Equipes 2015 - Team Giant-Alpecin, la culture de la gagne
Par Antonin AUVINET le 28/01/2015 à 12:15
Véritable machine à succès, au nombre de 41 la saison passée, la Team Giant-Alpecin a remplacé cet hiver l'équipe Giant-Shimano. La formation World Tour, qui a changé de nationalité, est portée par le duo allemand Marcel Kittel - John Degenkolb, symbole d'un renouveau du cyclisme dans ce pays touché il y a quelques années par de multiples affaires de dopage. Cette année, les ambitions ne devraient pas manquer pour les 27 coureurs de l'équipe.
Kittel - Degenkolb, duo redoutable
En l'absence de leader capable de remporter un grand Tour, l'équipe Giant-Alpecin est parvenue à se faire une place dans le World Tour grâce à son duo de sprinters omniprésent tout au long de la saison (23 succès à eux deux en 2014).
Le premier,
Marcel Kittel, s'impose depuis deux années comme le coureur le plus rapide du monde. Doté d'un physique impressionnant, l'Allemand s'éclate dans les sprints, bien aidé par un train rôdé pour la gagne. Fer de lance de la formation d'Iwan Spekenbrink, le natif d'Arnstadt a enlevé huit étapes du Tour de France ces deux dernières années. Double vainqueur aux Champs Elysées, ce dernier est venu briser la série de quatre succès consécutifs du Britannique Mark Cavendish, signe d'une succession à la tête du sprint mondial. Cette année, le coureur de 26 ans s'est illustré lors de son entrée en matière, en remportant la People's Choice Classic en Australie. Un peu en retrait sur le Tour Down Under, où il était pourtant attendu, ce dernier se rendra en février sur le Tour du Qatar, puis sur Paris-Nice le mois suivant où il devrait être confronté aux principaux sprinters mondiaux. Il poursuivra par la participation à quelques flandriennes dont Paris-Roubaix. Son objectif de saison est encore loin. Il s'agit en effet du Tour de France, son terrain de chasse favori depuis peu.
A ses côtés, un autre homme rapide fait son nid à la tête de l'équipe Giant-Alpecin. John Degenkolb, 26 ans également, devient peu à peu un redoutable classicmen. Vainqueur de Gent-Wevelgem et second de Paris-Roubaix en 2014, l'Allemand s'est également montré très costaud sur la dernière Vuelta en remportant quatre étapes qui lui ont notamment permis d'endosser le maillot vert à Saint-Jacques-de-Compostelle. N'oublions pas qu'il avait doublé avec le Tour de France où il est venu prendre deux secondes places, sur des étapes où Marcel Kittel s'était fait distancé au cours de la journée. Une complémentarité parfaite que l'on devrait retrouver sur quelques compétitions cette année. En effet, Degenkolb reprendra en février avec un bloc qui devrait lui convenir : Tour de Dubaï, Tour de Murcie et Tour d'Andalousie. Ensuite, il devrait se présenter au départ de Paris-Nice aux côtés de Kittel. Si ces derniers y arrivent en forme, il sera difficile de les battre. Fin mars, Degenkolb sera aligné sur Milan-San Remo où il pourrait faire figure de favori. Quelques semaines plus tard, il défendra son titre sur Gent-Wevelgem avant de faire feu sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, des classiques qui lui tendent de plus en plus les bras. Puis, en juillet, le duo de la Giant-Alpecin pourrait à nouveau se retrouver sur le Tour de France, où les ambitions ne devraient pas manquer pour ces deux-là. S'ils semblent plus que jamais protégés, l'équipe Giant commence à faire ses armes sur les courses par étapes grâce à un Français de 23 ans, Warren Barguil.
Barguil, en route pour le Tour
En recrutant le Breton Warren Barguil en 2013, la formation World Tour s'est renforcée en montagne pour pouvoir jouer le classement général des tours. Pour sa première année chez les pros, on se souvient qu'il avait été étincelant sur la Vuelta avec deux succès obtenus avec panache. Epatant et offensif, le vainqueur du Tour de l'Avenir 2012 n'aura pas mis longtemps à confirmer le bien qu'on pensait de lui. L'année dernière, il a pourtant été une nouvelle fois écarté du Tour de France par son équipe. Si certains ne comprenaient pas cette décision, elle était cependant justifiée par le fait qu'il lui aurait été difficile de s'épanouir dans une formation misant tout sur les sprints. Devant patienter une année supplémentaire pour réaliser son rêve de gosse, le jeune Warren s'est présenté au départ de la Vuelta avec comme objectif un Top 15 à Saint-Jacques-de-Compostelle. Mieux que ça, Barguil s'est surpassé durant trois semaines, n'hésitant pas à jouer les premiers rôles pour finalement terminer huitième derrière un Top 5 de très haute qualité : Contador, Froome, Valverde, Purito et Aru ! En prime, il a été actif tout au long de la saison avec une neuvième place sur le Tour de Catalogne, une sixième place sur le Tour de Pékin et un Top 20 sur les mondiaux de Ponferrada. Néanmoins, pour briller, Barguil doit s'améliorer en contre-la-montre, une discipline où il perd beaucoup sur certains Tours. Bien que son tempérament d'attaquant lui permet de faire le nécessaire pour réparer ce manque, le breton a encore plusieurs années devant lui pour le travailler et essuyer ces carences.
