Route - Ellingworth : «Martinez chez Groupama, il allait en course sans stratégie»

Après deux saisons chez Groupama-FDJ, Lenny Martinez a rejoint la formation Bahrain Victorious en 2025. Si beaucoup étaient dubitatifs quant à ce changement d'équipe, force est de constater, que le paris du Français est pour l'instant payant, au vu de ses résultats en ce début de saison. Vainqueur d'étape sur Paris-Nice et le Tour de Romandie, 5e du Tour de Catalogne, 3e du Tour des Alpes-Maritimes, 2e du Tour de Romandie... Martinez a passé un cap en ce début d'année et se dirige maintenant vers le Tour de France, où il aura de grandes ambitions. Au sein de la Bahrain Victorious, un homme chapote le "Projet Lenny", Rod Ellingworth, ancien directeur sportif puis manager du Team Sky (devenu INEOS Grenadiers).
Vidéo - Lenny martinez, vainqueur d'étape en Romandie
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"Il me dit : 'Je n’avais jamais pensé à ça', et moi je me dis : 'Oh mon Dieu !' "
"Tout tourne autour de la compréhension de qui il est et de sa façon de penser", a expliqué Ellingworth dans un entretien accordé à nos confrères de VELO. "Pour être honnête, je prends beaucoup de plaisir à ça. Je travaille avec de bons jeunes, des kinés, des nutritionnistes, des gens ambitieux. Mon rôle, c’est de guider le groupe de performance autour de Lenny. On a constitué un petit groupe projet autour de lui. Je ne gère pas le quotidien, je supervise son développement."
"C’est un travail global", dit-il. "Il a de vraies capacités. Je ne pense pas que Groupama-FDJ ait jamais mis en place un vrai plan. Il allait en course sans vraie stratégie, sans se demander : ‘Qu’est-ce qu’il faut faire pour gagner ?’. "Il n’a jamais fait de planification de performance comme on l’attendrait, en allant dans le détail de ce qu’il faut pour gagner ou performer. Mais je crois que ça l’intéresse. Il me dit : ‘Je n’avais jamais pensé à ça’, et moi je me dis : ‘Oh mon Dieu !’"
"Il a ce que tous les grands sportifs ont"
"Il a une vraie constitution. Tu peux lui balancer une énorme charge de travail, il encaisse et rebondit. Il a ce que tous les grands sportifs ont. Ce n’est pas un faible." Mentalement, en revanche, il lui reste encore du chemin à parcourir. Cela s’est vu lors de l’étape 6 de Paris-Nice cette année, sous une pluie glaciale. Après avoir remporté l’étape la veille et intégré le top 5 au général, il a dégringolé au classement. "Il a décroché mentalement", raconte-t-il. "Ça ne se voyait pas à la télé, mais deux ou trois gars étaient avec lui, à lui dire : ‘Allez Lenny, faut y aller !’, et lui répondait : ‘J’en ai marre. J’ai froid.’"
"OK", dit Ellingworth, "mais tout le monde se les gèle. Si Lenny avait été bien placé, je pense que ça ne serait pas arrivé. Mais là, il avait lâché prise et traînait à l’arrière. J’ai été choqué par lui à Paris-Nice. Mais à la Flèche Wallonne, il a été nul pendant les 100 premiers kilomètres, à râler sans arrêt, puis il s’est repris dans le final."