitesses" avec de nouvelles courses sous le label One Cycling en concurrence parfois frontale avec d'autres qui n'en feraient pas partie. "Donc, l'intention belliqueuse était quand même marquée", estime le président de l'UCI, sachant qu'Amaury Sport Organisation, la société organisatrice du Tour de France et de nombreuses autres courses importantes, est opposée au projet One Cycling. "Il y avait trop d'imprécisions et de choses non compatibles avec nos règles", a insisté Lappartient, comme le fait que des courses allaient appartenir partiellement à des équipes, "ce qui est interdit par le règlement de l'UCI". "On ne connaît pas non plus le modèle économique. J'ai demandé des éléments mais on ne les a pas reçus. On nous a seulement dit : 'voilà le calendrier' (des courses One Cycling)", a-t-il encore regretté.
La porte n'est en revanche pas définitivement fermée, puisque l'instance a indiqué à la fin de son communiqué que les discussion restaient ouvertes pour faire avancer les choses. "L'UCI, comme l'ensemble des parties prenantes du cyclisme, souhaite toutefois poursuivre les discussions avec les représentants de ce projet afin de collaborer sur l'internationalisation des calendriers de l'UCI Women's WorldTour et de l'UCI WorldTour, et le développement économique de notre sport."