Tour de Romandie - Remco Evenepoel : «Les prologues... pas vraiment mon point fort»
Après sa déconvenue sur les routes de Liège-Bastogne-Liège, Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step) est déjà de retour pour sa première course par étapes de l'année, qui commence mardi : le Tour de Romandie. Il y trouvera un terrain qui lui convient avec notamment un prologue et un contre-la-montre. Le Belge assure qu'il vient sans pression et qu'il est juste là "pour se tester et progresser". Son objectif reste tout de même une victoire d'étape alors que "parler de général, c'est un peu difficile".
Vidéo - Remco Evenepoel en conférence de presse
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"Le chrono, pour tester l'épaule..."
Remco, il y a six ans, on s'était vus pour une petite interview la veille du Tour et on t'avait posé la question. La réponse avait été "je viens pour faire de l'expérience d'abord", au final 76e rang. Cette année, on espère mieux que le 76e, et surtout l'expérience, elle avait été bonne vu les résultats qui ont suivi.
Oui, exactement. Mais je pense que je suis encore un peu dans une sorte de progression après la grosse chute que j'ai eue cet hiver, donc c'est clair que je vais venir avec plus d'ambition qu'à l'époque, mais encore voir jour par jour et faire le maximum.
J'ai une question de Richard Chassot, le patron de l'organisation. Il a entendu Remco Evenepoel dire "je viens pour monter en puissance, pour voir à quel point j'en suis". Il y a une étape de montagne très dure et un contre-la-montre urbain très spécial à Genève. Il aimerait savoir : laquelle de ces deux étapes sera le plus grand test pour toi, la montagne ou le chrono ?
Les deux je pense. Dans l'étape de samedi, je vais tester un peu les jambes des grimpeurs, ça sera un effort assez long, surtout sur la dernière montée, mais toute l'étape sera assez dure. Et puis le chrono est toujours important pour moi, donc là aussi pour tester l'épaule, ça va être intéressant. Et aussi pour sortir déjà demain, la première fois, le nouveau vélo en or et aussi le maillot arc-en-ciel, pour la première fois cette année. Ça va faire du bien, ça va donner de la motivation, et aussi pour dimanche prochain.
Il n'y aura pas beaucoup de jours de repos sur ce Tour de Romandie...
Non, exactement. Chaque étape est assez dure, on a des occasions dans chaque étape avec l'équipe, donc on va essayer de sortir le maximum.
"Je suis là pour me tester"
L'étape de montagne, c'est aussi la première fois que le peloton monte à 2000 mètres. C'est un test pour tout le monde ?
Oui bien sûr, et surtout c'est une montée assez longue. Si je ne suis pas faux, c'est presque 22 kilomètres, donc ça va être assez dur. Ça va être presque une heure de montée, donc ça va être un grand test pour tout le peloton.
Je me demandais comment vous appréhendez le fait d'avoir une course par étapes, sans beaucoup de jours de repos, une fois que la compétition recommence.
Oui, je pense que pour moi c'est juste un grand test pour entrer un peu dans la fatigue encore plus, pour essayer de trouver un meilleur niveau. Donc ça va être une semaine sans trop de pression pour moi. C'est clair que je veux bien performer dans les chronos et dans les étapes les plus importantes, mais je suis juste là aussi pour pousser mon niveau vers le haut, pour me tester, pour faire des bons résultats avec l'équipe, et pour juste avoir plusieurs jours de course d'affilée. Comme je viens de le dire déjà, pour pousser mon niveau vers le haut.
Qu'est-ce qui serait un Tour de Romandie réussi pour vous ? Une victoire d'étape suffit-elle ? Est-ce qu'un classement général est envisageable ? Si vous ne gagnez pas, serez-vous déçu ?
Pour parler du classement général, c'est un peu difficile en ce moment. Normalement, je rentre dans des courses par étapes avec beaucoup d'ambition, avec les ambitions pour gagner. Mais je pense que sur cette semaine-ci, ça va être un peu différent. Je serai hyper content déjà avec une victoire d'étape et juste un bon feeling, ne pas vraiment avoir de jour sans, et améliorer un petit peu chaque jour. Peut-être que pour moi, le chrono de dimanche sera le jour le plus important pour tester l'épaule, pour essayer de retrouver directement les bons sentiments en chrono. Et je pense que si je peux faire un bon classement général, avoir de belles étapes, des bons résultats, je serai heureux. Mais comme j'ai déjà dit plusieurs fois, je veux juste trouver un meilleur niveau, sortir avec un meilleur niveau que celui avec lequel je vais rentrer. Donc jour par jour. C'est encore un peu pour moi de la progression, encore un peu des entraînements hivernaux pour le moment. C'est un peu bizarre d'entrer avec cette mentalité dans la course, mais c'est la réalité, donc il faut l'accepter.
"Le prologue, c'est un peu la loterie..."
Demain c'est un prologue de 3,4 km avec beaucoup de relances, de virages serrés où les trajectoires seront importantes. Est-ce que ce type d'effort vous inspire ? Vous aimez ça ou ce sera compliqué pour vous ?
