Les carnets secrets - Marc Fayet : «Le MPCC ? Malgré tout le respect... »

"Plus de 25 ans plus tard, nous payons encore un trop lourd tribut... "

Si le vélo est toujours sujet à suspicions, s’il est le plus médiatique dans ce domaine, il l’a hérité de son époque noire remontant à cette fameuse année 1998 où les coureurs français étaient traînés aux Gémonies sur les flancs d’un sport devenu supplicié par trop de turpitudes. Il le fut violemment et policièrement tandis qu’au même moment des footballeurs Français savamment préparés et devenus des dieux vivants échappèrent à tous soupçons en ayant atteint le toit du monde footballistique. On nous expliquera que ce n’est pas le même sport ni les mêmes enjeux et encore moins la même éthique.

Qu’importe ! A chaque Fédération sa conscience. Plus de 25 ans plus tard, nous payons encore un trop lourd tribut en ne cessant d’avoir des alertes nous empêchant toute tentation à l’émerveillement. Ainsi alors que nous possédons en Tadej Pogacar le plus grand phénomène cycliste du XXIème siècle, voici que nous sommes contraints de forcer nos modérations en gardant les oreilles aux aguets et la lumière allumée. Que de commentaires sur la suprématie de ce magnifique champion !

Et que dire aussi du teigneux Remco Evenepoel, du surprenant Marc Hirshi ? Et pourtant ils méritent tous de bénéficier de la plus naturelle présomption d’innocence, si ce n’était l’élément qui les dépasse, qui dépasse même leur sport mais qui en est le moteur principal, leur équipe ! Et surtout l’argent de leur équipe. Je ne parle pas de l’argent qu’on promet à ces champions (Même si certains chiffres annonçant des salaires équivalents au seul budget d’une équipe entière), je parle du budget phénoménal de ces Team World Tour étrangères et qui avancent comme un rouleau compresseur pour parvenir, image de notre société, à montrer que plus ils sont gros, plus ils sont forts, plus ils se croient invincibles.

"On en comprend tout à coup la raison, l’UCI exigeant que... "

Le pire c’est qu’ils sont sur le point de le devenir. Nous connaissons tous le travail exemplaire du MPCC qui cherche depuis plus de 10 ans et sur les ruines des années noires et des grises qui ont suivi, de redonner une crédibilité à ce sport. Certaines de ses actions ont porté leurs fruits mais aujourd’hui il marque le pas. Malgré le soutien historique d’ASO encourageant les équipes à adhérer à ce mouvement, nous voici contraints de constater que seulement 8 équipes World Team sur 18 adhèrent à cette charte (4 françaises et 4 étrangères) quand 16 équipes Pro team sur 17 le font. 

On en comprend tout à coup la raison... l’UCI exigeant que le Tour de France reçoive toutes les équipes World Team, celles-ci s’en tapent comme de leur première topette du MPCC puisqu’elles sont sélectionnées d’office ! Quant aux Pro Team, elles savent que si elles veulent avoir une chance d’obtenir une invitation leur adhésion sera exigée. Alors elles ne tergiversent pas, s’inscrivent d’emblée et pourront facilement en démissionner une fois ayant accédé au statut World Team comme le fit sans complexe l’équipe Alpecin Deceuninck des redoutables frères Roodhooft. 

"Le MPCC a désormais un solide adversaire : Miettes Pour un Cyclisme Critique"

Voici donc que sur notre sol, dans notre pays pionnier dans la lutte anti-dopage, nous avons le plus grand organisateur au monde qui est contraint à ne pas respecter ses propres désirs. Il peine à passer les 40% d’équipes adhérentes quand la moindre organisation Pro séries ou Classe 1 dépasse les 80 %. Qu’en déduire ? Que les initiatives c’est bien, les souhaits c’est respectable, les objectifs c’est noble, les ambitions c’est admirable, les rêves c’est beau, mais les résultats… C’est triste.

Pour les 21 victoires sur le Tour de France 2024, 5 seulement furent obtenues par des équipes adhérentes au MPCC et je n’évoque même pas sur l’ensemble de la saison World Tour (3 sur 35), pour tout dire des miettes. De quoi nous laisser incrédules. Malgré tout le respect que l’on peut avoir pour son action, prévenons le MPCC qu’il a désormais un solide adversaire qui d’ailleurs s’appelle aussi MPCC, (Miettes Pour un Cyclisme Critique.)