INTERVIEW - Daniel Mangeas : «Je reviens de loin... je veux revoir mes amis»

Par Titouan LABOURIE le 27/12/2025 à 19:10. Mis à jour le 27/12/2025 à 20:30.
INTERVIEW - Daniel Mangeas : «Je reviens de loin... je veux revoir mes amis»
INTERVIEW
Photo : @Cyclismactu / CyclismActu.net

Marqué par un AVC survenu début 2025, Daniel Mangeas entame un retour progressif au micro. La voix emblématique du cyclisme français s'est confié auprès de Cyclism’Actu, dont il est le parrain et aussi notre chroniqueur depuis de nombreuses années. Cette reprise mesurée, ses prochaines courses, son regard sur la saison écoulée, l’impact majeur de Pauline Ferrand-Prévot, l’émergence de Paul Seixas et cette passion intacte pour le vélo qui continue de guider ses pas à l’approche de la saison 2026... Daniel Mangeas a évoqué tous ces sujets, dans un long entretien : "Le vélo fait partie de ma vie et je voulais donc rentrer progressivement, non pas forcément dans un rythme, mais reprendre quelques petites courses, sur des rendez-vous avec des amis qui m’ont apporté un soutien énorme. Je vais déjà reprendre des courses en binôme, avec des copains speakers comme Damien Martin notamment. Quelques épreuves en binôme. Il y a aussi l’envie de réussir ma sortie, car elle avait été brutalement interrompue par cet AVC. J’ai envie de faire cette sortie de manière très simple, pas brillante, ce n’est pas le mot, mais surtout revoir mes amis."

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"Envie de réussir ma sortie, qui avait été brutalement interrompue par cet AVC"

Comment allez-vous, Daniel Mangeas ?

Ça va de mieux en mieux, mais je reviens de loin.

 

Vous terminez l’année 2025 avec Cyclism’Actu. Que retenez-vous de ces douze derniers mois ?

Je vais commencer par ce que la vie m’a imposé récemment et de manière totalement inattendue, un AVC. Malgré cela, j’ai décidé de commenter quelques épreuves, pour retrouver un petit peu de confiance, mais aussi pour retrouver les amis. Je crois que c’est ça le plus important dans la vie. D’ailleurs, je voudrais remercier tout le monde, parce que j’ai reçu énormément de soutiens, qui m’ont vraiment accompagné. J’ai voulu reprendre un tout petit peu, parce que cela permet d’éviter une rupture trop brutale. Le vélo fait partie de ma vie et je voulais donc rentrer progressivement, non pas forcément dans un rythme, mais reprendre quelques petites courses, sur des rendez-vous avec des amis qui m’ont apporté un soutien énorme.

 

Concrètement, que signifie reprendre un petit peu ?

Je vais déjà reprendre des courses en binôme, avec des copains speakers comme Damien Martin notamment. Quelques épreuves en binôme. Il y a aussi l’envie de réussir ma sortie, car elle avait été brutalement interrompue par cet AVC. J’ai envie de faire cette sortie de manière très simple, pas brillante, ce n’est pas le mot, mais surtout revoir mes amis.

 

Quelles courses sont prévues à votre programme ?

Je ferai le Tour du Finistère, puis les Boucles de l’Aulne à Châteaulin avec Éric Leblacher. Ensuite, je ferai le Franco-Belge avec un copain, ainsi que Bessèges.

 

Tout va donc débuter à Bessèges ?

Je vais d'abord reprendre au Grand Prix de la Marseillaise. C’est la première course que je vais faire, et mon AVC est survenu le jour même où je devais reprendre le Grand Prix de la Marseillaise. Donc, sentimentalement, ça va être quelque chose de très fort, et vraisemblablement très émotionnel. Puis l'Étoile de Bessèges, parce que pour moi c’est un lien familial très fort. J’étais très ami avec Roland Fangille, que j’ai très souvent dans mon esprit. Nous étions de très bons amis, de très bons copains. C’est une épreuve sur cinq jours, et c’est quelque chose de très important pour moi.

 

"Pauline Ferrand-Prévot est différente de Jeannie Longo"

Sur le plan sportif, qu’avez-vous retenu de cette saison 2025 ?

Moi, j’ai retenu une femme : Pauline Ferrand-Prévot. Elle a réalisé un parcours exceptionnel avec le maillot jaune. Elle a été multiple championne du monde et elle a fait un parcours absolument sublime. Elle aura été véritablement exceptionnelle. Même si, en début d’année, j’ai été un petit peu en tourmente avec cet AVC, notamment mentalement, les choses se sont clarifiées par la suite. Pour moi, Pauline Ferrand-Prévot est une championne exceptionnelle.

