Mauro Gianetti : «Ce qui me fait peur chez Tadej Pogacar...»
Tour de FranceEncore une fois, Tadej Pogacar (UAE Team Emirates-XRG) a été impressionnant sur cette 13e étape du Tour de France, devançant une nouvelle fois son rival Jonas Vingegaard (Team Visma | Lease a Bike) et son compatriote Primoz Roglic (Red Bull BORA-Hansgrohe). L’actuel Maillot Jaune de ce Tour n’a peut-être pas fini de frapper : il pourrait remettre cela dès demain avec l’étape reine du triptyque pyrénéen, l’étape 14 entre Pau et Luchon-Superbagnères, 182,6 kilomètres avec plus de 5 020 mètres de dénivelé positif. Présent à l’arrivée, le manager général de la formation UAE Team Emirates-XRG, le Suisse Mauro Gianetti, s’est exprimé à notre micro de Cyclism'Actu sur les performances récentes de "Pogi", mais aussi sur ce qui pourrait encore faire perdre le Tour à son coureur.
Mauro Gianetti au micro de Cyclism'Actu !
"Il faut rester concentré et ne surtout pas sous-estimer Vingegaard..."
Mauro, on était avec Jonas Vingegaard. Il vient de nous dire : "Hier, c’était sans doute ma moins bonne performance depuis longtemps. Aujourd’hui, c’est ma meilleure performance." Tadej Pogacar est-il trop fort ?
Tadej, depuis qu’il est coureur, depuis qu’il est sur le circuit, on voit qu’il est le plus fort. Peut-être pas seulement de cette période-ci, mais d’une période assez longue. Ce n’est pas nouveau. C’est vrai qu’hier, Vingegaard n’était pas à son niveau, donc d’ici à la fin du Tour, on s’attend à ce qu’il revienne. Parce que Vingegaard, c’est un guerrier. Il a une très bonne équipe. Il reste encore beaucoup d’étapes, beaucoup de kilomètres, beaucoup de montagnes en jeu. Il faut rester concentré et ne surtout pas sous-estimer Vingegaard.
En français, on dit qu’il a la baraka, parce que même quand il chute, ce n’est jamais trop grave. Tout lui sourit ?
Oui, on touche du bois comme on dit. Vous savez, il a aussi chuté à Liège-Bastogne-Liège, où il s’est cassé quelque chose. Mais la façon dont il court, il arrive quand même à être bien positionné, grâce aussi à l’équipe. Je crois que la position dans le peloton est très importante. Mais comme je le dis, il faut rester concentré, car on l’a vu l’autre jour : une chute arrive vite. Heureusement, lors de sa dernière chute, il a pu glisser plutôt que tomber violemment... Oui, il s’en est pas trop mal sorti.
Franchement, toi qui le connais par cœur, est-ce que Tadej Pogacar te surprend depuis le début de ce Tour ?
Vous savez, d’un côté, bien sûr qu’il me surprend. Mais de l’autre, c’est Tadej. Il fait ce à quoi on est habitué. Il a fait deux Tours où il n’était pas vraiment dans sa meilleure forme : une fois à cause d’une chute, une autre fois à cause d’une fringale. Il a perdu le Tour, mais il a quand même terminé deuxième en gagnant trois ou quatre étapes. C’est Tadej. On le voit dans les classiques, c’est impressionnant. On a la chance de l’avoir dans l’équipe. Et je pense que le public du cyclisme est gâté de voir un tel talent. Nous, on a la grande chance de l'avoir dans l'équipe.
De quoi as-tu le plus peur pour la suite de ce Tour de France, concernant Tadej Pogacar ?
Peut-être, parfois, de son envie d’en faire trop… et de finir par le payer à un moment donné. Avec les années, il a appris de ses erreurs. La leçon du Granon, c’était une vraie leçon : sur une seule montée, il a perdu trois minutes… et le Tour. C’est ça, la crainte : qu’il en veuille trop, et qu’à un moment, il doive payer la note. C’est à nous aussi, parfois, de le convaincre de rester calme. Mais l’avantage au classement est quand même intéressant. Il faut bien gérer la situation, et surtout la force des coéquipiers, parce qu’il reste encore énormément de travail jusqu’à Paris. Donc c’est vraiment une question de gestion des forces.
Alors, quel est le sentiment au soir de cette 13e étape ?
Très bien. On est dans une très bonne situation, une très bonne position. Le classement général est pas mal dessiné. Remco [Evenepoel] a souffert hier, et aujourd’hui il n’a pas eu une bonne journée non plus. Il commence à être assez loin au général. Donc on peut se concentrer plus ou moins uniquement sur Vingegaard.
Publié le par Esteban DA COSTA