Précoce, Barguil voit encore plus grand cette saison. En novembre dernier, son équipe lui a promis une participation à la prochaine Grande Boucle, où le tracé devrait lui correspondre. S'il n'y a jamais goutté, il n'y a aucun doute sur le fait qu'il sera prêt pour cet évènement. En attendant juillet, le grimpeur débutera mi février sur le Tour d'Oman avant de prendre part à Paris-Nice et au Tour de Catalogne, des tours d'une semaine qui devraient lui convenir. Comme l'an dernier, les ardenaises seront à son programme, il pourrait d'ailleurs y faire quelque chose s'il est bien entouré. En 2015, c'est un Warren Barguil plus mature et assumant un rôle de coureur protégé que l'on devrait retrouver au sein de cette formation Giant-Alpecin. L'équipe allemande compte également un autre élément capable de viser des tours d'une semaine.
Tom Dumoulin, la valeur sûre
Un autre coureur ne cesse de nous impréssionner de part sa polyvalence et son efficacité tout au long de la saison. Tom Dumoulin, 24 ans, s'impose aujourd'hui comme l'un des cinq meilleurs rouleurs du monde. Logiquement titré champion des Pays-Bas du contre-la-montre en juin dernier, ce dernier est monté sur la troisième marche du podium à Ponferrada derrière Sir Bradley Wiggins et le Panzerwagen, Tony Martin. Auteur de huit podiums sur onze contre-la-montre en 2014, Dumoulin se rate rarement, une satisfaction pour son équipe.
Coureur maison, le néerlandais est également un excellent puncheur. Pour preuve, ce dernier s'est classé second du Grand Prix du Québec et sixième du Grand Prix de Montréal en septembre dernier. Sur les ardenaises, il a également terminé aux portes du Top 20 sur l'Amstel et la Flèche Wallonne, de quoi nourrir des espoirs pour la saison à venir. D'ailleurs, il a déjà effectué sa reprise la semaine dernière, sur le Tour Down Under. Très présent, le néerlandais a échoué au pied du podium, derrière le trio australien : Dennis, Porte, Evans. Un résultat qui l'a logiquement mis en confiance pour la suite de la saison. Si la globalité de son programme n'est pas encore connue, on devrait retrouver le rouleur sur Paris-Nice, aux côtés de Kittel, Degenkolb et Barguil notamment. Ces quatre coureurs sont également annoncés ensemble sur le Tour de France ! Au printemps, Dumoulin prendra part à Milan-San Remo et aux ardennaises où il devrait, espérons le, se mettre en évidence. La formation Giant-Alpecin ne manquera pas non plus de l'aligner sur les Tours d'une semaine où les contre-la-montre seront décisifs. L'occasion d'engranger des points World Tour pour cette équipe qui ne peut s'appuyer sur un leader complet.
Laars van der Haar à la découverte du World Tour
Bien que l'équipe Giant-Alpecin possède un bon nombre de jeunes talents : Barguil, Ardnt, Sinkeldam et Craddock entre autres, elle s'est renforcée cet hiver avec l'arrivée d'un prodige du cyclo-cross, le néerlandais Laars van der Haar, véritable machine de guerre sur les terrains boueux. A seulement 23 ans, son palmarès est déjà très riche en succès. Champion du Monde de cyclo-cross espoirs en 2011 et 2012, et, vainqueur de la coupe du Monde en 2014 avec trois manches dans le panier, il sera visiblement intéressant de voir ce qu'il vaut sur la route. Formé au sein de la Rabobank Development, le natif de Woudenberg va découvrir le World Tour avec seulement un succès sur route la saison passée, sur la première étape du Oberösterreichrundfahrt en Autriche. Van der Haar, qui devrait obtenir un rôle d'équipier, pourrait nous surprendre avec son gros moteur et son physique de grimpeur. Néanmoins, son programme n'est pas encore connu. En effet, ce dernier est encore en pleine saison de cyclo-cross. Il fera d'ailleurs parti des favoris au départ des championnats du Monde qui auront lieu le 1er février à Tabor.
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