Matériel - Niels Brouzes : «On fait du vélo avec Sorius, pas des maths»

Par Cyclism'Actu le 24/08/2022 à 11:05

Photo : @Sorius

Niels Brouzes est le fondateur de la plateforme Sorius qui propose un coaching de nouvelle génération au prix accessible. L’ancien professionnel revient sur les fondements de sa philosophie qu’il a dupliqué via ce projet qui voit le jour aujourd’hui. Pour rappel, Niels Brouzes fut coureur cycliste professionnel de 2002 à 2010 dans l’équipe de Stéphane Javalet - Big Mat -Auber93. Champion de France dans la catégorie des espoirs, vainqueur du Tour du Finistère en coupe de France chez les professionnels, il a conseillé de multiples coureurs professionnels et amateurs depuis plus de 10 ans sous sa méthode d’accompagnement.

Vidéo - Niels Brouzes est le fondateur de la plateforme Sorius !

 

Avant de planifier un entraînement, il est essentiel de bien connaître l’athlète avec lequel on collabore. Qu’est-ce qui est mis en place pour cela dans la plateforme Sorius ? 

Niels Brouzes : Il y a une zone destinée à ça sur la plateforme. Elle permet de collecter les données essentielles à un bon coaching . Cela va nous permettre de mieux connaître nos coureurs afin de déterminer leurs niveaux et les intensités auxquels ils doivent s’entraîner avec un maximum de plaisir. On parlera ensuite d’objectifs adaptés selon les disponibilités de chacun. 

 

Qu’est-ce qui est mis en place dans la plateforme pour déterminer le potentiel du sujet ? 

NB : Un questionnaire précis permet d’établir le profil de chaque coureur avec ses caractéristiques. On s’adapte ensuite à ses objectifs de compétition ou personnels. L’objectif de Sorius est que tout coureur trouve du plaisir dans son activité donc on va l’aider pour ça. Par contre, il sera de notre responsabilité de lui indiquer qu’il s’engage dans un projet qui est contre nature pour lui et qu’il risque de ne pas prendre de plaisir ! Par exemple, si un pur sprinteur s’engage sur l’Étape du Tour, nous savons qu’il ne va pas forcément prendre du plaisir au bout d’un certain moment.

 

Un objectif doit être réalisable, mais trop souvent les magazines de sports et les plateformes pour le grand public, ont tendance à l’oublier et formatent des entraînements préconçus. Comment une plateforme digitale comme Sorius va palier à ça ?

NB : Ce n’est pas le plus facile effectivement, mais c’est essentiel pour notre communauté. Encore une fois, le nombre d’heures accordées à l’entraînement est un facteur déterminant pour délimiter les domaines du possible. Il en va de même pour la durée de la préparation. En dessous de trois mois d’entraînement, il va être difficile de matérialiser une réelle progression et d’en tirer une réelle satisfaction. Mais notre méthode est basée sur les sensations. Ses dernières vont nous aider à affiner notre coaching et à être plus juste. 

 

Comment déterminer le potentiel d’un coureur rapidement ? 

NB : Notre philosophie est de proposer des entraînements, certes, mais de les affiner par leurs retours , c’est que j’appelle le coaching adaptatif. Ces derniers trouvent une jauge, classifiée de 1 à 10, qui leur permet d’indiquer comment ils se sont sentis sur le vélo, de notifier leurs ressentis psychologiques, leurs envies du jour, de même que la qualité de leur sommeil. Cela nous permet de mesurer si l'entraînement est au-dessus ou en-dessous des moyens physiques et psychologiques des coureurs . Grâce à cette jauge, on tente de trouver l’entraînement le plus adéquat possible ! Il y a les limites physiques, certes, mais aussi mentales.

 

Pas simple à délimiter les surcharges cognitives d’un utilisateur via une plateforme. Comment tentez-vous d’y palier ? 

NB : Des retours que nous avons déjà recueillis, beaucoup des coureurs ne mesurent pas l’importance de la récupération. Pour beaucoup, ne pas rouler une journée, c’est du temps perdu. Mais le repos, ça fait partie de la performance. Le repos physique a un lien avec la récupération mentale et vice versa, c’est la première donne. Plus les retours des coureurs seront réguliers et précis et plus nous pourrons prévenir les signes d’un trop plein mental. La qualité du sommeil, par exemple, est un bon indicateur de la fatigue mentale. 

 

Pour dessiner les contours d’une planification idéale, certains entraîneurs pensent qu’il faut en dessiner les étapes en partant de la fin vers le début, c’est-à-dire du jour J jusqu’au premier jour de la préparation. N’est-ce pas le meilleur moyen d’aller dans le mur ? 

