Dopage - Le MPCC met en garde l'UCI sur «l'usage excessif de médicaments»
Par Titouan LABOURIE le 22/12/2025 à 17:09
Le Mouvement pour un cyclisme crédible (MPCC) tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Dans un contexte où la performance atteint des niveaux toujours plus élevés, l’organisation se dit préoccupée par ce qu’elle qualifie d’"usage excessif de médicaments" au sein du peloton professionnel. Le MPCC pointe la multiplication de produits situés dans une "zone grise" réglementaire, dont l’utilisation interroge autant sur le plan médical qu’éthique. Face à cette dérive potentielle, le mouvement appelle l’Union cycliste internationale (UCI) à prendre ses responsabilités et à mettre en place des interdictions préventives, le temps que des enquêtes approfondies permettent d’en évaluer les effets et les risques.
Vidéo - Roger Legeay, ancien président du MPCC
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Le communiqué du MPCC :
"Le MPCC s’inquiète de plus en plus de l’usage excessif de médicaments dans le cyclisme et appelle son instance dirigeante à agir face à la zone grise qui n’a de cesse de s’étendre.
Cette zone grise renvoie à des substances et des traitements médicaux qui ne sont pas encore interdits par l’AMA, mais qui posent de sérieuses questions éthiques lorsqu’ils sont utilisés par des athlètes en bonne santé plutôt que par les patients malades auxquels ils sont destinés. Le cyclisme a besoin que l’UCI agisse rapidement et de manière décisive pour protéger à la fois la crédibilité du sport et la santé du peloton — afin qu’aucun coureur ne se sente contraint de recourir à des produits douteux simplement pour rester compétitif.
Les délais souvent très longs des processus antidopage, sans mesures concrètes et rapides, laissent chaque année un vide réglementaire. Diverses substances peuvent ainsi être utilisées malgré de tenaces incertitudes sur leurs effets sur la santé ou leurs impacts potentiellement améliorateurs de performance. Une approche plus sûre ne serait-elle pas d’interdire un produit pendant la période d’investigation puis, une fois qu’il est établi qu’il est sain de le prescrire, d’en autoriser l’usage ?
Le dernier exemple en date concerne les cétones, au cœur du débat sur la crédibilité du sport depuis 2017, année où les premières études scientifiques sur le sujet ont été publiées. Le MPCC a pris une position claire, demandant à ses membres de ne pas utiliser ce produit ; près de deux ans plus tard, l’UCI a émis un « avis de non-recommandation » dans l’attente d’analyses complémentaires. De nombreuses équipes et coureurs ont ignoré cette recommandation, certains allant même jusqu’à nouer des partenariats commerciaux avec des fournisseurs de cétones.
Le 25 octobre 2025, l’UCI a publié un communiqué réaffirmant sa position de non-recommandation concernant l’usage des cétones. Cela reste une recommandation, et non une règle médicale ou un règlement antidopage visant à interdire (ou autoriser) spécifiquement ce produit — ce qui ne permet malheureusement pas de clore le débat.
Les rumeurs autour des « bidons de fin de course » réapparaissent dans le peloton, avec des substances questionnantes qui seraient mélangées puis distribuées afin de préparer les coureurs pour le final. À cela s’ajoute l’inquiétude concernant d’autres médicaments potentiellement détournés, tels que le Tapentadol — jusqu’à dix fois plus puissant que le Tramadol (interdit en compétition par l’AMA après douze années de lobbying du MPCC). L’UCI assure désormais une surveillance particulière de ce produit, mais doit-on encore attendre le résultat d’analyses interminables pendant que la santé des coureurs est en danger et que les chutes se multiplient ?
Les autorités ont pourtant déjà démontré leur capacité à agir rapidement : par exemple, l’usage non diagnostique du monoxyde de carbone, apparu lors du Tour de France 2024, sera inscrit par l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) comme méthode interdite à partir de 2026.
Ce qui est clair, c’est que tant que la zone grise perdurera, la crédibilité du cyclisme continuera d’être mise à mal et la santé des coureurs restera menacée.
La position du MPCC demeure inchangée : la médicalisation excessive des coureurs est un problème majeur qui nécessite des actions concrètes. Le MPCC exhorte l’UCI à établir une position claire et réglementée sur un ensemble de produits (médicaux) appartenant à la zone grise, ou sur des produits spécifiques tels que les cétones. Le MPCC est prêt à travailler étroitement avec l’UCI et à soutenir tout progrès dans cet enjeu crucial pour l’avenir de notre sport.
En ce qui concerne les cétones, la position des membres du MPCC, partagée par la majorité lors de son Assemblée Générale du 22 octobre à Paris, est que le débat sur ce produit doit désormais être clos. Les membres du MPCC relaieront la recommandation de l’UCI de ne pas utiliser les cétones et n’accepteront pas de partenariats dans ce domaine."

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