INTERVIEW - Stéphane Heulot : «La peur n’est pas le danger... ça doit marcher»

Par Cyclism'Actu le 10/12/2025 à 21:00. Mis à jour le 11/12/2025 à 11:10.
INTERVIEW - Stéphane Heulot : «La peur n’est pas le danger... ça doit marcher»
INTERVIEW
Photo : @CyclismActu / @TeamTotalEnergies

C'est donc officiel depuis quelques jours, le boss Jean-René Bernaudeau l'ayant officialisé lors d'une interview accordé à Ouest-FranceStéphane Heulot sera, à partir du 1er janvier 2026, le manager général de l'équipe Team TotalEnergies. Nos confrères suivent le dossier de près mais Cyclism'Actu aussi. Le Breton Stéphane Heulot, 54 ans, ancien champion de France, maillot jaune du Tour de France 1996, lui qui vient de clôturer son travail de trois années auprès de l'équipe belge, la Lotto, lui qui avait également dirigé les équipes Besson et Saur-Sojasun, entre 2009 et 2013, a expliqué à Cyclism'Actu pourquoi il a décidé de repartir au combat et dans le cyclisme ! Toute une histoire et son histoire... qui date en fait depuis si longtemps comme il l'avait expliqué sur scène lors d'un Talk Show : "Quand les masques tombent" et c'était en 2015 !

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"Je suis fan de Jean-René... je ne pouvais pas lui dire non !"

"Je rentre de Calpe en Espagne où j'ai rencontré l'équipe Team Total Energies, a expliqué Stéphane Heulot à Cyclism'Actu.  Jean-René Bernaudeau a souhaité cela car ça a fuité dans les médias donc les choses sont plus claires aujourd'hui. Tout s'est fait progressivement avec Jean-René. On s'est retrouvé sur des réflexions, sur des solutions. Jean-rené veut trasnmettre et cela est conforme au personnage. Après sauver une équipe, c'est un bien grand mot. Toutes les équipes sont en sursis en fait. Oui, c'est un challenge et je n'avais pas du tout ce projet là mais à Jean-René Bernaudeau, je ne pouvais pas dire non !"

 

"Jean-René a souhaité officialiser les choses un peu plus vite que prévu"

À 54 ans, Stéphane Heulot, ancien champion de France et maillot jaune du Tour de France 1996, faut il le rappeler tout de même, s'attaque à une sacrée mission : "Ma Mission ? C'est sauver l'équipe." Car faut-il le rappeler, la SA Vendée de Jean-René Bernaudeau a clairement son historique, fondée en 1991 avec une équipe professionnelle depuis 2000 (Bonjour, Brioche la Boulangère, Bouygues Telecom, Bbox, Direct Énergie, TotalEnergies) où sont passés entre autre Thomas Voeckler, Sylvain Chavanel, Pierre Rolland... pour ne citer qu'eux. L'équipe de J-R et désormais de Stéphane Heulot qui va disputer (normalement) en juillet 2026 son 27e Tour de France de suite.

 

Salut Stéphane, merci de prendre quelques minutes. Vous venez de rentrer de Calpe, en Espagne. Vous avez rencontré votre nouvelle équipe à partir du 1er janvier, c’est bien TotalEnergies ?

Oui, tout à fait. Jean-René (Bernaudeau, ndlr) a souhaité officialiser les choses un peu plus vite que prévu. Il y a eu quelques indiscrétions dans les médias, donc c’est vrai que c’était un peu compliqué à gérer en interne et en externe. Maintenant, les choses sont claires.

 

Au final, vous aviez prévu d’enchaîner aussi vite sur un nouveau projet vélo parce que vous vouliez vous laisser du temps du côté de la Bretagne pour aller à la pêche. Les jours sont comptés, maintenant ?

Oui, ce sont des rencontres de vie. Les choses avec Jean-René se sont faites progressivement. On a toujours eu une connexion sur divers sujets et on échangeait régulièrement. Après le Tour de France, il avait eu écho de mon départ et on s’est retrouvés sur des solutions, des réflexions, notamment parce qu’il m’avait confié que Total arrêterait fin 2026. Il voulait absolument remettre toutes les choses en route et transmettre de manière positive à tout son staff. J’ai trouvé ça conforme au personnage. On a déjà rencontré plusieurs personnes, parfois de manière informelle, avec de vraies valeurs. C’est comme ça que les choses ont commencé.


Sacré défi quand même, Stéphane, sacré mission. Aller chercher des partenaires après 2026 pour sauver une équipe TotalEnergies, surtout dans la conjoncture économique actuelle… On connaît l’historique de ce qu’a créé Jean-René Bernaudeau.

« Sauver », c’est un mot fort. Toutes les équipes sont en sursis, on le sait : le modèle du cyclisme repose sur le sponsoring, c'est assez délicat, et on ne vit jamais à très long terme. Oui, c’est un challenge. Je n’avais pas du tout ce projet-là, sincèrement. J’ai eu trois années très chargées, pas toujours simples non plus. Une fois qu’on met un pied là-dedans, ce n’est jamais facile. Je n’ai jamais eu la conviction de m’asseoir sur mes lauriers. C’est passionnant, stressant, énergivore… mais c’est un métier qu’on aime. On ne peut pas le faire à moitié : c’est 1 000 %, sinon mieux vaut faire autre chose.

