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Tadej Pogacar écrase la 12e étape et Vingegaard à Hautacam

Tour de France
Mis à jour le par Arthur DE SMEDT
Photo : @LeTour

Ce jeudi 17 juillet, le peloton du Tour de France abordait (enfin) la haute montagne avec l'entrée dans les Pyrénées et une 12e étape tracée entre Auch et Hautacam, au sommet de cette ascension mythique classée hors-catégorie (13,5 km à 7,8 %). Et ce triptyque pyrénéen décisif pour le classement général s'est lancé sur les chapeaux de roues, la chaleur et la fatigue accumulée permettant d'offrir un scénario assez fou et débridé dès le Col du Soulor. Mais c'est bien dans le juge de paix final que l'on a probablement assisté à l'un des tournants de cette 112e édition, le train UAE lançant dès le pied d'Hautacam la fusée Tadej Pogacar vers une revanche éclatante (après sa défaite ici-même en 2022) et une écrasante victoire face à un Jonas Vingegaard impuissant ! Parti à 12 km, le champion du monde a irrémédiablement creusé sur son rival danois avant de franchir la ligne en vainqueur... avec 2'10" d'avance.

Luc Leblanc a vu juste : Pogacar a écrasé le Tour à Hautacam

 

Lipowitz pas loin de Vingegaard... Vauquelin 6e à la pédale face aux cadors !

Un triomphe qui porte à 3 le nombre de succès du Slovène sur le Tour 2025, et à 20 au total sur la Grande Boucle. Derrière cet habituel mano à mano qui a tourné à la démonstration, c'est comme sur le Dauphiné Florian Lipowitz qui a émergé de la meute des prétendants au podium pour venir décrocher une très belle 3e place... 13 secondes seulement derrière un Vingegaard en difficulté sur la fin. Les coureurs sont ensuite arrivés au compte-gouttes avec des écarts énormes. Très belle montée des jeunes Tobias Halland Johannessen (Uno-X Mobility) et Oscar Onley (Team Picnic PostNL) à 3 minutes, suivi un peu plus loin par un Kévin Vauquelin (Arkéa - B&B Hotels) épatant qui vient prendre la 6e place à Hautacam, devant un Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step) pas en grande forme et en gestion toute la journée. Felix Gall (Decathlon AG2R La Mondiale) et Primož Roglič (Red Bull - BORA - hansgrohe) ferment la marche du top 10 à plus de 4 minutes.

Logiquement, Ben Healy ayant explosé dès le Soulor et terminant 25e à plus de 13 minutes, Pogacar reprend son bien et le maillot Jaune avec une marge plus que confortable : 3'31" sur Vingegaard. Derrière le Danois, Remco Evenepoel s'accroche au podium et au maillot blanc à 4'45" mais voit fondre sur lui Florian Lipowitz (5'34") et même Kévin Vauquelin (+ 5'40"), qui reste dans le top 5 grâce à sa superbe performance. Onley est 6e (+ 6'05") devant Roglic (+ 7'30"), tandis qu'un Matteo Jorgenson très moyen aujourd'hui (15e à 10'25") recule au 10e rang. Healy sort lui directement du top 10 (11e), les Français Jordan Jegat (13e) et Guillaume Martin-Guyonnet (14e) grappillant eux une place au général.

 

Le résumé de la course

Avant cette 12e étape, moment d'émotion sur la ligne de départ avec un hommage rendu au jeune Italien Samuele Privitera, décédé tragiquement soir à 19 ans après une chute sur la 1re étape du Tour du Val d'Aoste. Ce départ à Auch et le fictif sont également l'occasion d'honorer la mémoire du regretté Nicolas PortalCoureur professionnel entre 2002 et 2010, le Français s'était reconverti avec succès en tant que directeur sportif chez Sky et INEOS, avant de perdre la vie des suites d'une crise cardiaque en mars 2020. Place ensuite à la course, et dès le kilomètre 0, c'est le vainqueur de la veille Jonas Abrahamsen (Uno-X) qui remet ça et lance les hostilités !

