Interview - Florian Rousseau : «Je n'ai pas à juger la FFC»

Par Valentin GLO le 18/01/2015 à 19:09

Photos : @cyclismactu / @FFCyclisme

 

Vidéo - Coupe du monde Piste - Cali - La salsa de Sireau et Baugé

A un mois des championnats du monde de cyclisme sur piste à Saint-Quentin-en-Yvelines, en France (du 18 au 22 février), le triple médaillé olympique (vainqueur du kilomètre à Atlanta en 1996, du keirin et la vitesse par équipes à Sydney en 2000) Florian Rousseau s'est confié à Cyclism'Actu. L'homme aux dix médailles mondiales fait notamment le point sur son rôle à l'INSEP, sur le cyclisme sur piste français et sur la dernière manche de Coupe du Monde se disputant à Cali. Entretien.

 

Florian, déjà pouvez-vous nous faire un petit point sur vos activités actuelles ? 

Aujourd'hui ? Je travaille à l'INSEP, l'institut national du sport, pour la mission d'optimisation des performances des fédérations olympiques et paralympiques, dont je suis le directeur adjoint. Notre rôle est d'être en soutien, en accompagnement des fédérations olympiques et paralympiques, c'est-à-dire qu'on a un rôle d'accélérateur dans tout ce qui touche à la préparation olympique des équipes de France. On travaille avec les directeurs techniques nationaux et entraîneurs pour les accompagner quand ils ont des demandes bien particulières concernant la préparation des prochains Jeux Olympiques de Rio. Nous ne sommes pas des entraîneurs, nous sommes là en soutien quand il y a des demandes des encadrements des équipes de trouver des ressources. Concrètement, ça peut être sur des demandes de nutritrion, de préparation physique, d'accompagnement psychologique. Chacun à son porte-feuilles de disciplines, de mon côté je suis l'athlétisme, la natation et le pentathlon moderne. Je m'occupe également des sportifs qui ont été identifiés comme potentiels médaillables. C'est un rôle très passionnant, très très large et très riche car on côtoie différentes fédérations, différentes approches.  

 

Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous avez refusé le poste de DTN du cyclisme sur piste à la Fédération Française de Cyclisme ?

imageCela fait maintenant plus d'un an et demi, je n'ai pas envie de revenir là-dessus. Il y avait effectivement cette possibilité, peut-être, de postuler comme DTN. Dans le processus, le DTN est nommé par le ministère. Rien ne dit que je l'aurais été. Mais effectivement, à un moment donné j'ai décidé de ne pas être candidat. Mais je n'ai pas envie de revenir là-dessus.


Dans sa dernière chronique sur Cyclism'Actu, Cyrille Guimard expliquait que votre départ de la FFC n'avait pas été expliqué. Un mot sur cet épisode ?

Je n'aime pas revenir sur le passé. Mais je suis parti parce que je n'étais pas en phase avec le projet du moment. A partir de ce moment-là j'ai décidé de ne pas rester. Tout simplement.

 

Dans cette même chronique, Cyrille Guimard estimait que David Lappartient, le président de la FFC, dirigeait "tout, tout seul". Etes-vous d'accord avec ces propos ?

Je ne peux pas confirmer car je ne suis plus à la Fédération, je ne peux donc pas juger de ce qu'il s'y passe. J'ai connu le Président Lappartient lorsque j'étais entraîneur national jusqu'en 2013. Maintenant, aujourd'hui, je ne sais pas. Je n'y suis pas et ce serait vraiment déplacé de porter un jugement quand on n'est pas à l'intérieur d'une structure. 

 

"Les coureurs sont en période d'affûtage pour les Mondiaux"

 

Pour en revenir à la Piste... à un mois des championnats du monde, qu'attendez-vous de cet événement ?

C'est un événement très très fort pour le cyclisme en général, particulièrement pour le cyclisme sur piste. Ca vaimage permettre de mettre le focus, les regards sur cette spécialité du cyclisme qui est toujours appréciée, car le cyclisme sur piste aux Jeux Olympiques fait toujours de gros résultats en audimat. Il y a eu plusieurs fois des organisations en France, à Bordeaux pour les deux dernières fois, et ça a été un succès populaire, aussi bien à télévision que dans le vélodrome avec un large public. C'est aussi quelque chose de très important pour les sportifs français. Tout d'abord parce que ce sont des championnats du monde, mais également le fait de courir chez soi, dans son pays, devant ses proches, ses supporters, sa famille, ça rajoute quelque chose en plus. J'imagine que les coureurs sont forcément très motivés de pouvoir disputer sur ce vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines les championnats du monde. A domicile, on a envie de réussir, encore plus que d'habitude. Ca peut rajouter de la pression. Mais c'est également un avantage. En football, on dit que devant son public est un plus. C'est la même chose sur la piste. Dans la dernière ligne droite, le souffle et les cris du public portent les coureurs, ce qui fait que les résultats et le nombre de médailles sont légèrement supérieurs à domicile.