 

"Il faut être crédible à tous niveaux"

Sans être indiscret : il y a déjà des touches ? Comment s’organise votre quotidien à partir de ce mercredi 10 décembre 2025 ?

C’est d’abord la découverte des équipes. Le sportif est parfaitement géré avec Benoit Genauzeau, le pôle performance, les directeurs sportifs. Aujourd'hui, il faut amener un maximum de sérénité le plus tôt possible. Le quotidien, c’est réactiver le réseau, s’imprégner des valeurs et du projet, faire grandir tout ça. Oui, il y a déjà eu plusieurs rendez-vous, uniquement Jean-René, moi et le prospect : qui était plus un rendez-vous de découverte, une présentation de ma part, et Jean-René avait déjà entamé des démarches avec son équipe. On affine aussi le projet avec son staff. La priorité, c’est de trouver le bon partenaire : pas aller vite, mais trouver le prospect, le partenaire, capable d’accompagner un véritable projet tel qu’on a envie de le développer ensemble.


On a encore en tête l’histoire de B&B Hotels… Tout semble compliqué pour le cyclisme français en ce moment. Pas de crainte de ne pas trouver ? Quel est votre niveau de confiance ?

La peur n’écarte pas le danger. On sait que ce n’est pas dans un baril de lessive qu’on va trouver le ticket gagnant. Ça fait partie de tout un ensemble. Il faut être crédible à tous niveaux. Dans la recherche de sponsors, il y a le passé, les recommandations qu’on peut obtenir des anciens sponsors. Et je suis estomaqué de voir la capacité de Jean-René à rassembler tous ses anciens sponsors, décideurs passés et présents, autour d’une table pour parler cyclisme et de la situation générale. Parce que c’est toujours bon de s’écarter un peu du mur. On est dans un système très fermé, et avoir accès aux visions d’entrepreneurs aussi prestigieux que ceux qu’il a pu rencontrer, c’est très intéressant. Et recevoir leurs recommandations aujourd’hui, après 26 ou 27 ans, ce n’est pas commun. La crédibilité est certaine à ce niveau-là.


Est-ce que ce ne serait pas l’un de vos plus grands défis, finalement, d’aller chercher des partenaires pour faire perdurer une équipe ?

Probablement le plus enthousiasmant aujourd’hui. Les trois dernières années m’ont épaissi le cuir, apporté une énorme expérience. Ça a été dur mais extrêmement enrichissant. J’en suis reconnaissant. Me retrouver avec quelqu’un comme Jean-René, Sans être dans le fanatisme, mais c’est vrai que je l’admirais beaucoup après Louison Bobet, déjà à l’époque de mon père, qui a couru avec lui. Je l'ai admiré à la création du Vendée U. C’était un modèle pour moi quand, de notre côté, on développait SuperSport 35 puis Sojasun Espoirs. C'était les valeurs de droiture, de refus des coalitions, tout ça forge des hommes. On est dans une démarche de maturité lente. Il y a toujours une bonne part de réalisme. Et comme le dit souvent Jean-René : un médecin commence sa carrière à 30 ans ; un cycliste, souvent, la termine. Il y a une vie après le vélo. Les vrais ambassadeurs du cyclisme sont souvent les anciens coureurs qui rebondissent.


Cyclism’Actu était ce mercredi à Majorque auprès de l’armada Red Bull-BORA-Hansgrohe. Elle sera samedi avec UAE… Quand on est manager d’équipe et qu’on cherche un partenaire pour faire perdurer une formation, est-ce que ça motive ou est-ce que ça frustre lorsqu’on cherche un sponsor ?

Non, on est dans une autre démarche. Je me souviens de ce que m’avait dit José Miguel Echávarri à l’époque de Banesto : ses meilleures années, il les a vécues quand il n’avait pas les plus grands coureurs du monde. Parce que quand tu as le meilleur coureur du monde, tu es forcément le meilleur directeur sportif du monde, c’est assez simple. À l’époque, il y avait Pedro Delgado et Miguel Indurain. C’est souvent dans les situations complexes, avec des coureurs qui ne font pas parti du gratin, qu’on va révéler un vrai bon coureur. On n’a pas la capacité de s’offrir un top 5 mondial, mais on peut le construire pour demain. D’où l’importance de la base : Vendée U, les liens avec le CREF… il est important de solidifier la base. Le cyclisme amateur souffre énormément. On en vient tous les deux, donc on ne l’oubliera jamais. On va se battre pour connecter au mieux cette base avec le cyclisme de haut niveau, qui est à mon sens trop oublié.


Et alors… confiance pour 2026 ? Quelques craintes ou l’excitation du gros chantier ?

J’étais épuisé en fin de Tour, pas découragé, mais besoin de me déconnecter. Et aujourd’hui, le 10 décembre, je suis motivé comme un cadet. J’ai hâte de rentrer pleinement dans le vif du sujet. On y est déjà, mais les concrétisations vont arriver dans les prochaines semaines. Comme je le disais : la peur n’est pas le danger. On connaît les enjeux, mais on avance avec optimisme, confiance, et surtout confiance en nos valeurs et en notre projet. Donc oui : ça doit marcher.

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