Après une vingtaine de kilomètres, un premier mouvement de course se dessine, et il est plus que surprenant : après une belle bataille, on retrouve en tête une échappée fleuve de 51 coureurs à l'avant ! Un véritable premier peloton qui prend rapidement 1'30" d'avance et qui compte de très bons grimpeurs à l'image de Carlos Rodriguez, coureur le mieux placé à l'avant à 5'44" de Ben Healy et très bien entouré avec quatre coéquipiers chez INEOS GrenadiersDerrière l'Espagnol, c'est Guillaume Martin (Groupama-FDJ) qui est à 10'44" au général. Parmi les autres têtes d'affiche de ce groupe conséquent, Ben O'Connor (Jayco AlUla), Mattias Skjelmose (Lidl-Trek), Thymen Arensman (INEOS Grenadiers), le maillot à pois Lenny Martinez et son coéquipier Santiago Buitrago (Bahrain Victorious), Aleksandr Vlasov (Red Bull), Michael Storer (Tudor) ou encore Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck).

 

Gros bras de fer entre l'échappée fleuve et le peloton maillot Jaune

Si les meilleurs grimpeurs de l'échappée peuvent compter sur de nombreux équipiers pour rouler et tenter de prendre le large, le peloton maillot Jaune prend très vite au sérieux cette menace et ne laisse jamais l'écart dépasser les deux minutes. Il faut dire que les équipes EF Education-Easy Post (pour Ben Healy), Uno-X (pour Tobias Johannessen) et UAE Team Emirates-XRG (pour Pogacar) roulent fort dans le peloton, avec de gros rouleurs comme Asgreen, Abrahamsen ou Politt qui se relaie. Forcément, le rythme est encore une fois infernal, avec plus de 50 km/h de moyenne sur les deux premières heures de course ! La première moitié sans difficiluté du parcours est ainsi avalée à toute vitesse, et le pied du Col de Soulor (11,8 km à 7,3 %) se rapproche très rapidement.

Avant cela, la petite côte de Labatmale à la mi-course voit Fred Wright passer en tête pour le petit point attribué, l'équipier de Lenny Martinez protégeant ainsi le maillot à pois tout en lui évitant des efforts inutiles. S'en suit juste après la descente le sprint intermédiaire de Bénéjacq, où les points pour le maillot vert sont très disputés. Mathieu van der Poel se fait battre au sprint par Laurenz Rex, en protection des intérêts de Biniam Girmay (Intermarché-Wanty). Avec 17 points récoltés, le Néerlandais porte son total à 173 et passe 2e du classement, à 58 unités de Jonathan Milan.

 

La Visma fait exploser la course dans le Soulor... Healy et Evenepoel craquent !

Après ces deux points chauds, le bras de fer entre l'échappée et le peloton reprend son cours, et l'ascension du Col de Soulor débute rapidement, à un peu moins de 60 km de l'arrivée. La pente s'élève progressivement, et ceux qui n'ont plus rien à espérer lâchent vite prise, à l'image de Van der Poel. Julian Alaphilippe prend la tête pour Storer et le rythme s'accélère, l'écart passant au-dessus des deux minutes. Une tendance de courte durée, puisque la Visma dévoile dès le pied du Soulor ses intentions en prenant les commandes du peloton avec Victor Campenaerts pour imprimer un rythme soutenu et tester Tadej Pogacar au lendemain de sa chute.

Devant, l'équipe INEOS continue son forcing avec un gros relai d'Axel Laurance et l'échappée perd de nombreuses unités. Mauvaise surprise pour les Français puisque ce tempo est fatal à Lenny Martinez, qui ne marquera pas de points ce jeudi, suivi par Valentin Madouas et Guillaume Martin-Guyonnet. Mais l'écrémage est tout aussi important derrière, la Visma fait mal et fait une victime de marque en la personne... de Remco Evenepoel ! Ça ne va pas pour le maillot blanc (Soudal Quick-Step) qui est distancé et ne peut tenir le rythme, grosse journée galère pour le Belge à venir, le podium s'envole peut-être déjà ! Un tournant de ce Tour, cette 12e étape et première journée en haute montagne promet un sacré chamboulement au général, la fatigue accumulée et la chaleur semblant faire de gros dégâts.

 

Armirail fait le show dans ses Pyrénées... Vauquelin s'accroche, Evenepoel gère et revient !

