ITW - Dr Michel Berger : «L'arrêt cardiaque, dur à détecter»
Par Valentin GLO & Mathieu RODUIT le 30/03/2016 à 07:17
Vidéo - Florence Pommerie, médecin-chef du Tour de France en 2014
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Daan Myngheer de la formation Roubaix-Lille Métropole est décédé ce lundi à l'hôpital d'Ajaccio après un arrêt cardiaque survenu lors de la première étape du Critérium International. Joint par téléphone samedi dernier, son directeur sportif Cyrille Guimard expliquait que le coureur belge "avait réussi tous les tests médicaux" au moment de rejoindre l'équipe française. Cyclism'Actu s'est entretenu avec le docteur Michel Berger, ancien médecin sur les routes du Tour de France dans l'équipe de Gérard Porte (médecin-chef du Tour de 1982 à 2010), au sujet des problèmes cardiaques dans le cyclisme et le sport en général.
Comment expliquez-vous que les examens n'ont rien détecté chez Daan Myngheer après son malaise survenu en course en 2014 ?
Parfois, vous passez chez le cardiologue, vous passez un test d'effort, tout va bien, et vous avez un arrêt cardiaque en sortant. C'est déjà arrivé. Il existe malheureusement des causes non détectables. Mais à cet âge-là c'est souvent un trouble du rythme cardiaque sur une anomalie morphologique. S'il a eu des examens en 2014 et 2015, cela aurait déjà dû éliminer pas mal de facteurs. Soit c'est effectivement un trouble du rythme qui a amené un manque d'oxygénation, soit c'est une anomalie des artères coronaires trop fines et qui se sont bouchées trop rapidement. A-t-il eu une coronographie pour détecter cela ? Je ne sais pas.
Le professeur Xavier Jouven parle de 800 sportifs amateurs par an touchés par la mort subite. Des données en hausse par rapport aux dernières années. Pourquoi cette augmentation ?
Dans les 800 morts subites annoncées par le professeur Xavier Jouven, il y a toutes ces disciplines comme les courses à pied, les trails, qui sont très physiques et pour lesquelles les gens ne sont pas toujours très bien préparés. Certes, on touche là des personnes de 40 ou 50 ans. Ce sont souvent des personnes qui ont arrêté le sport à 25 ans et qui reprennent à 40 en pensant faire les mêmes performances. C'est là qu'ils font des bêtises. D'une manière générale, vous êtes bien moins encadré médicalement dans le sport amateur.
Quelles solutions peuvent être mises en place ?
Il faut essentiellement informer et canaliser les gens. Chez les jeunes sportifs, les plus mauvais dirigeants sont les parents qui veulent que leur enfant devienne une star, qu'il réussisse la carrière qu'eux-mêmes n'ont pas réussi. C'est quelque chose qu'on a beaucoup vu dans le cyclisme. J'ai soigné beaucoup d'enfants poussés hors de leurs limites par les parents. Et quand l'enfant réussi, il faut que la génération suivante fasse pareil. Mais ce n'est pas spécifique au vélo, vous pouvez voir ça dans tous les sports.
Est-il possible d'améliorer, de renforcer les examens médicaux et cardiologiques ?
D'un point de vue cardiologique, on fait essentiellement des électro, des tests d'effort, des échographies, etc. Cela élimine déjà beaucoup de choses. Il est évident que ce sont des examens non invasifs. Le coureur pédale, il est examiné, il n'a pas à subir l'injection d'un produit. Pour faire une radiographie des artères coronaires, autrement dit les artères du coeur, il faut injecter un produit et faire une anésthésie. Ce n'est pas anodin. Vous ne pouvez pas faire ça à chaque examen. Par contre il est certain, quand quelqu'un fait un malaise, qu'il est nécessaire d'aller jusque là même si cette personne est jeune.
Propos recueillis par Mathieu Roduit (avec Jean-François Rhein).

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