Kévin Vauquelin : «Pogacar ? Là, j'en ai un peu rien à faire...»
Tour de FranceAlors que l'on pouvait redouter la 12e étape, la première de haute montagne de ce Tour de France ce jeudi pour Kévin Vauquelin (Arkéa - B&B Hotels), le Français a une nouvelle fois réalisé une immense performance. En difficulté dès le col du Soulor, il s'est accroché et a fini par revenir sur le groupe des favoris grâce à son coéquipier Cristian Rodriguez. Vite lâché dès les premières pentes d'Hautacam, il a parfaitement su gérer son effort, reprenant un à un les prétendants au classement général dont Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step), qu'il a dépassé dans les derniers hectomètres. Il termine finalement à la 6e place ce jeudi, devant le Belge, ce qui lui permet de remonter dans le top 5 du classement général après la défaillance de Ben Healy (EF Education - EasyPost). En somme, une nouvelle superbe performance pour le Français.
Kévin Vauquelin après la 12e étape à Hautacam
"Si Pogacar a déjà gagné le Tour ? Je n'en sais rien moi, là j'en ai rien à foutre"
Le Normand a fait le débrief de sa journée à notre micro une fois redescendu à son bus. "C'est parti à fond, ça a roulé à fond, on est arrivé à fond... donc c'était pas mal ! C'est parti vriament vite avec le gros peloton qui est sorti. Je voulais vraiment m'économiser au début, pour ça que je n'étais pas devant. Mais je me suis dit 'mince, là c'est peut-être pas très bien'. Plusieurs équipes se sont mises à rouler, c'était vraiment, même si ça ne se voyait pas à la télé. En arrivant dans les premiers cols, ça s'est vite garé. La chaleur a joué pas mal aussi. Chaque fois j'avais un coup de mou à un moment, et je revenais ensuite, donc c'est très satisfaisant. Je commençais bien, un coup de mou au milieu, et ça revenait à la fin. D'un côté, il vaut mieux que ce soit comme ça que juste un coup de mou à la fin. Je me suis battu au maximum, on m'a poussé dans l'oreillette, ça m'a permis d'aller au bout du truc", a-t-il détaillé.
"Doubler Remco à la fin, je suis vraiment content de moi. Je n'ai pas lâché dans la tête. Revenir sur Remco Evenepoel, c'est quand même très fort. Après, je pense qu'il n'a pas eu non plus sa meilleure jorunée du Tour. J'ai fait preuve de résilience, je suis vraiment content de mon mental aujourd'hui, ainsi que de l'équipe. On fait 6, 10 et 12 je crois au sommet, on était encore trois alors qu'il n'y avait plus que les favoris devant, on peut être vraiment fiers de ce qu'on a fait. Cela pousse tout le monde vers le haut. Jouer le général ? Je vais voir au jour le jour, il reste beaucoup d'étapes très dures. Là je me suis battu au maximum, est-ce que mentalement je vais être capable de me battre comme ça tous les jours ?", s'est-il interrogé.
Enfin, il s'est vu demandé si Pogacar avait déjà gagné le Tour après sa démsontration. "J'en sais rien moi, je n'ai pas encore vu les résultats ! J'ai vu Emmanuel Macron, je viens de descendre d'une montagne en 14 bornes au milieu du public... donc là j'en ai rien à foutre (rires) ! J'ai entendu qu'il a gagné et qu'il a mis beaucoup de temps à Jonas. Il a montré son niveau, ce n'est pas étonnant je pense. Mais le Tour est long, il a chuté, il peut avoir un jour sans, on l'a déjà vu il y a trois... donc on verra !"
"Je commence à mieux appréhender la montagne"
Auparavant, juste après l'arrivée, il est revenu à chaud sur sa performance avec une nouvelle fois beaucoup de lucidité : "Je me suis accroché vraiment à bloc toute la journée, ça a roulé fort, avec beaucoup d'à-coups, ce qui ne se voyait peut-être pas à la télé. C'était compliqué et pas vraiment à mon avantage, et dans le premier col (du Soulor) j'ai commencé à exploser. Mais Cristian (Rodriguez) a fait un travail de fou pour me ramener et on est revenus juste en haut, c'était parfait. La bosse d'après était plus dans mes cordes donc ça a été. Puis on a vu un collectif Arkéa encore... on était trois alors qu'il restait vraiment pas grand monde, c'était top, ils m'ont permis de me motiver".
Il poursuit sur sa gestion de la dernière bosse : "Après à Hautacam, j'ai commencé tout de suite à mon rythme. J'ai géré ma montée, à la fin j'ai senti que je pouvais en remettre, ce qui m'a permis de reprendre Remco. Je commence à mieux appréhender la montagne. J'ai fait un bon stage d'altitude, ça m'a permis d'améliorer grandement cette filière-là. Je me rends compte que c'est surtout une barrière mentale. On verra si je peux jouer le général, il reste encore une semaine et demie avec des cols vraiment durs. C'est difficile mentalement de se pousser au maximum tous les jours, mais je pense qu'on peut être déjà très satisfaits. Depuis le Tour de Suisse je franchis plein de paliers, j'en suis très heureux", conclut-il.
Publié le par Noah VIGNAUD