Interview - L'Entretien Élisabeth Chevanne : «On mérite de devenir WorldTour»

Par Titouan LABOURIE le 20/05/2024 à 20:00. Mis à jour le 23/05/2024 à 08:46.
Interview - L'Entretien Élisabeth Chevanne : «On mérite de devenir WorldTour»
Interview
Photo : @Cyclismactu / CyclismActu.net

Connaissez-vous Élisabeth Chevanne ? Il s'agit de l'une des figures emblématiques du cyclisme féminin en France. La Bourguignonne a tout d'abord eu une grande carrière de coureuse dans les années 1990-2000. Elle a notamment été sacrée Championne du Monde Juniors et Championne d'Europe Espoirs, avant de remporter plus tard une étape du Tour de France féminin (qui s'appelait à l'époque "La Grande Boucle féminine internationale", ndlr). Depuis quelques années, Élisabteh Chevanne est revenue à l'actualité, puisqu'elle a pris le rôle de directrice du Tour Féminin International des Pyrénées. Après une première édition en 2022 qui s'est très bien passé, 2023 a tourné au fiasco. Mais rien ne peut décourager celle qui vit désormais en région paloise, puisqu'elle continue l'aventure en 2024, avec la 3e édition du TFIP (14 au 16 juin). C'est à cette occasion que Cyclism'Actu est allé la rencontrer, pour revenir sur son parcours et ces derniers mois agités. L'Entretien Cyclism'Actu avec Élisabeth Chevanne, c'est maintenant.

Vidéo - L'Entretien Cyclism'Actu avec Élisabeth Chevanne

 

Pour ceux qui ne vous connaissent pas, est-ce que vous pouvez vous présenter ?

Je suis une ancienne cycliste, pas professionnelle, puisqu'à l'époque le professionnalisme n'existait pas. Mais j'ai fait 18 ans de cyclisme au plus haut niveau. J'ai remporté une soixantaine de courses, puis j'ai arrêté en 2006. En parallèle, je travaille chez Orange depuis 2002. Et il y a 5 ans de ça, on a décidé avec Marion Clignet de créer l'Association Française des Coureurs Cyclistes (AFCC), qui a pour but de professionnaliser les femmes cyclistes. En même temps, j'ai décidé de créer le Tour Féminin International des Pyrénées, parce qu'il manquait des courses par étapes dans le calendrier. Mais comme on ne pouvait pas tout cumuler, j'ai quitté l'AFCC pour créer une nouvelle association le 2 novembre 2023, qui est le Comité d'Organisation de Tour Féminin International des Pyrénées.

 

D’un point de vue général, qu’est-ce que vous pensez de l’évolution du cyclisme féminin ?

Ça a énormément évolué, notamment avec l'arrivée du Tour de France Femmes avec Zwift. A mon époque, ce n'était pas du tout pareil, j'ai participé à 14 Tour de France, mais ce n'était pas du tout médiatisé comme ça l'est maintenant. Et puis ça s'est structuré, avec des équipes professionnelles, à l'équivalent de ce qu'ont les hommes. Aujourd'hui, les femmes gagnent très bien leur vie.

 

Vous êtes désormais directrice du Tour Féminin International des Pyrénées. Pour revenir chronologiquement sur les faits, vous avez lancé cette épreuve en 2022, la première édition s’est très bien passé. Puis en 2023, ça a quelque peu tourné au fiasco. Que s’est-il passé ?

Déjà, on n'a pas eu de chance, avec une chute dès le début de la 1ère étape, qui n'a rien à voir avec la sécurité. Puis d'autres problèmes à cause de motards, qui n'ont pas fait leur travail. Il n'y avait que deux gendarmes, ce qui n'était pas suffisant pour l'épreuve. Des voitures sont alors rentrées sur la route, heureusement il n'y a pas eu d'accidents, mais ça a créé beaucoup de tension. A l'arrivée à Lourdes, il manquait également quelques signaleurs et la police. Tout ça a généré beaucoup de mécontentement de certaines filles. C'est déjà arrivé sur d'autres courses WorldTour, nous on ne méritait pas ça. On a fait une réunion avec CPA, pour expliquer que tout ça aller être rectifié dès le lendemain.

Sur la 2e étape, tout se passait bien, mais on n'a encore une fois pas eu de chance. Puisqu'une bétaillère est arrivée et a bloqué la moitié de la route. Les filles se sont alors emportées en disant "ça continue", mais là ce n'était pas de notre fait. Elles ont décidé de neutraliser la course jusqu'aux 19 derniers kilomètres, pour faire la dernière montée d'Hautacam à fond. Le soir même 3-4 filles ont créé un groupe, qui a fait monter la mayonnaise et elles ont demandé au CPA de réclamer l'annulation de la course auprès de l'UCI. On n'a rien pu faire. Pour moi, c'est une décision politique, ils se sont servi de notre course pour dire "l'UCI sait annuler des épreuves". C'était une décision dure, puisqu'on est tous des bénévoles, moi je ne vis pas de ça. L'ensemble de l'organisation a vraiment été touchée. Je comprends la sécurité, mais ça ne méritait pas une annulation et il y avait beaucoup de filles qui voulaient continuer à courir.

 

Dans les semaines qui ont suivi cet échec, que s’est-il passé en interne, est-ce que vous avez directement pensé continuer l’aventure ?

J'ai un peu subi, le soir de la dernière étape j'ai accusé le coup. Je ne pensais pas que le Club de Lescar (club support de la course, ndlr) n'allait pas repartir. Mais dans ma tête, je n'ai jamais pensé que j'allais arrêter. Je ne voulais pas abandonner, parce que c'est quelque chose qui me tient vraiment à coeur. C'est pour le développement du cyclisme féminin que je fais ça, c'est pour ça que j'ai tenu. Les équipes, l'UCI, la Fédération Française de Cyclisme... m'ont soutenu. Avec mon réseau, tout doucement je me suis entouré et j'ai créé un nouveau comité d'organisation.

 

Quand on voit ce qu’il s’est passé en 2023, on se dit qu’il faut un peu être fou pour vouloir continuer cette aventure…

Je ne pense pas être folle. Ce n'était pas une grosse catastrophe, il n'y a pas eu de chute ou d'accident à cause de la sécurité. Il y avait des choses qui n'allaient pas et je savais comment les corriger, c'est ce que j'ai mis en place. Je suis quelqu'un de passionné, qui a vraiment envie de développer le cyclisme féminin. Je n'étais pas toute seule et mon esprit de combatantte a fait que j'ai continué.

 

Est-ce que ce n’était pas trop compliqué de retrouver du monde pour organiser la course, pour trouver des sponsors… ?

Ça a été difficile. Il y a des partenaires qui sont partis. Il y en a d'autres qui étaient prêts à partir et qu'il a fallu convaincre de continuer. Ce n'était pas simple, j'ai passé des heures à batailler. Mais, malgré tout, j'ai toujours été soutenue.

 

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour cette édition 2024 et pour la suite ?

Sa réussite, que les filles délivrent de belles émotions, qu'on ait beaucoup de public au bord des routes pour les encourager... Et que la course se pérénnise dans le temps. C'est une épreuve qui mérite d'être dans le calendrier et de devenir WorldTour.

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