INTERVIEW - Marc Madiot : «Le départ de Stefan Küng ? Je suis tout ça avec sourire»

À l’approche du Grand Départ du Tour d’Italie 2025, Marc Madiot s’est confié à Cyclism’Actu. Le manager de la Groupama-FDJ revient sur un début de saison mitigé pour son équipe, pointe l’écart grandissant avec les grosses écuries du peloton, et affiche des ambitions mesurées pour ce Giro, avec David Gaudu comme leader et des coureurs offensifs prêts à saisir les opportunités. Madiot évoque également l’intégration de Guillaume Martin et répond, avec recul, aux rumeurs entourant l’avenir de Stefan Küng.
Vidéo - Marc Madiot au micro de Cyclism'Actu avant le Giro
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"On est dans la moyenne"
Marc Madiot, nous sommes désormais à deux jours du Grand Départ du Tour d'Italie, qui s'élance ce vendredi 9 mai d'Albanie. La première partie de saison et du printemps des Classiques vient de se terminer... quel bilan tirez-vous de ces premiers mois de compétiton ? Petit rappel en chiffres, la Groupama-FDJ occupe la 14e place au classement UCI 2025, et compte quatre victoire (David Gaudu, Romain Grégoire et Guillaume Martin x2).
On espère toujours plus et mieux. On aurait aimé avoir un peu plus de victoires et de points UCI, mais la course n'est pas toujours simple à gérer. Je trouve qu'on a été assez bien dans les Classiques, même si on n'a pas toujours eu le résultat final qui va avec au bout. Par exemple à Liège-Bastogne-Liège, on avait une bonne équipe, et à la sortie on ne fait pas un gros score en points... mais ça, c'est la vie des Classiques. Et puis 4 victoires, c'est correct, mais ce n'est pas exceptionnel non plus. On va dire qu'on est dans la moyenne.
Qu'est-ce qui manque justement pour passer ce petit cap et aller chercher des podiums sur les Monuments ou des victoires sur les semi-classiques ?
On voit bien qu'il y a un fossé qui se creuse entre les méga équipes avec des budgets très importants et le reste du peloton... Il y a cinq ou six équipes qui trustent les victoires et les points, et puis derrière, il y a un ventre mou d'une dizaine d'équipes dans lequel on se situe. Elles font un peu plus ou un peu moins chaque week-end, et elles se partagent un peu les miettes si je puis dire.
Guillaume Martin est l'une des recrues phares de cette saison 2025, et il marche fort depuis quelques semaines. Comment jugez-vous ses premiers mois avec Groupama-FDJ ?
Il a eu des débuts un peu difficiles, car il avait des petits soucis avec un genou, il a été un peu perturbé par ça. Mais là, il a trouvé un bon rythme de croisière, notamment en s'imposant à deux reprise à Besançon, et il a été pas mal sur les Ardennaises. Donc on est satisfaits de son comportement, de son intégration dans l'équipe, il n'y a pas de difficulté particulière. On a fait un beau chemin ensemble, et je pense qu'on va faire de belles choses dans les mois qui viennent, notamment sur le Critérium du Dauphiné et sur le Tour de France.
"Il y aura des opportunités sur ce Giro"
On entre désormais dans une nouvelle partie de la saison avec le début du Tour d'Italie ce vendredi 9 mai. Vous vous présentez en Albanie avec comme grand leader David Gaudu, qui va découvrir la course. Où en est-il après des dernières semaines perturbées par de nombreuses chutes et une blessure au poignet ?
Ces chutes et notamment celle à Tirreno-Adriatico ont perturbé tout son début de saison, car sinon il avait plutôt bien commencé en gagnant sur le Tour d'Oman et en finissant sur le podium. Voilà, on est sorti un peu de cette mauvaise spirale, il a pu récupérer, il a repris tranquillement sur le Tour de Romandie. La difficulté pour lui, ça va être la première partie du Giro, de retrouver toutes ses sensations et son meilleur niveau physique. Après, une fois qu'il aura passé cette première moitié de Giro, on devrait avoir du Gaudu de bon niveau dans les étapes de montagne. Il devrait progresser au fil des étapes, et on verra où ça nous situe. Mais pour l'instant, il est difficile de se projeter au niveau du classement général, on va déjà prendre les journées les une après les autres en début de course.
En terme de pourcentage de forme, où le situeriez-vous ?
On n'est pas sur des pourcentages là, on est sur retrouver un niveau physique progressif. Donner un pourcentage, c'est un peu arbitraire. Ce n'est pas qu'on ne veut pas se projeter, mais on ne sait juste pas. On ne sait pas comment il va retrouver la plénitude de ses moyens, à quelle échéance... On sait que ça va revenir, ça on en est convaincu, car les étapes et la course vont faire qu'il va s'améliorer progressivement. Mais on ne sait pas quand et à quel niveau. Il faut se laisser un peu de temps et de patience...
Il n'y a donc aucun objectif précis sur le papier ?
L'idée, c'est d'aller chercher une victoire d'étape avec l'équipe. Et puis si on peut faire un bon classement final avec David, s'il ne perd pas trop de temps dans la prmeière moitié de course... On fera un peu ce qu'on a fait sur La Vuelta l'année dernière, l'idée c'est un peu ça. Maintenant, on va voir comment les choses se déroulent.
D'un point de vue plus général sur ce Giro, on s'attend à un duel entre Roglic et Ayuso, vous partagez cet avis ?
Je n'ai pas encore vu la liste des partants définitive, donc on va attendre de la connaître d'ici 48 heures. Nous on va faire notre course, et on espère encore une fois s'améliorer au fil du temps. Et puis s'il y a des étapes où l'étau est un peu moins resserré pour les échappées... Il y aura des opportunités d'y aller pour certains coureurs, comme Quentin Pacher par exemple. Il peut jouer un rôle intéressant et aller chercher une victoire d'étape. Il a failli le faire sur le Tour de France et La Vuelta 2024, donc on peut légitimement penser qu'il aura une occasion ou deux de scorer sur le Giro.
Justement, Quentin Pacher, Kevin Geniets, Rémy Rochas... vous comptez sur eux pas seulement pour épauler David Gaudu, mais aussi pour décrocher de beaux résultats ?
On sait qu'un Giro, il y a des opportunités un peu plus large sur sur le Tour de France. On va essayer d'en profiter et d'être acteur avec nos coureurs pour aller dans les échappées quand le classement le permettra.
"Le départ de Stefan Küng ? Je suis tout cela avec un certain sourire... et pas mal de recul"
Pour évoquer un sujet et une rumeur qui a fait pas mal de bruit ces derniers jours, notamment chez les supporters de la Groupama-FDJ : Stefan Küng est annoncé sur le départ, probalement vers l'équipe Tudor. Est-ce que vous voulez commenter, ou pas du tout ?
Non, je ne commente plus ce genre de choses, car j'apprends parfois même que je suis en contact avec des coureurs que je n'ai jamais rencontrés ou avec qui je n'ai jamais discuté. Je suis très prudent sur ce que je lis ou aperçois, et je suis tout cela avec un certain sourire... et pas mal de recul.
Pour conclure, un bon Giro pour vous et la Groupama-FDJ, ce serait ?
Une victoire d'étape, un bon comportement d'ensemble, une progression pour David Gaudu, et ce sera parfait.