INTERVIEW - Nicolas Vinokourov: «Avec mon père ou pas, je me sens bien chez Astana»
Auteur de plusieurs échappées remarquées sur le Tour d'Espagne et d’un premier top 5 en carrière sur une course par étapes ProSeries, Nicolas Vinokourov a confirmé en 2025 sa montée en puissance au sein de la formation XDS Astana. À l’heure où l’équipe kazakhe a brillamment assuré son maintien en WorldTour, le jeune coureur revient sur sa saison, sa progression et ses ambitions pour 2026. Il s’est exprimé au micro de Cyclism’Actu à l’occasion du Media Day de sa formation en Espagne.
Vidéo - Nicolas Vinokourov au micro de Cyclism'Actu
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"Cette saison je me suis fait plaisir"
Bonjour Nicolas, bienvenue sur Cyclisme'Actu. Avant de parler de tes objectifs, revenons sur ta saison 2025, marquée notamment par plusieurs échappées sur la Vuelta et une quatrième place sur le Tour de Langkawi. Quel regard portes-tu sur ta saison ?
C’est une saison globalement satisfaisante. Bien évidemment, on peut toujours faire mieux, mais je pense avoir bien aidé l’équipe tout au long de l’année. J’ai aussi pu réaliser de bonnes performances personnelles en fin de saison, avec notamment quelques échappées sur la Vuelta, qui ont été plutôt encourageantes.
Je me suis fait plaisir, j’ai pu ouvrir la route, surtout sur l’étape de l’Angliru. On ne sait jamais, avec quelques minutes d’avance, ça pouvait aller au bout, mais bon, c’est le cyclisme. En fin de saison, je suis surtout content d’avoir décroché mon premier top 5 sur une course par étapes ProSeries. Ça fait vraiment plaisir et ça montre que je progresse, même sur les courses par étapes : je grimpe bien et j’ai aussi une petite pointe de vitesse au sprint.
Aujourd’hui, on voit de plus en plus de coureurs arriver très jeunes chez les pros avec déjà de gros résultats. Toi, tu viens de terminer ta deuxième année chez XDS Astana. Comment expliques-tu le fait de ne pas avoir explosé très tôt, à 18 ou 19 ans, et de performer davantage maintenant ?
Je pense que je n’ai jamais été un phénomène chez les juniors. J’ai commencé à avoir un bon niveau en junior 2, mais je n’ai jamais eu de résultats extraordinaires. En fait, mon père, avec mon frère et moi, ne nous a jamais mis la pression. Il nous a toujours laissé une marge de progression, sans jamais en faire trop.
Il savait qu’à un moment ou un autre, on pourrait accéder à une équipe de développement. Je pense que le fait de ne pas avoir trop forcé dans les catégories jeunes pour accéder au WorldTour m’a permis d’avoir aujourd’hui une grosse marge de progression. Chaque année, je trouve que je progresse énormément. J’espère que ça va continuer.
Il y a des coureurs qui performent énormément chez les juniors et les espoirs, puis qui arrivent chez les pros avec un potentiel déjà presque maximal. Ensuite, ils ont moins de marge pour évoluer. Je pense que ça s’explique comme ça dans mon cas.
"Mon frère est très rigoureux, il fera un bon directeur sportif"
Le vélo est vraiment une histoire de famille chez vous. Ton frère a malheureusement arrêté sa carrière de coureur, mais il se reconvertit comme directeur sportif. Ça fait quoi de le voir arrêter aussi jeune ?
C’est sûr que c’est bizarre. On s’entraînait et on faisait beaucoup de courses ensemble. Mais je pense que c’est parfois un mal pour un bien. Il n’y a pas que le vélo dans la vie, l’important c’est de trouver ce qui nous rend heureux.
Et puis il reste quand même dans le vélo, ce qui est important pour lui. On ne sait pas encore pour combien de temps, mais ça lui plaît. Il est très rigoureux, très carré dans son travail, donc je pense qu’il fera un très bon directeur sportif.
C’est possible qu’il soit l’un de tes directeurs sportifs sur une course la saison prochaine ?
C’est possible, peut-être comme deuxième directeur sportif. Je ne sais pas encore, je n’ai pas son calendrier. Moi j’ai le mien, mais ça pourrait être assez drôle.
"J'ai grandi chez la Astana depuis que j'ai 8 ans"
Tu as évoqué ton père. C’est assez rare d’avoir son père comme manager général, presque comme patron. Comment le vis-tu ?
Certains diront que ça met de la pression, d’autres que ça fait l’inverse. Moi, honnêtement, je ne ressens pas grand-chose de particulier. J’ai grandi chez Astana depuis que j’ai 8, 9 ou 10 ans. J’ai toujours été dans l’environnement de l’équipe : les courses, les stages, les training camps.
J’ai évolué au sein de cette structure et, au final, toute l’équipe est comme une famille pour moi. Mon père ou pas, je me sens vraiment chez moi ici. Je suis très à l’aise, et ça me permet d’avoir un cadre de travail de grande qualité pour progresser.
"Tour le monde nous voyait déjà en ProTeam"
L’équipe a réalisé une énorme saison 2025 alors que beaucoup vous voyaient déjà relégués. Vous avez réussi à rester en WorldTour. Qu’est-ce que ça fait de faire partie de ce projet et de cet exploit ?
Ça fait vraiment du bien. Beaucoup de gens ne s’y attendaient pas. On a mis en place un plan très concret et ça a fonctionné. Tout le monde nous voyait déjà en ProTeam pour les trois prochaines années, mais c’était une erreur.
Dès le début de saison, on a très bien scoré. Et pas seulement sur les petites courses : on a aussi marqué des points et gagné sur de grandes épreuves. C’est une vraie fierté de faire partie de ce projet.
Pour 2026, quels seront tes principaux objectifs personnels ?
J’ai plusieurs objectifs. J’aimerais être performant aussi bien en début de saison qu’en deuxième partie d’année. Il y a bien sûr les Championnats d’Asie en février, où j’aimerais viser la victoire. Ensuite, il y aura les Championnats du Kazakhstan et peut-être les Jeux Asiatiques en fin de saison.
Tout au long de l’année, je veux aussi performer sur les courses européennes, et notamment sur la Vuelta si je suis sélectionné.
"Je finirai ma saison par le Tour de Pologne puis la Vuelta"
Est-ce que tu peux nous donner ton programme pour les six premiers mois de la saison ?
Si tout se passe bien, je commencerai en Arabie Saoudite, puis j’enchaînerai avec les Championnats d’Asie sur place. Ensuite, je ferai la Drôme Ardèche, Paris-Nice, puis le Tour de Turquie, la Boucle de la Mayenne, le Tour de Belgique et les Championnats Nationaux.
Il y aura ensuite une petite pause en juillet, avant de repartir sur le Tour de Pologne et la Vuelta. C’est le programme prévu pour le moment.
Un mélange donc entre des courses asiatiques et de grosses courses européennes ?
Exactement. En Asie, je serai sans doute davantage attendu pour performer, alors qu’en Europe, l’objectif sera surtout d’aider l’équipe, tout en saisissant les opportunités si elles se présentent.
Dernière question : qu’est-ce qui ferait de ta saison 2026 une saison pleinement réussie ?
Ma première victoire professionnelle. Clairement. Si elle arrive en Europe, ce serait une saison vraiment réussie. En Asie, je serais déjà très heureux, mais gagner en Europe aurait une saveur particulière.

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