Chronique - Marc Fayet : «Le peloton... la machine à broyer des évadés»

Vous aimez les billets d'humeur de Marc Fayet, alors on remet ça pour 2025 ! Vous avez pu le découvrir et le lire sur Cyclism'Actu depuis quelques temps déjà avec sa chronique et/ou plutôt sa rubrique "Les carnets secrets". Pour rappel, Marc Fayet, né en 1961, est un homme du théâtre et de la scène. Acteur et metteur en scène, mais aussi passionné de vélo, Marc s'est toujours investi : il écrit, commente, agit autant qu'il le peut dans le cyclisme, notamment sur le Tour du Finistère dont il est aujourd'hui et depuis 2021, le président du comité d'organisation. Marc Fayet et "ses" carnets secrets, ça continue toute cette saison sur Cyclism'Actu. Bonne lecture et à chacun son avis sur le sujet !
Vidéo - Le résumé de la 5e étape, ce jeudi, du Tour de Suisse
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"Le peloton est comme une baleine..."
On craint souvent l’uniformité des scénarios de courses et il est vrai qu’il y a parfois quelque chose de parfaitement imparable, il s’agit de la maîtrise métrique et chronométrique du peloton. J’ai voulu en approfondir l’étude. Comme tout bon passionné que je suis, je suivais sur plusieurs fenêtres de mon ordinateur le déroulement des épreuves du jeudi 19 juin, tout en continuant à me pencher sur mes travaux en cours. Je me suis livré à un petit comparatif de déroulement sur les 3 courses qui se déroulaient à savoir la 5e étape du Tour de suisse, la 2e étape du Tour de Belgique et la 2e de La Route d’Occitanie. Si elles n’étaient pas diffusées exactement au même horaire elles disposaient d’un kilométrage approchant : 183, 192 et 195 kms. J’ai donc eu la curiosité d’en étudier le processus. Toutes les trois ressemblant à un ban de poissons en quêtes d’eaux plus généreuses avaient donc laissé une échappée se constituer. Ils étaient 5 gros poissons en Suisse, 6 plus petits en Belgique et 3 minuscules en Occitanie qui est un premier indicateur sur les chances qu’on peut leur accorder. On sait bien que les chances d’un trio sont nulles, que celles d’un quintette monte à 20% et celle d’un sextuor à 22% (C’est juste une estimation personnelle et fantaisiste). Vous m’opposerez que tout dépend de la constitution de ces échappées et qu’on a déjà vu 5 fuyards faire la nique au peloton. Mais il était écrit que ce jeudi 19 juin 2025, qu’ils soient 3,5 ou 6 et quels que soient leurs noms, le compte de ces poissons pilotes était déjà réglé par la machine à broyer des évadés, le rouleau oppresseur de l’asphalte, les roues terrifiantes du supplice.
"Ils vont être avalés par le monstre vorace"
En notant méticuleusement les écarts j’ai relevé qu’à 55kms de l’arrivée l’échappée avait 2’20 en Suisse (Qui était de passage en Italie) 2’21 en Occitanie et 2’15 en Belgique, nous laissant penser qu’il y a dans les schémas de course des règles intangibles de même que des jambes programmées à distance depuis les habitacles des voitures de Directions sportives ou du siège des groupes propriétaires des équipes. Ces données d’une précision redoutable ne pouvaient qu’être la démonstration de la rigueur mathématique de la machine en marche et cela n’a pas manqué puisqu’à 25kms du but les échappés où qu’ils soient n’avaient plus qu’1 minute à tout casser d’avance et malgré le profil, plat en Belgique, montagneux ailleurs, l’issue serait la même.
Il est donc terrible de nos jours pour des vaillants rouleurs, des rêveurs sur selle, ces crevettes grisées de gloire, de croire en leur destin, et les compteurs devenus des ordinateurs sont devenus obsolètes car malgré leurs Watts, fréquence de pédalage, GPS, cardios, poids, adresse et numéro de sécurité sociale, ils sont incapables de les prévenir tout simplement en rouge sur l’écran avec une alarme stridente que leur effort est vain parce que tous les calculs le confirment, ils vont être avalés par le monstre vorace qui avance inexorablement comme une baleine le fait de ses planctons.