Le show Ben Healy sur la 6e étape, Van der Poel en Jaune pour 1« !
Tour de FranceBen Healy a fait sa spéciale ! Comme prévu, cette difficile 6e étape du Tour de France a été disputée sur un rythme infernal sur les routes normandes entre Bayeux et Vire et a souri à une échappée de costauds ce jeudi 10 juillet. Et parmi les nombreux baroudeurs à avoir tenté leur chance pour décrocher la victoire, l'Irlandais a fait le show et connu un véritable jour de grâce pour s'imposer à l'issue d'un raid en solitaire dont il a le secret. Premier attaquant du jour et intenable en début d'étape pour faire partie de la bonne échappée, finalement constituée après deux heures d'une bataille très intense de 8 solides coureurs, dont Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck), le coureur d'EF Education-EasyPost a surpris ses compagnons de fuite à 43 km de l'arrivée et n'a plus jamais été revu. Ecrasant les pédales et ses rivaux dans son style caractéristique, Healy a tué tout suspense dans le final et repoussé ses poursuivants à près de 3 minutes pour s'offrir son premier succès sur le Tour ! Seulement 8e et à bout de force à l'arrivée, MVDP se console en reprenant le maillot Jaune à Tadej Pogacar... pour une toute petite seconde d'écart !
Kévin Vauquelin en famille après cette 6e étape du Tour
MVDP en Jaune d'un rien, pas d'attaque entre les leaders
Pas dans un grand jour et épuisé après une grosse débauche d'énergie tout au long de la journée, le Néerlandais n'avais plus grand chose dans le moteur dans le final et n'a pas pu se mêler à la lutte pour les places d'honneur. C'est Quinn Simmons (Lidl-Trek) qui s'est montré le plus solide pour décrocher la 2e place devant Michael Storer, qui offre à Tudor son premier podium sur le Tour. Eddie Dunbar (Team Jayco-AlUla) et Simon Yates (Visma | Lease a Bike) complètent le top 5 dans cette échappée où aucun Français n'a réussi à prendre place.
Passant la ligne à 3'58", MVDP a ensuite vu le peloton revenir à vitesse grand V dans le final alors que le Jaune semblait bien ancré sur ses épaules un peu plus tôt. Pogacar a finalement réglé le groupe des favoris devant Vingegaard avec un retard de 5'27", soit 1'29 de plus que Van der Poel, pointé ce matin à... 1'28" ! Journée parfaite donc pour le Slovène et UAE, qui se délestent du maillot Jaune de justesse. Malgré quelques petites cassures sur la ligne, relatif statuquo entre les leaders pour le classement général. 14e à l'arrivée sur SON étape après avoir tout tenté pour s'échapper, en vain, Kévin Vauquelin (ARKEA-B&B HOTELS) perd une place et passe 4e du général.
Le résumé de la course
Comme on pouvait s'y attendre, les attaquants se lancent à l'abordage dès le départ donné à Bayeux. Mais l'équipe Intermarché-Wanty réagit rapidement et prend les rênes du peloton pour calmer tout le monde, avec en vue le sprint intermédiaire au km 22. On laisse donc faire la formation belge, mais c'est finalement Jonathan Milan (Lidl-Trek) qui passe en tête à ce sprint et reprend provisoirement la tête du classement par points. Il devance Mathieu van der Poel, qui s'est mêlé au sprint, puis Biniam Girmay et Anthony Turgis. Une fois ce premier point chaud passé, les hostilités pour former la bonne échappée peuvent reprendre. La course est totalement débridée et le rythme fou pendant de nombreux kilomètres, et c'est après plus d'une heure de course à 49 km/h de moyenne, une fois la difficile côte de la Rançonnière franchie, que le bon coup semble partir.
Mathieu van der Poel attaque après le sommet, et le Néerlandais est suivi par d'autres costauds comme Quinn Simmons (Lidl-Trek), Harold Tejada (XDS Astana), Will Barta (Movistar) et l'increvable Ben Healy (EF Education-EasyPost), intenable depuis le départ. Un quintet qui navigue avec 10 à 30 secondes de marge sur un peloton déjà bien amaigri et qui subit les relances incessantes des équipes piégées, avec notamment une formation Visma très remuante. L'intensité est toujours aussi impressionnante, et dans une nouvelle portion difficile, Eddie Dunbar (Jayco AlUla), Michael Storer (Tudor) et Simon Yates (Visma) parviennent à faire le jump. Il faut sans surprise être très fort pour être à l'avant, mais même si le peloton temporise légèrement, les 8 de tête ne prennent toujours pas le large ! Car ça ne débranche toujours derrière, les équipes françaises étant notamment piégées à la pédale. Sur ses terres, Kévin Vauquelin tentent sa chance à plusieurs reprises mais est surveillé par UAE.
