Chronique - Marc Fayet : «Mads Max, un vengeur d’on ne sait...»

Vous aimez les billets d'humeur de Marc Fayet, alors on remet ça pour 2025 ! Vous avez pu le découvrir et le lire sur Cyclism'Actu depuis quelques temps déjà avec sa chronique et/ou plutôt sa rubrique "Les carnets secrets". Pour rappel, Marc Fayet, né en 1961, est un homme du théâtre et de la scène. Acteur et metteur en scène, mais aussi passionné de vélo, Marc s'est toujours investi : il écrit, commente, agit autant qu'il le peut dans le cyclisme, notamment sur le Tour du Finistère dont il est aujourd'hui et depuis 2021, le président du comité d'organisation. Marc Fayet et "ses" carnets secrets, ça continue toute cette saison sur Cyclism'Actu. Bonne lecture et à chacun son avis sur le sujet !
Vidéo - Pedersen, maillot cyclamen après 9 étapes
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"Il s'imaginait Roubaix ou San Remo, il s'affirme sur ce Giro"
C’est un vengeur d’on ne sait quelle injustice qu’il gardera pour lui à jamais, ce champion venu de la pointe scandinave, cette terre du Nord de l’Europe qui élève les hommes dans la dureté sans que jamais ils n’osent s’en plaindre. Depuis l’ère de quelques imposteurs qui volèrent ou tentèrent de voler les vedettes d’une époque gangrenée (Riis, Rasmussen) voici que deux hommes aux physiques totalement opposés sont venus depuis le Danemark racheter les damnées marques du passé (Vingegaard, Pedersen). L’un est aussi émacié que l’autre est poupin, l’un est aussi blanc que l’autre est mat, l’un est aussi aérien que l’autre est terrien. L’un est à l’avant-garde du champion de demain et l’autre est la résurrection du champion d’hier.
A l’heure où on adule les grimpeurs graciles, où l’on admire leur capacité à être aussi léger qu’une brise, il est temps de célébrer les champions épais à la lourdeur puissante, dégageant cette allure de bolide tout terrain qui n’ont qu’un objectif, celui d’avancer envers et contre tous les éléments, qu’ils soient cycliques, cliniques ou climatiques. Si le film Mad Max mettait en scène l’hyper puissance écrasante des véhicules que rien n’arrête, il faut reconnaître à notre Mads qu’il fait aussi un Max pour imposer sa forte carrure écrasante pour affirmer sa dimension héroïque, celle qui appartient à ceux qui font plus qu’ils ne parlent, qui réussissent mieux qu’ils ne rêvent, qui roulent plus qu’ils ne volent.
"Plutôt mourir que de faiblir"
Depuis des semaines Mads n’eut de cesse que de défier les deux génies que sont le Slovène et le Néerlandais, souvent en vain. Sans calcul et uniquement fait de ses volontés il restait bien souvent le dernier des valeureux pour prouver que le renoncement ne faisait pas partie de sa raison. Plutôt mourir que de faiblir, car il y a toujours un espoir au bout, celui de poursuivre sa collection de Gand Wevelgem dont il possède déjà 2 paires. Il s’imaginait il y a peu encore rejoindre Roubaix ou San Remo les bras en l’air et la tête dans les nuages, les surclassés ne lui en laissèrent pas la place, alors poursuivant sa route lui qui ne connaît pas le doute, voici qu’il s’affirme sur ce Giro où tout n’est pas toujours rose et pourtant il en porta quelques bouquets bien mérités.
Devenu adepte du langage des fleurs voici qu’il les changea pour choisir des cyclamen (Cycles à Men) si bien nommées, si bien parfumées et qui réhaussent son ton qu’il élève physiquement, jamais vocalement. Mad Max n’en a jamais fini de se battre pour avancer, Mads Max n’aura jamais fini d’avancer pour se battre.