Normalement, je pense que ce sera un effort de plus ou moins 5 minutes, peut-être un petit peu moins pour gagner. Donc normalement, c'est quelque chose qui me va bien, des efforts de 5 minutes. Mais c'est clair qu'il faut relancer, il faut mettre beaucoup de sprints de 10-20 secondes, et ça ce n'est pas vraiment mon point fort. Mais je vais juste donner le maximum, ça va être un bon test pour voir le rythme cardiaque, voir la puissance de relance, mieux virer avec le vélo de chrono. Ça va être un bon test, et puis c'est toujours dur de mettre des ambitions sur un chrono si court. Je pense que c'est un peu une loterie : celui qui ose se jeter plus dans les virages gagnera souvent. Il faut juste donner le maximum et espérer terminer assez haut.
Dimanche c'est un chrono à Genève, dans les rues de la ville, qui rappelle un peu Montmartre, peut-être avec un peu moins de monde. Est-ce un parcours qui vous plaît ?
Oui quand même. Je pense que ce sont des choses qui me motivent, surtout le public. Les dernières années, ils ont été phénoménaux dans chaque course. J'ai l'impression que ça me pousse vers l'avant. J'espère que dimanche il y aura beaucoup de monde pour me pousser aussi. C'est un très beau chrono, un peu technique au début, puis beaucoup de lignes droites, une montée, une descente qui n'est pas dangereuse du tout. Je pense que c'est un très beau parcours et une belle finale de cette semaine.
Qu'est-ce que vous connaissez de la Suisse romande, à part le fait que vous étiez assis ici il y a 6 ans ?
Le fromage ! Non, même pas. Je pense que dans cette période de l'année, il y a beaucoup de pluie. Mais ce que j'ai vu, c'est qu'on a de la chance cette semaine en Romandie. C'est un paysage phénoménal, extraordinaire. Moi j'aime bien la Suisse. L'été passé, j'ai fait des bons résultats aux championnats du monde, donc pour moi c'est un pays très beau, avec de belles montées, de belles descentes, des routes en état formidable. Moi j'aime bien venir en Suisse pour faire de la compétition et pour m'entraîner aussi.
"Quand Pogacar attaque, on me regarde pour faire le boulot"
Quand vous êtes venu la première fois ici, vous vous souvenez de ce qu'il s'est passé ?
Oui, je m'en souviens… mais je voulais oublier, donc merci. Non, je me rappelle bien. Je pense qu'il y avait la protection pour l'électricité, et je voulais juste sortir de la position vers les freins, et juste à ce moment-là j'ai pris la protection. Puis la suite est assez connue. Mais heureusement sans blessures graves, donc ce n'était pas vraiment un bon début pour moi ici autour de Romandie, mais heureusement j'ai pu continuer et terminer la course.
Après Liège, est-ce que ça t'a appris encore quelque chose après ta course ?
Oui, quand même. Je pense qu'une grosse erreur de notre équipe, c'était qu'on était assez loin sur la Redoute, au pied de la Redoute. C'est clair qu'on a vu les chiffres que j'ai faits sur la Redoute et la Côte des Forges aussi, c'était assez vite, plus vite que les années où j'ai gagné. Donc ça veut dire que la forme était là quand même. Mais le positionnement était terrible, vraiment horrible en fait. C'était une grosse erreur de notre part. Je pense qu'on n'avait pas la mentalité de se battre pour une bonne position au pied de la Redoute. Il faut l'accepter. Maintenant, c'est passé comme ça. Pour moi, la dernière heure de course était trop. J'étais un peu cuit juste avant, mais c'est clair que peut-être avec un meilleur positionnement, j'aurais pu être avec Chicon et Illy peut-être, parce que ça change beaucoup. Mais c'est comme ça, il faut regarder vers l'avant. Je pense que je viens de très loin, je ne sais pas encore où je devrais être à ce moment-ci de la saison avec une préparation normale. Il faut l'accepter, continuer à travailler et garder l'espoir de progresser et d'améliorer le niveau.
On a vu à l'Amstel Gold Race que vous étiez un peu seul à pouvoir suivre Tadej Pogacar. À la fin, Pogacar a dit que c'était la nouveauté du jour qu'on pouvait le battre. Est-ce que ça vous a agacé de voir que seul vous sembliez croire qu'on pouvait battre Pogacar ?
Oui peut-être. J'ai souvent l'impression que, comme hier aussi, quand Tadej attaque et prend quelques secondes d'avance, derrière ça s'arrête directement pour aller chercher la victoire. Hier aussi, il y avait beaucoup de coureurs qui me regardaient pour faire le boulot pour aller chercher les autres. Mais c'est comme ça. C'est un peu dommage que beaucoup roulent avec cette mentalité, mais peut-être qu'ils ont leurs raisons. C'est clair que l'Amstel, c'était un final différent d'hier. Moins explosif, plus un mano-a-mano avec des efforts longs comme un contre-la-montre. Là, j'ai montré que j'étais peut-être mieux que Tadej. Mais hier, avec encore des montées explosives, à ce moment-ci il est encore meilleur que moi. Mais il faut rouler pour la victoire. Moi je roule toujours pour la victoire. Je préfère me donner à fond et exploser, comme hier, que de rouler en ralenti pour une troisième ou quatrième place. Ce n'est pas mon esprit. Des fois on perd assez largement avec cette manière de courir, mais c'est ce qui s'est passé hier. Après l'Amstel, j'ai pris beaucoup de morale en voyant que je pouvais aller chercher Tadej. Il faut garder ça en tête et le prendre comme motivation pour le futur.

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