NB : C’est un moyen de procéder mais ça reste très théorique. Depuis des années, j'entraîne des professionnels et des coureurs élites et les imprévus modifient constamment ce qui était planifié. Cela s’amplifie quand on n’est pas un athlète de haut niveau avec un job au quotidien et une vie de famille. Ma mission, malgré cela, est, quel que soit le niveau du coureur , il me faut amener de l’âme dans l’entraînement. Pour cela, un diagnostic hebdomadaire de l’activité est une nécessité. L’histoire Sorius, ce n’est pas un coach qui dicte l’activité à l’utilisateur mais une interaction entre deux individus. Ce n’est pas pour rien si le logo Sorius est constitué de deux disques qui se chevauchent. J’ai voulu symboliser l’association coach athlète. 

 

S’adapter, très bien et le plus vite possible, parfait également, mais comment éduquer les coureurs pour qu’il puisse réagir au plus juste sur son ressenti ?

NB : C’est également un enjeu important de la réussite de notre plateforme ! Certes, nous ne sommes pas en direct au téléphone avec les athlètes tous les jours, mais la technologie est un bon outil car aujourd’hui, ils sont branchés quasi en continu. A nous d’envoyer des messages si les retours de leurs parts sont tardifs. Trois retours par semaine sont l’idéal. Plus les interactions au travers d’un coach de la Sorius Academy seront importantes et plus vite ils ressentiront les choses. Nous avons également mis en ligne un service qui répond aux diverses questions qui sont en lien avec l'entraînement . Il est important de ne pas rester avec des questions parasites quand on fait du sport. 

 

Dans le sport, la sanction est le résultat. Cela détermine au final s’il y a eu réussite ou échec. N’est-ce pas la pire des erreurs ? 

NB : Chez Sorius, on préfère parler de niveau de performance et de satisfaction dans sa pratique sportive, c’est plus sain psychologiquement. Je suis conscient que délimiter une progression est plus difficile pour un cyclosportif qui va avoir moins de compétition ou d'événement qu’un coureur qui va s’étalonner tous les dimanche via une course. Je mets de côté l’entraînement avec les capteurs de puissance, qui est un bon outil, certes, mais qui peut être trompeur sur le niveau réel de l’athlète. Pour mesurer la progression physique , nous leur proposons de se tester sur un segment bien précis, toujours le même et des enquêtes régulières de satisfaction. Un effort de vingt minutes pour un rouleur est un exemple idéal. C’est l’amélioration du temps qui valide la progression. Et là aussi, attention, il est important d’opérer la mesure après un temps d’entraînement précis en fonction du profil. Pour un cyclosportif qui va faire des épreuves très longues, il sera bien de procéder à ce test avec un temps de selle déjà conséquent. Encore une fois, à nous de nous adapter au profil du coureur. 

 

Populariser le côté scientifique de l’entraînement, est-ce l’une des finalités de votre plateforme ? 

NB : Ca en fait parti, oui effectivement. Pour cela, j’ai changé les codes de l’échelle ESIE que je ne critique pas mais qui peut être complexe à comprendre pour beaucoup de monde. Cette dernière classifie les intensités en sept catégories et c’est trop selon moi. Quand on doit être en zone récupération, par exemple, moi je dis aux coureurs  : « Aujourd’hui, on promène le vélo ! » C’est concret, parlant ! On va faire du vélo, pas des mathématiques. Encore une fois, le plaisir doit être le fil conducteur de tout. La discipline portée par le plaisir : ça a toujours été ma ligne conduite en tant que coach. 

 

A l’heure où le coaching est devenu un investissement conséquent dans un budget, vous offrez, par des prix attractifs, l’accès à un entraînement détaillé. Quelle est l’idée derrière ? 

NB : Simplement de démocratiser l’entraînement ! Un capteur de puissance, c’est un coût financier important que j’évite aux coureurs . Certes, on ne va pas s’entraîner avec les watts mais aux flux du rythme cardiaque et c’est très efficace, croyez-moi ! Aujourd’hui, la majorité des entraîneurs utilisent le capteur de puissance comme base de travail et je ne le critique pas, ils ont appris ça à l’école mais sur le terrain c’est autre chose, je vous garantis qu’on peut faire autrement. En tout cas, cela me permet, aujourd’hui, de donner accès à un coaching de qualité à des personnes qui ne peuvent pas se payer un entraîneur perso et le capteur qui va avec. L’abonnement à la plateforme Sorius débute à 9,90 euros par mois et ça, c’est une véritable fierté pour moi !

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