INTERVIEW - Alexandre Vinokourov : «C’était compliqué physiquement et mentalement»

Par Jules STEPHO le 19/12/2025 à 19:08

INTERVIEW - Alexandre Vinokourov : «C’était compliqué physiquement et mentalement»
INTERVIEW
Photo : @Cyclismactu / CyclismActu.net

Ancien coureur de l’équipe XDS Astana, Alexandre Vinokourov entame une nouvelle étape de sa carrière, cette fois depuis la voiture. Contraint d’arrêter le haut niveau à seulement 23 ans après une grave chute en Grèce, le fils du manager général de la formation kazakhe s’est reconverti en directeur sportif. Il revient sur cette transition, son apprentissage et le poids de l’héritage familial dans le peloton. Alexandre Vinokourov s’est exprimé au micro de Cyclism’Actu à l’occasion du Media Day de sa formation en Espagne.

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"Quand j'ai voulu reprendre, j'ai eu très mal à la jambe"

Bonjour Alex. Cela fait maintenant quelques semaines que tu es directeur sportif stagiaire au sein de XDS Astana. Comment se passent tes premiers jours ?

Pour l’instant, c’est top. J’ai commencé le stage avec l’équipe WorldTour, puis j’ai rejoint la Development Team, qui est arrivée quelques jours plus tard. Cette année, je vais être principalement avec l’équipe Development pour commencer, c’est ce qu’il y a de mieux pour s’adapter. J’aurai quand même quelques courses avec l’équipe WorldTour, mais plutôt en tant que deuxième directeur sportif. Honnêtement, pour l’instant, tout se passe très bien.

 

Tu roules encore un peu avec les coureurs ?

Pour l’instant, pendant le stage, je n’ai pas vraiment eu le temps. J’avais essayé de rouler après la saison, puis j’ai fait une coupure. Ensuite, quand j’ai voulu reprendre, j’ai eu très mal à la jambe. J’ai roulé une heure et demie et j’ai dû arrêter. Donc pour l’instant, je fais tout tranquillement. Je ne vais plus à la salle, je fais ce que je peux. J’espère quand même pouvoir rouler un peu cette année, notamment avec les coureurs de la Development.

 

Pour remettre un peu de contexte, tu étais coureur dans l’équipe Development de XDS Astana cette saison. Tu as arrêté ta carrière à 23 ans pour devenir directeur sportif. Peux-tu nous expliquer ce qui s’est passé ?

J’étais dans l’équipe Development depuis trois ans, c’était ma troisième ou quatrième saison. En mars, on commençait un bloc de courses en Grèce avec une course par étapes. J’avais terminé deuxième au classement général. Le lendemain ou deux jours après, lors d’un entraînement avec l’équipe, je suis tombé dans un virage. J’ai mal négocié le virage, je suis allé tout droit et il y avait une voiture en face. Je me suis cassé le col du fémur.

J’ai ensuite été transféré à l’hôpital de Nice où j’ai été opéré. La rééducation a été longue : trois à quatre mois et demi en béquilles. J’ai recommencé à rouler progressivement, puis j’ai repris la compétition en septembre, exactement six mois après la chute. La première course a été compliquée, aussi bien mentalement que physiquement. Il faut se réadapter aux dangers, surtout quand on sait qu’on a deux vis dans la hanche. Même si les médecins te disent que tout va bien, tu sais que si tu retombes, ça peut être très grave. C’était vraiment difficile.

 

C’est donc autant l’aspect mental que physique qui t’a poussé à arrêter ?

Oui, c’était progressif, mais clairement la chute a tout changé. Le jour où ça t’arrive, tu réfléchis différemment. Je ne souhaite ça à personne, mais quand ça t’arrive, tu cherches les meilleures options pour la suite. Reprendre autant de risques, mentalement, c’est très compliqué. Revenir à un niveau normal, ce n’est déjà pas simple, mais dans le cyclisme professionnel, un niveau “normal” ne suffit pas : il faut être encore au-dessus, surtout dans une équipe où on te demande toujours plus. C’était compliqué, physiquement comme mentalement.

 

Nicolas Vinokourov, frère d'Alexandre, au micro de Cyclism'Actu

 

"Je ne suis pas devenu directeur sportif par dépit"

Devenir directeur sportif, est-ce quelque chose que tu avais déjà en tête ?

Honnêtement, ce n’est pas quelque chose que j’ai fait par dépit après la chute. Je ne me suis jamais dit que je ne pouvais plus rien faire dans le vélo. C’est venu assez naturellement. C’est toujours quelque chose qui m’a passionné. J’étais souvent dans les voitures derrière les coureurs sur le Tour de France, le Giro ou la Vuelta. Si tu ne peux plus être coureur mais que tu peux être directeur sportif, tu restes dans ce monde, simplement de l’autre côté, et ça m’a toujours attiré.

 

Aujourd’hui, tu es officiellement directeur sportif stagiaire. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Stagiaire, ça veut surtout dire que je débute. Dès le 1er janvier, je serai officiellement directeur sportif. Le terme “stagiaire” ne veut pas dire grand-chose, car cette année j’ai déjà toutes les courses avec la Development Team, ainsi qu’une course WorldTour et une autre avec l’équipe WorldTour. On peut dire que je suis un néo-directeur sportif.

 

Est-ce possible que tu sois directeur sportif de ton frère sur une course cette saison ?

Peut-être en fin de saison, si jamais il revient courir au Japon et que je le sélectionne dans l’équipe. Pour l’instant, nos calendriers ne coïncident pas vraiment, mais ça peut toujours évoluer. Si ce n’est pas cette année, ce sera peut-être la prochaine. Ce serait en tout cas une histoire assez drôle.

 

Chez vous, le cyclisme est une vraie histoire de famille, avec ton père comme manager général de l’équipe. Ça fait quoi d’être le fils d’Alexandre Vinokourov ?

Forcément, ça apporte un peu plus de stress, surtout quand tu es coureur. Mais avec le temps, on s’habitue à la pression. Il y a des côtés négatifs et des côtés positifs, mais moi je retiens surtout le positif. On a la chance d’être là, de travailler dans un environnement comme celui-là. Franchement, c’est top.

 

As-tu ressenti plus d’attentes sportives à cause de ton nom, notamment chez les jeunes ?

Oui, forcément. Comme pour tous les fils de grands champions, il y a toujours des attentes. On se dit que tu vas forcément devenir un grand coureur, alors que faire mieux que ce qu’a fait mon père est quasiment impossible. Même atteindre la moitié de sa carrière, ce serait déjà énorme. Cette pression existe, mais avec le temps, tu apprends à t’y habituer et à l’oublier.

 

Quelle sera ta première course en tant que directeur sportif cette saison ?

Normalement, ce sera soit en Italie, autour de la Sardaigne, soit en Grèce, sur le même bloc de courses où je m’étais cassé le col du fémur l’an dernier. J’espère pouvoir reprendre le vélo là-bas pour une sortie tranquille avec les jeunes, et peut-être repasser dans le même virage, juste pour voir si ça passe.

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