On n'est même pas encore dans les 50 derniers kms, et il n'y a déjà plus grand monde dans le groupe des favoris. Le maillot Jaune Ben Healy lâche à son tour, Kévin Vauquelin aussi... tout comme Matteo Jorgenson ! La Visma est obligée de ralentir pour éviter de perdre son second couteau. L'étape est folle et on n'est encore que dans le Soulor ! A l'avant, les trois plus forts à se détacher sont Bruno Armirail, Mattias Skjelmose et Michael Woods. Ce trio est rejoint un peu plus loin par Storer et Einer Rubio. Ces 5 hommes arrivent à conserver un peu moins de 2 minutes sur le groupe Pogacar-Vingegaard. Après une temporisation, ce dernier a repris un rythme soutenu avec environ 15 coureurs en son sein, mais pas Healy, qui a complètement explosé et va perdre le Jaune comme le général. Vauquelin fait le yo-yo mais résiste au courage, tandis que Evenepoel semble aller mieux et monte au train avec une minute de retard. Enric Mas est aussi distancé.

Dans le dernier km, Woods attaque et s'en va chercher les 10 points au sommet. Skjelmose suit 5" derrière le Canadien, mais ça devrait se regrouper dans la descente avec les poursuivants. Mais sur ses terres, Armirail est déchaîné et réalise une descente exceptionnelle ! Il creuse un sacré écart avec Skjelmose, Woods et Storer en contre, pointé à une minute au sommet du Col des Bordères (3,1 km à 7,7 %), intercalé dans cette descente. Le groupe Pogacar-Vingegaard est lui à 2'15", avec Jorgenson qui continue de faire le yo-yo, tandis que Vauquelin s'accroche bien mieux que prévu et est toujours présent. Evenepoel semble lui bien gérer sa journée et revient à 20 secondes seulement ! Le Belge profite de la descente pour rentrer à 27 bornes de l'arrivée, même s'il est encore en sursis.

 

La fusée UAE et Pogacar lancée dès le pied d'Hautacam... Vingegaard ne peut pas suivre

On plonge alors vers le final et le juge de paix du jour : l'ascension d'Hautacam (13,5 km à 7,8 %). La course se calme enfin un peu, et la situation s'éclaircit après le chaos de la dernière heure : Armirail ouvre désormais seul en tête la route et réalise un numéro, tous les poursuivants ayant été repris par un groupe de favoris fort d'environ 25 unités et emmené par Tim Wellens à 2 minutes. Le maillot Jaune Ben Healy est la principale victime de toute cette agitation et pointe à près de 6 minutes. Le champion de Belgique impose un énorme tempo dès le pied, et l'écart chute logiquement. Narvaez prend le relai, la fusée UAE est lancée, il va y en avoir de partout ! Les coureurs explosent un à un : Evenepoel, Vauquelin, Gall...

Narvaez fait exploser tout le monde et monte au sprint. Seuls Pogacar et Vingegaard restent dans sa roue après à peine 1 km de montée... et Vingegaard laisse un espace ! Au moment où l'Equatorien s'écarte, le Danois laisse partir Pogacar, à 12 bornes du sommet. Mais le Slovène ne creuse pas tout de suite, et Vingegaard limite la casse à 10 secondes, tandis que Bruno Armirail est lui déjà avalé après son gros numéro. Le mano à mano entre les deux cadors du Tour s'annonce dantesque ! Derrière, c'est sauve-qui-peut, avec un groupe Roglic-Onley-Lipowitz-Johannessen pointé à 50 secondes alors qu'il reste encore 10 km. Evenepoel est lui en gestion à 1'15".

 

Tadej Pogacar assomme le Tour et Vingegaard, Lipowitz en 3e homme

La tendance bascule cependant rapidement en faveur de Pogacar. Le Slovène prend seconde après seconde, et l'écart avec Vingegaard approche de la minute à 6 km du sommet ! Derrière eux, ça se regroupe entre les outsiders pour le podium à 1'45", avec le retour d'un Vauquelin épatant dans le contre. Evenepoel n'est lui aussi pas très loin d'effectuer la jonction au train. Mais Lipowitz sent le danger et relance, l'Allemand s'envolant seul vers la 3e place même si Onley résiste bien. Aux 3 km, le débours de Vingegaard grimpe à 1'30", l'addition s'annonce salée à l'arrivée. Et attention au retour de Lipowitz, pointé seulement 45" derrière. Evenepoel a lui un peu coincé et accuse 3 minutes de retard. Le final ne fait que confirmer la hiérarchie du jour, et il s'en faut d'ailleurs de peu pour ne pas voir Lipowitz reprendre un Vingegaard à bout de souffle.

Publié le par Arthur DE SMEDT

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