Une échappée de 8 costauds à l'avant avec Van der Poel... mais pas de Francais
Après un début de Tour emballant, déception pour les Français qui ont manqué le coche par manque de jambes, même s'ils ont beaucoup tenté, mais souvent à contre-temps (Guillaume Martin, Valentin Madouas, Mathieu Burgaudeau, Vauquelin...). Après deux heures d'effort et 92 km parcourus, l'équipe UAE reprend la main et calme le jeu avec Nils Politt pour imprimer un rythme toujours soutenu. Il faut attendre la barre des 100 bornes de l'arrivée pour voir l'écart enfin dépasser la minute avec les échappés. Le rouleur allemand maîtrise cette avance à lui tout seul, même si elle grimpe petit à petit. Après avoir stagné à 1'30", elle atteint les trois minutes au moment où on arrive au pied de la 3e difficulté répertoriée du jour, la Côte de Mortain (1.6 km à 8.6%), à 65 km du but.
Dunbar fait l'effort pour passer en tête au sommet, devant son compatriote Healy. Derrière, au sein d'un peloton qui a repris un peu de volume et compte environ 110 coureurs, UAE et Politt maintiennent l'écart autour des trois minutes. Au vu du calibre des coureurs échappées, la gagne a de grandes chances d'être devant désormais, à moins d'un changement de physionomie dans le peloton. Mathieu van der Poel devrait donc reprendre le mailot Jaune à Pogacar, lui qui est le mieux classé devant à 1'28" du Slovène. Et la tendance continue dans ce sens, puisqu'à 50 km de l'arrivée, il y a désormais 3'40" d'avance. La messe semble dite. La Côte de Juvigny-le-Tertre (2.2 km à 6.6%) voit elle Storer passer en tête devant Dunbar.
Ben Healy fait le show et sa spéciale : un raid en solitaire de 43 kilomètres ?
On entre dans une portion un peu moins difficile avant d'aborder l'enchaînement des difficultés du final... et Ben Healy en profite pour surprendre ses rivaux en attaquant à 43 km de l'arrivée ! Attention à l'Irlandais, machine à rouler et adepte de ces longs numéros en solitaire dans son style caractéristique, à l'image de ses deux victoires en World Tour sur le Giro 2023 et au Tour du Pays basque 2025. Il creuse d'ailleurs rapidement avec 30 secondes d'avance, même si les poursuivants comprennent vite le danger et collaborent bien.
Mais comme souvent dans ce genre de situation et face à un Ben Healy fidèle à lui-même, l'écart continue irrémédiablement de grandir et atteint la minute au pied de la Côte de Saint-Michel de-Montjoie (3.7km à 4.2%) ! Dans un état de grâce comme à chacun de ses raids, Healy, pourtant déchaîné en début d'étape avec de nombresues attaques, s'envole vers la victoire à 30 km. Cette difficulté permet tout de même à Quinn Simmons et Michael Storer de sortir en costauds du contre, mais ils passent avec 50" de retard au sommet. Le reste de l'échappée avec Van der Poel pointe déjà à 1'20".
Healy intouchable, Van der Poel en jaune pour une petite seconde !
Le suspense est rapidement inexistant, Healy signant une démonstration et repoussant ses rivaux à plus de deux minutes, malgré l'entente de Simmons et Storer derrière. Alors qu'on s'attendait à un final explosif et décisif pour la victoire d'étape, les derniers kilomètres ont pour seuls enjeux les places d'honneur et de connaître le nombre de minutes d'avance de l'Irlandais sur ses poursuivants et sur le peloton. Un peu juste, Van der Poel craque dans le 3e groupe mais devrait quand même s'emparer du Jaune. Alors que Healy savoure son triomphe, Quinn Simmons domine Storer au sprint pour la 2e place à près de 3 minutes.
Les coureurs franchissant la ligne un par un dans ce mur final, et MVDP termine en grande souffrance. 8e et dernier de l'échappée, il passe avec 3'58" de retard... alors que le peloton est déjà là ! Le Jaune n'est pas encore du tout assuré, ça va se joeur à la seconde après que le peloton ait franchement accéléré. Pogacar attend les derniers mètres pour régler au sprint un maigre peloton de favoris qui passe la ligne... 1'29" après le Néerlandais, qui glane ainsi le Jaune pour une seconde ! Un scénario fou mais idéal pour Pogacar, qui a vécu une très bonne journée.
Publié le par Arthur DE SMEDT