 

Vous l’avez rencontrée récemment ?

Oui, j’ai eu l’occasion de la rencontrer il y a quelques semaines. Elle a savouré ses performances et ce qu’elle a accompli. Elle a aussi conscience d’avoir réussi quelque chose de beau. Je ne sais pas si elle va continuer encore très longtemps, mais pour le moment, ça semble être le cas. Ce qu’elle a réalisé cette année, elle l’avait prévu, elle le voulait, et elle l’a réussi. C’est fondamental dans une carrière.

 

Comment analysez-vous l’évolution du cyclisme féminin, dont elle est aujourd’hui la figure de proue ?

Je trouve ça absolument phénoménal. Il y a eu un public qui est arrivé de lui-même. À une époque, on disait que c’étaient les hommes qui amenaient le public. Aujourd’hui, un public est allé voir les femmes pour elles-mêmes. Cela leur a permis d’obtenir des victoires et surtout une reconnaissance. Il y a eu une émotion palpable du côté des coureuses. Aujourd’hui, c’est peut-être la plus belle réussite du cyclisme féminin : exister par elles-mêmes. Ça a été quelque chose de très fort.

 

Vous avez connu Jeannie Longo et Pauline Ferrand-Prévot. Comment les comparez-vous ?

Jeannie Longo était très refermée sur elle-même. Elle avait parfois un caractère difficile, mais c’était surtout du caractère. Personnellement, je n’ai jamais eu de problème avec elle, elle a toujours été très sympathique avec moi, et je la remercie pour ça. Pauline Ferrand-Prévot est différente. Elle est plus rayonnante, plus ouverte, plus joyeuse. Jeannie était enfermée dans un carcan, elle n’en sortait pas. Pauline paraît beaucoup plus enjouée. Ce sont des traits de caractère différents, mais deux immenses championnes.

 

"Paul Seixas et Bernard Hinault, c'est la même ligne..."

Paul Seixas doit-il courir le Tour de France 2026 selon vous ?

Pour moi, non. Je pense qu’il ira plutôt sur la Vuelta. Je l’ai rencontré très jeune, à la PolyNormande Cadets, où il portait le maillot de champion de France. Il était très sympathique, vraiment adorable. Quand on voit le parcours qu’il a réalisé ensuite, avec les championnats du monde, les championnats d’Europe, il a marqué les esprits. À seulement 19 ans, ce qu’il a accompli est phénoménal. Il sait qu’il est attendu, mais il a su gérer. Il a gagné le Tour de l’Avenir, il voulait cette victoire. Même après une journée difficile, il est allé la rechercher. Il a un tempérament exceptionnel et il semble très bien maîtriser sa carrière, ce qui est fondamental dans un cyclisme de plus en plus stressant.

 

Voyez-vous des similitudes avec Bernard Hinault, dernier vainqueur Français du Tour de France ?

Oui, clairement. Bernard Hinault, on le sentait arriver. Je l’avais vu très jeune et il avait déjà montré de grandes choses. On le sentait arriver. Bernard Hinault avait un caractère très fort, capable de déplacer des montagnes. Paul Seixas paraît plus calme, plus introverti peut-être, ou simplement plus maître de lui-même. Mais je pense qu’ils suivent la même ligne : celle des coureurs qui veulent gagner le Tour de France. Bernard Hinault l’a fait, et Paul Seixas me semble tout à fait capable d’y parvenir un jour.

 

Qu’attendez-vous de la saison 2026 ?

J’attends beaucoup de cette génération française. Kevin Vauquelin, en espérant qu’il ait bien digéré le Tour de France et sa blessure. Romain Grégoire, Axel Laurance, Valentin Madouas sont des coureurs de grand talent. J’attends aussi Paul Magnier. C’est un champion exceptionnel. Je l’ai vu au Grand Prix de Fourmies, où il a montré des qualités de finisseur impressionnantes. Je ne sais pas s’il fera le prochain Tour de France, mais il est clairement au-dessus de la mêlée.

 

Quel message souhaitez-vous adresser pour 2026 ?

Prenez du plaisir. La vie est courte. Profitez et vivez votre passion. La mienne, c’est le vélo. De 7 à 77 ans, comme disait Tintin. J’ai bientôt 77 ans et j’ai toujours la même envie de vivre cette passion.

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