Route - Jordan Jegat : «Je n’ai jamais levé les bras chez les pros, donc…»
Jordan Jegat, du Team TotalEnergies, s'est exprimé chez nos confrères de RMC Sport à l'aube de la saison 2026. Il dresse un bilan très positif de sa saison 2025 marquée par un top 10 au classement général du Tour de France comme point d'orgue. Il évoque la préparation de sa future saison, ses objectifs, sa présence ou non sur la prochaine Grande Boucle, sa relation avec Kevin Vauquelin (INEOS Grenadiers), locomotive du cyclisme tricolore, et la cojoncture économique du cyclisme.
Vidéo - Jordan Jegat, 10e du dernier Tour de France 2025
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"Dans le sport de haut niveau il n'y a rien d'acté"
Le coureur de 26 ans sort d'une saison prometteuse. Sa 6e place sur le Tour de l'Ain et sa 10e sur le Tour de France ont mis en lumière de très belles aptitutes d'endurance et de resistance. Espérons que 2026 les confirme. Jegat se projette sereinement mais investit et soucieux de convaincre ses dirigeants de participer aux plus belles courses, même si des inconnus subsistent : "Officiellement je ne connais pas encore mon calendrier mais je sais les courses que je veux faire, et je connais déjà mes objectifs donc il faut axer la préparation dessus. Mon programme devrait être proche de l'an passé avec le Tour de France en objectif majeur même si ma participation n'est pas actée, Paris-Nice sera un premier test, et il y aura le Tour du Pays Basque et le Dauphiné notamment... Le parcours des mondiaux sera compliqué donc j'aimerais y participer. J'aimerais bien lever les bras, ça ne m'est jamais arrivé en 5 années pro. Cependant c'est un vrai privilège et une réelle satisfaction de suivre les meilleurs en montagne."
Ce beau mois de juillet n'est pas sorti de nul part. En 2024, Jegat s'épanouissait dans un rôle d'ange gardien de son leader Steff Cras, le fruit d'un programme hivernal très studieux, repris cette année, et associé à du renforcement musculaire et un travail spécifique en contre la montre : "Ma progression est linéaire, en 2024 je faisais 28e du Tour en accompagnant Steff Cras donc un top 15 me semblait faisable. J'aimerais bien gagner une étape aussi, j'ai eu des opportunités cette année mais j'ai loupé le coche. Mon statut me permet de faire des échappés publicitaires. J'essaie de suivre les meilleurs, le plus longtemps possible. Ma plus grosse marge de progression c'est le chrono, donc j'ai travaillé dessus, notamment en soufflerie, pour trouver une position qui allie confort et performance et j'ai fait plus de renforcement musculaire. Mais le plan reste assez similaire aux saisons passées. Je m'entraîne à Nice désormais, c'est plus montagnueux donc plus adapté à mes besoins et avec Kevin, on est proche, on est passé pro ensemble."
"Quand Vingegaard et Pogacar attaquent c'est une autre course qui commence"
Jegat aspire à des sommets que Pogacar ne semble pas disposer à lui céder. Toutefois leur entente est cordiale, et plus chaleureuse qu'avec un Vingegaard plus discret mais tout aussi sympathique : "J'ai des souvenirs d'étapes sur le Tour ou le Dauphiné où je n'avais qu'une envie, que Pogi attaque pour que le rythme se calme. Quand ils attaquent c'est une autre course qui commence. Je me souviens avoir réussi à les suivre sur l'étape du Loriant, anticipé quand ils se sont regardés mais ils ne m'ont laissé aucune marge de manoeuvre... C'est déjà une petite fierté d'en être arrivé là. En course on est chacun dans notre bulle, même si Pogacar est avenant et souriant."
Jegat conclut en parlant de la situation économique du vélo et ses conséquences dans le développement des coureurs : "Arkea B&B, beaucoup d'équipes amateurs, notamment en Bretagne. C'est à l'image de la transformation de notre sport, les jeunes passent directement de junior à la conti, et la transition est dure, le niveau de puissance demandé requiert une maturité physique que tout le monde n'a pas aussi jeune. On passera peut être à coté de futurs talents à cause de cela."

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