 

Justement, le fait que cela se déroule en France, à Saint-Quentin-en-Yvelines, qu'est-ce que cela peut apporter au cyclisme sur piste français ?

image

La France a une tradition de grands champions en ce qui concerne le cyclisme sur piste, qui apporte beaucoup de titres de champion du monde à la Fédération. Il y a cette envie de gagner, il n'y avait qu'à voir Gregory Baugé, Michaël d'Almeida et Kévin Sireau qui, sur le podium, étaient très déçus de faire deuxième (en vitesse par équipes aux JO de Londres). Cette envie de gagner qu'ont les compétiteurs nous fait attendre des titres de champion du monde. Après, est-ce que ça peut susciter une vocation, donner envie aux jeunes ? C'est pour cela que c'est important que les championnats du monde se déroulent en France. On a tous commencé autour des vélodromes, car les champions suscitent de l'envie chez les jeunes. 

 

Quel regard portez-vous sur le cyclisme sur piste français à l'heure actuelle ?

C'est mon observation personnelle et ça n'engage que moi. On a vu qu'au début de saison, aux championnats d'Europe, Gregory Baugé s'était imposé, il a fait un très bon début de saison. Ensuite, lors des deux manches de Coupe du Monde qui ont suivi (Guadalajara et Londres), les résultats étaient très mitigés. Lors de la dernière à Londres, il n'y pas eu de médailles et ça faisait très longtemps que ce n'était pas arrivé pour l'équipe de France, avec une équipe complète. Mais j'imagine que les objectifs sont les championnats du monde et qu'ils vont arriver en forme pour cette échéance. Il reste la dernière manche à Cali, avec les derniers réglages à une trentaine de jours des championnats du monde. C'est la dernière ligne droite où les coureurs sont en période d'affûtage.

 

Selon vous, quels coureurs peuvent se mettre en évidence lors de ces championnats du monde le mois prochain ?

imageOn peut attendre François Pervis, qui est triple champion du monde et qui va avoir un beau programme. Je ne sais pas s'il va s'engager sur les trois épreuves, mais essayer de défendre ses titres à domicile c'est quelque chose de motivant pour lui. Thomas Boudat, également, qui va remettre son titre de l'omnium en jeu, et la vitesse par équipes hommes qui avait terminé troisième l'année dernière. Peut-être le retour de Bryan Coquard lors de ces championnats du monde, lui qui a mis la piste entre parenthèses pour se consacrer à sa carrière sur route. Chez les féminines, Laurie Berthon, 7e de l'omnium l'année dernière, à qui on peut souhaiter qu'elle se rapproche du podium et pourquoi pas une médaille. Voilà les principales forces de l'équipe de France.

 

Et à l'international ?

En vitesse, l'Allemand Botticher, bien sûr, qui a été champion du monde en 2013 et deuxième derrière Pervis l'année dernière. Mais on a vu quelque chose de plus surprenant à Londres lors de la dernière manche de Coupe du Monde où on a retrouvé un Colombien et un Vénézuélien dans le dernier carré, ce qui est très rare. La domination de l'Australie, de l'Allemagne ou de la France sur cette spécialité est un peu remise en questions. C'est un peu surprenant, car on a également retrouvé un Néo-Zélandais dans ce dernier carré. C'était une Coupe du Monde, on verra ce que ça va donner aux championnats. Mais il reste des valeurs sûres : une très bonne équipe d'Allemagne, une bonne équipe d'Australie avec un jeune, de la même génération que Botticher, Matthew Glaetzer qui s'est imposé au Mexique, et sans oublier, bien sûr, les Britanniques. A deux ans des Jeux, il sera intéressant de voir comment ils vont se replacer pour les quotas de qualification après des championnats en retrait l'année dernière. Le Danemark et la Russie seront aussi des nations à suivre pour ce mondial.

 

En ce dimanche 18 janvier, quel premier bilan tirez-vous de la manche de Coupe du Monde disputée à Cali en vue des championnats du Monde ? Votre oeil averti a-t-il repéré un ou deux coureurs capable d'une performance à Saint-Quentin-en-Yvelines ?

La victoire de l'équipe de France en vitesse est de bon augure pour le mois prochain, ainsi que la victoire au classement général qui démontre une belle régularité : les Français ont toujours été dans le dernier carré cette saison. C'est une bonne chose, surtout qu'au niveau individuel Gregory Baugé est dans les temps de leur médaille de bronze de l'an dernier et Kévin Sireau a réalisé un chrono exceptionnel. C'est donc très intéressant, aussi bien au niveau collectif qu'individuel, sachant qu'il reste un mois pour peaufiner la condition. Je pense que le titre est jouable mais attention, il faut noter que ni l'Allemagne, ni l'Australie, ni la Grande-Bretagne n'ont aligné la meilleure équipe possible. Le Colombien Hernando Puerta-Zapata est en bonne forme également avec sa victoire sur le keirin, à voir s'il va pouvoir tenir le rythme jusqu'au mois prochain. Jeffrey Hoogland et toute l'équipe des Pays-Bas seront également à suivre. Les Néerlandais, aussi bien chez les hommes que chez les femmes, sont la révélation de la saison.

 

Propos recueillis pour Cyclism'Actu par Valentin GLO.

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