Route - Jean-René Bernaudeau : «Stéphane Heulot, notre manager général dès janvier»
La fin du feuilleton... Jean-René Bernaudeau à la tête de l'équipe Team Total Energies ? Stéphane Heulot avait été annoncé le 20 novembre dernier comme son successeur par nos confréres de Ouest-France avant que l'information ne soit démentie par la suite. En ce lundi 8 décembre, Ouest-France publie cette fois un long entretien avec Jean-René Bernaudeau qui confirme (enfin) officiellemment l'arrivée dès janvier 2026 de Stéphane Heulot comme manager général l'équipe TotalEnergies. Quant à Jean-René Bernaudeau, il ne prend pas sa retraite de suite puisqu'il restera en tant que PDG de la structure SA Vendée, propriétaire de la licence. L'annonce a été faite aux coureurs et au staff de Team Total Energies lors d'un stage à Calpe, dimanche soir et le changement sera effectif à partir du 1er janvier prochain 2026.
Vidéo - Jean-René Bernaudeau au micro de Cyclism'Actu !
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Jean-René Bernaudeau : "Je suis PDG de la structure. Stéphane Heulot va la développer, comme manager général"
"Nous avons avec Stéphane un projet de développement, dans l’air du temps, parce qu’aujourd’hui il faut qu’on grandisse et qu’on aille chercher les forces vives, a expliqué Jean-René Bernaudeau à Ouest-France. Stéphane va rejoindre la structure dès janvier, pour assurer la pérennité et le développement de l’équipe. Je suis soulagé de cette officialisation. J’ai eu une vie un peu compliquée depuis cinq ans, j’ai dû gérer mon divorce. Je ne pouvais pas le montrer. Mais aujourd’hui ma vie va bien. J’ai envie de profiter un petit peu, maintenant, ne pas toujours avoir la tête dans le guidon. Je vais rester à la tête, car l’équipe m’appartient, je suis PDG de la structure. Stéphane va la développer, comme manager général."
Avant d'expliquer : "Comment on s'est rapproché avec Stéphane Heulot ? Ça s’est fait graduellement. On s’est rencontrés et on a les mêmes valeurs. Souvent je lui disais : tu m’enlèves les mots de la bouche ! Sur le développement, redonner ce qu’on a eu, il l’a fait avec Sojasun, moi avec le Vendée U. Il a un vrai réseau, de l’expérience, il sait manager. Son parcours, ses envies, ses succès, ses valeurs surtout, parce que moi je crois beaucoup à l’éducation, nous ont rapprochés. Et puis on s’est rejoints à chaque fois qu’on se parlait sur les valeurs. Il y avait une sorte d’évidence."
Et de conclure : "Nous voulons assurer la pérennité de l’équipe vendéenne. Je ne l’ai malheureusement pas eu l’accord de TotalEnergies d’aller au-delà de la prochaine saison, donc il fallait des forces vives pour développer le projet. Surtout à un moment donné où l’éducation manque cruellement à la France (...). Moi, la Vendée m’a tendu la main, je lui ai redonné. Et Stéphane, pareil. Aujourd’hui, quand on voit le cyclisme en Bretagne… C’est fragile tout ce qu’on est en train de faire. Il ne faut pas qu’on lâche."
Un passage de témoin en douceur dès janvier 2026...
C'est donc la fin du feuilleton Team Total Energies / Bernaudeau / Heulot... le rappel des faits ! Jean-René Bernaudeau via un communiqué de presse avait annoncé le vendredi 21 novembre 2025 : "La SA Vendée Cyclisme confirme Jean-René Bernaudeau à sa tête pour la saison 2026. Faisant suite à l’information parue initialement dans les pages de Ouest-France et relayée dans les médias, la SA Vendée Cyclisme confirme la présence de Jean-René Bernaudeau à sa tête pour une vingt-septième année. Afin d’anticiper les enjeux majeurs qui attendent le Team TotalEnergies dans les mois à venir, une réflexion approfondie est en cours pour renforcer les forces vives de l’entreprise. Aucune décision n’a toutefois été arrêtée à ce stade."
Contrairement ce qu'avait annoncé du coup la veille et le jeudi Ouest-France... information dont Cyclism'Actu avait également entendu parler mais avait préféré attendre une communication officielle des protagonistes concernés, l'équipe TotalEnergies ne va pas tourner tout de suite une page majeure de son histoire. À la tête de l'équipe, *Jean-René Bernaudeau, ne va pas quitter la direction de la formation vendéenne cet hiver. Il fera une 27e année et fêtera ses 70 ans en 2026 en tant que patron le l'équipe TotalEnergies.
Fondateur de la structure à travers Vendée U en 1991 puis artisan de son passage dans les rangs professionnels en 2000, il continuera d'accompagner l’équipe. Son successeur pressenti, Stéphane Heulot, qui était le manager de la Lotto et champion de France 1996, et qui a contribué au retour de l’équipe belge en WorldTour, devait donc patienter. Ou peut-être et sans doute, Stéphane Heulot allait être aux côtés et aider Jean-René Bernaudeau à "anticiper les enjeux majeurs qui attendent le Team TotalEnergies dans les mois à venir."
*Jean-René Bernaudeau nous avait fait la visite du siège course de ses équipes... fin 2021.
