Le cyclo-cross en crise... les coureurs s'opposent à l'UCI

La Coupe du Monde de cyclo-cross est en crise, et la polémique continue de monter jour après jour. "Si la Coupe du Monde est considérée comme un jouet, alors nous avons un problème", s'alarmait il y a quelques temps Peter Van Den Abeele, responsable "Off-Road" de l'UCI. Et ce weekend, c'est son président David Lappartient en personne qui en a remis une couche, pointant du doigt les coureurs qui choisissent délibérément de manquer plusieurs manches, comme Thibau Nys ou Lars van der Haar dernièrement. "La Coupe du monde n'est pas une compétition dans laquelle vous pouvez choisir à votre guise. Chaque coureur doit jouer le jeu. Si un coureur préfère participer à une épreuve nationale lors d'une Coupe du Monde, il ne participera peut-être pas aux épreuves de Coupe du Monde suivantes et donc aux Championnats du Monde", a menacé le dirigeant français au cours d'un entretien avec DirectVelo. Des déclarations qui ont fait réagir le monde du cyclo-cross.

Un calendrier surchargé depuis les réformes... de l'UCI

En cause, en plus des absences préjudiciables mais compréhensibles de Wout Van Aert (Jumbo-Visma), Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck) et Tom Pidcock (INEOS Grenadiers) dans les sous-bois en ce début de saison, d'autres coureurs vedettes se mettent à déserter la Coupe du Monde. Thibau Nys (Baloise Trek Lions) a ainsi choisi de courir le Superprestige à Niel samedi dernier plutôt que la manche de Coupe du monde de dimanche à Termonde. D'autres ont déjà annoncé qu'ils ne se rendraient pas en Irlande pour l'étape de Dublin le 26 novembre ni en Italie pour celle de Val di Sole le 10 décembre.

La menace à peine voilée du président de l'UCI de punir ceux qui choisissent à la carte leur calendrier n'a pas plu aux différents acteurs du milieu, coureurs comme managers. Ces derniers reprochent notamment à l'instance internationale d'être à l'origine du problème avec les dernières réformes de la Coupe du Monde, qui ont entraîné une augmentation du nombre de courses à travers l'Europe et le monde. Forcés de s'exporter hors du noyau habituel en Belgique, les équipes et coureurs ne parviennent plus à suivre le rythme et doivent faire des choix financiers et physiques lors d'une saison qui s'étend de la mi-octobre à la mi-février - avec 14 manches de Coupe du monde, mais aussi 8 de Superprestige, 8 du X2O Badkamers Trofee, et 7 de l'Exact Cross, entre autres.

Lars van der Haar : "Si je commence à tout faire, je pense que je finirai par me détruire complètement"

Parmi les personnalités du cyclo-cross qui n'ont pas apprécié le ton de David Lappartient, Sven Nys, ancien champion et père de l'un des principaux concernés Thibau, a notamment réagi après que son fils ait célébré son 21e anniversaire à la maison, plutôt que de participer à la Coupe du monde de Termonde. "Je pense que les coureurs devraient avoir le droit de faire leurs propres choix. Surtout lorsqu'il s'agit de jeunes coureurs, car mon propre fils est également mentionné ici. Il y a beaucoup d'autres coureurs qui font des choix et sautent parfois une Coupe du monde. Je pense que cela devrait être possible, mais c’est une discussion que nous devons avoir à un moment donné afin d’optimiser notre discipline."

Lars van der Haar, pourtant actuel leader du général de la Coupe du monde, a déjà déclaré qu'il manquerait les manches à Dublin et en Italie. Et les critiques de Lappartient ne le feront pas changer d'avis. "Si je commence à tout faire, si je continue à tout faire, je pense que je finirai par me détruire complètement", a-t-il déclaré à WielerFlits. "J'abandonne également quatre courses de Superprestige pour disputer quatre manches de Coupes du Monde. Ce n'est pas que nous abandonnons délibérément la Coupe du Monde, la Coupe du Monde reste un classement très important. Je ne pense pas que nous devrions encore utiliser le mot de pouvoir, nous devrions avoir une discussion ouverte entre l'UCI, les coureurs et les équipes".