Thor Hushovd : «Jonas Vingegaard est là et peut battre Pogacar»

Ancien sprinteur redouté et maillot vert du Tour de France, Thor Hushovd est aujourd’hui manager de l’équipe Uno-X Mobility, mais reste une voix influente du peloton. Interrogé au micro de Cyclism’Actu au départ de la 4e étape mardi, il revient sur ce début de Tour de France, analyse l’évolution des sprints, les enjeux de sécurité et les polémiques autour des cartons jaunes.

"On n'a pas encore gagné d'étape en trois participations"

Ce Tour de France, comment le vivez-vous avec Uno-X Mobility ?

C’est notre troisième participation, et même si on n’a pas encore gagné d’étape, on est présents à chaque fois, on est placés, on se bat. On cherche toujours cette victoire, mais on sait que c’est très difficile. Le Tour, c’est la course la plus importante pour une équipe comme la nôtre, qui vient de la deuxième division. Être là une troisième fois, c’est essentiel, pour les sponsors, pour l’image. Et ça montre qu’on ne vient pas juste pour faire de la figuration, on est là pour durer.

Et sur les sprints, justement ? Beaucoup de chutes… ça tombe plus qu’avant ?

Je ne sais pas si ça tombe plus, mais c’est vrai que ça roule plus vite. Il y a la technologie, les équipements, mais les premières semaines ont toujours été nerveuses. C’était déjà comme ça à mon époque, au début des années 2000. La vraie différence, c’est que maintenant, toute l’équipe doit être autour du leader. Avant, on pouvait être deux ou trois, aujourd’hui, c’est sept gars autour d’un coureur. Ça prend de la place, et ça augmente le risque. Tout le monde veut être devant, tout le monde prend plus de risques.

Andy Schleck nous disait être contre les cartons jaunes. Et vous ?

Moi, je pense que c’est bien qu’il y ait des règles. Si un coureur fait une erreur, il doit y avoir une sanction. Après, il ne faut pas en abuser non plus. Concernant le carton jaune de Bryan Coquard, personnellement, je ne pense pas qu’il ait commis une faute. C’est arrivé, c’est tout. Il faut faire attention à ne pas distribuer ces cartons n’importe comment, sinon ce n’est plus juste.

"Pogacar est clairement le grand favori"

Vous pensez que ça peut freiner les sprinteurs ?

Je ne crois pas. Un sprinteur doit tout donner. S’il ne frotte pas, s’il ne s’impose pas, il est distancé. Mais il faut rester correct, parce que le vélo est déjà dangereux, et le sprint, c’est la folie. Donc oui aux règles, mais avec discernement.

Marc Renshaw proposait un jury composé d’anciens sprinteurs pour juger ces situations. Vous êtes pour ?

Oui, ça pourrait être une très bonne idée. Un ancien sprinteur sait voir les nuances, les intentions, ce qui est normal ou non dans un sprint. Ça donnerait plus de cohérence aux décisions.

Votre avis d’expert sur le début de Tour au général : qui vous impressionne le plus ?

Pogacar est clairement le grand favori, il est très fort depuis le début de saison. Mais je pense aussi que Jonas Vingegaard est là, solide. Il peut le battre. Ce ne sera pas une victoire facile pour Pogacar.