"Quand on gagne, on ne donne pas de leçons, et quand on fait deuxième, on garde l’espoir"
Alors que la saison 2026 se prépare, Jean-René Bernaudeau, manager général de TotalEnergies, était revenu il y a quelques jours pour Cyclism’Actu sur la saison 2025 et les enjeux qui attendent son équipe. Entre l’incertitude qui plane sur le cyclisme professionnel, les transformations du paysage des équipes et la fin annoncée du sponsoring principal de TotalEnergies. Fidèle à ses valeurs, Bernaudeau entend continuer à former de jeunes talents, préserver l’esprit collectif de l’équipe et relever les défis d’un sport en mutation.
Comment allez-vous, Jean-René ? On imagine que la préparation de la saison 2026 bat son plein.
Ça va bien, l’équipe est bien structurée. On a déjà la tête à l’an prochain depuis quelques mois. Même s’il y a des soubresauts dans la société et dans le sport, il faut faire avec. On est liés aux invitations, aux perspectives de hiérarchie mondiale. Ce n’est pas simple, mais on maîtrise. Aujourd’hui, l’équipe commence à y voir un peu plus clair sur le programme 2026.
Avant de parler de 2026, quel regard portez-vous sur la saison 2025 ?
Dans le vélo, on dit que si le Tour est réussi, la saison est réussie. On n’a pas gagné, mais le top 10 de Jordan Jegat a été une vraie révélation pour nous. Pour une équipe avec un budget modeste, c’est valorisant. Surtout que notre leader initial, Steff Cras, et notre sprinteur Émilien Jeannière sont tombés très tôt. Malgré cela, l’équipe a tenu. Cela prouve que les fondations sont solides : nous savons encaisser les coups et laisser passer les orages. Notre collectif est notre identité. On ne joue jamais tout sur un seul homme. On cultive l’instant présent, l’intelligence du groupe, et on s’appuie beaucoup sur les capitaines, ceux qui n’ont ni la gloire ni l’argent, mais qui sont les piliers. Cette année, on a obtenu 55 podiums pour 13 victoires. Émilien Jeannière aurait aimé transformer ses nombreuses deuxièmes places, mais cela montre qu’on est sur la bonne voie. Quand on gagne, on ne donne pas de leçons, et quand on fait deuxième, on garde l’espoir.
On doit forcément évoquer Jordan Jegat, la révélation. Quand vous l’avez recruté en 2024, imaginiez-vous qu’il atteigne ce niveau ?
Le cyclisme cherche des "perles rares", mais il faut comprendre que des champions comme Paul Seixas sont des exceptions. Notre modèle historique, depuis 1991, c’est le double projet : études et sport. Et Jordan en est le symbole. On ne peut pas considérer qu’un coureur "n’est plus rien" à 22 ans. Aujourd’hui, il y a une quinzaine d’ex-pros français de cet âge : c’est dramatique. Jordan représente l’espoir de ceux qu’on met de côté. L’endurance atteint sa plénitude tard, vers 25-30 ans. On ne peut pas effacer ceux qui mûrissent plus lentement. Et il y a un autre enjeu : la pyramide du cyclisme amateur menace de s’effondrer. J'ai très peur pour l'avenir du cyclisme. Sans clubs, pas de champions. En Vendée, on a la chance d’avoir des fondations solides, des bénévoles, une culture. C’est précieux. Jordan doit incarner cela : montrer que le cyclisme ne se résume pas à Pogacar, Evenepoel ou Paul Seixas, même s'ils sont géniaux.
"Les négociations se font en silence..."
Le sommet de la pyramide semble lui aussi instable, avec la disparution d'Arkéa-B&B Hotels, la fusion Lotto-Intermarché... Votre sponsor principal part fin 2026. Quelle est votre vision ?
Il faut donner du sens. Le Tour est la plus grande scène, mais les équipes doivent être crédibles, et les coureurs doivent créer une vocation autour d’eux. Et surtout, l’UCI a une responsabilité majeure : c’est à elle de dire où l’on va. J’admire ce qu’a fait Uno-X : une identité, un peuple, une fierté. L’équipe Euskaltel, lorsqu’elle incarnait son territoire, avait du sens. Moi, je veux que mes coureurs réussissent leur vie, pas seulement leur carrière sportive. Nous allons rendre hommage à TotalEnergies en 2026, puis assurer la suite. Je travaille dessus. On parlera quand ce sera signé, pas avant.
Concrètement : l’équipe existera bien après 2026 ?
Oui, c’est bien engagé. Les négociations se font en silence. Quand il y aura quelque chose à annoncer, je l’annoncerai.
Quelles seront vos ambitions en 2026 ?
On attend le résultat des audits UCI pour connaître notre programme exact. S’il y a un maintien d’Israël-Premier Tech en WorldTour, cela change notre calendrier. On fait confiance au processus. Nous voulons aligner une équipe solide sur le Tour, et nous avons besoin d’un ou deux autres Grands Tours pour accompagner les jeunes. L’effectif comptera finalement 27 coureurs, et nous communiquerons bientôt les arrivées.
Qu’est-ce qui ferait de 2026 une belle saison ?
Que le cyclisme continue d’aller dans le bon sens. Que le panache existe encore. Que les belles histoires ne soient jamais écrites la veille. Et surtout, que tout le monde reste en bonne santé. Je passe beaucoup de temps avec ceux qu’on ne voit pas, ceux qui finissent loin mais qui rendent les victoires possibles. Ils sont l’âme de l’équipe. Si, en 2026, on a honoré cela, alors la saison sera belle.

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