Kévin Vauquelin : «Est-ce qu'on va me laisser partir...»
Tour de FranceC'est un énorme contre-la-montre qu'a sorti Kévin Vauquelin sur la 5e étape du Tour de France ! Parti au milieu de Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step), Jonas Vingegaard (Team Visma | Lease a Bike) ou encore Tadej Pogacar (UAE Team Emirates XRG), le Normand a brillé sur ses terres en allant chercher le 5e temps à l'arrivée, à 49 secondes du champion olympique. Au classement général, le puncheur français réalise également une très belle opération et se paye le luxe de doubler Jonas Vingegaard et son coéquipier Matteo Jorgenson pour monter sur le podium, sans son maillot blanc, qu'il a dû laisser au vainqueur du jour. A notre micro, le Normand est revenu sur cette étape et sur la suite de son Tour de France, où il vise toujours une victoire d'étape.
Kévin Vauquelin à notre micro après son gros chrono du jour
"Le travail paye et la progression continue"
Alors Kévin, on savoure ?
Ouais on savoure, là je t'avoue je suis un peu stone, ça fait un shot d'adrénaline. Je pense que quand ça va me lâcher, ça va me lâcher. C'est à dire que quand je vais me poser sur la table de massage, je vais m'éteindre totalement. C'est que du bonheur, c'est presque pas trop croyable, il se passe tellement de choses, il y a tellement de soutien. On voit le monde s'agglutiner autour de moi, scander mon nom et me regarder avec de la ferveur et des frissons, moi ça me donne encore plus de frissons.
Le maillot blanc sur les épaules, ça transcende ?
Ouais ça transcende et puis en plus c'est la classe en blanc (rires). Avoir un maillot distinctif sur le Tour de France c'est déjà incroyable, maintenant je suis troisième au général, même si ça dure qu'une journée ou qu'une semaine, c'est juste incroyable.
Quand on se retrouve troisième au général, on change pas ses objectifs ? C'est toujours l'étape ?
Pour l'instant on veut gagner une étape, on verra comment on peut le faire. Ce sera à la jambe en piégeant les leaders ou en essayant en échappée, on verra comment ça va se dérouler. Comme je l'ai dit, à chaque jour suffit sa peine et on courra au jour le jour. C'est long un Grand Tour, on sait pas comment ça peut se passer. L'an dernier ça s'est très bien passé au début et ensuite je suis tombé malade. Je profite de chaque jour, de mes jambes, parce qu'on a pas toujours les meilleurs jambes et à des moments on peut avoir un coup de mou.
Je viens de discuter avec Mauro Gianetti, il m'a dit : "non non Kévin Vauquelin ne m'épate pas, il est là où je l'attendais"
Wouaw, tant mieux (rires). C'est bien d'avoir des personnes qui connaissent le vélo, même mes proches, les gens avec qui j'ai grandi, qui ne sont pas si étonnés que ça. C'est quand même rassurant, on se dit que le travail paye et que la progression continue.
"Je remercierai Christian Prudhomme de nous faire ça"
A l'arrivée à Caen, Kévin Vauquelin avait des étoiles plein les yeux, lui qui a été porté pendant les 33 km du parcours par un public largement acquis à sa cause : "Je ne sentais pas les jambes. J'avais un peu mal aux jambes mais le corps, le cœur, les poumons étaient encore sous réserve, c'était incroyable. Ces supporters, tout le soutien, c'est incroyable, je suis aux anges, merci à tous. J'ai fait un chrono qui n'était pas mal, je pense que c'était un de mes meilleurs chronos et je profite, j'ai même pas les mots. J'ai géré en poussant, tout simplement. Je n'ai pas regardé les watts, les seules fois où j'ai regardé c'est pour pas aller trop vite au début. Après je ne regardais plus rien, je voyais que ça forçait, ça y allait. On me disait : "remonte une dent", j'avais de la force, j'ai pas mal aux jambes actuellement mais ce soir je vais avoir mal partout quand l'adrénaline va retomber, mais c'est incroyable de vivre ça, je pense que je remercierai Christian Prudhomme de nous faire ça, passer chez soi c'est beaucoup d'émotion."
Et ce n'est que le début pour le Normand qui passera dès jeudi sur ses terres, et profite de son Tour de France : "Là en contre-la-montre, avec un maillot distinctif, le public c'était fou. Je profite de chaque moment, quand je dis chaque jour suffit sa peine... Ce n'est pas de la peine que j'ai depuis quelques jours. J'ai entendu que Remco m'avait mis 50 secondes, au début j'étais bien parti et après voilà, quand on est double champion olympique, champion du monde avec un palmarès aussi long que le maillot blanc, c'est normal et chapeau à lui. C'est un grand champion quand même parce qu'il n'a pas vécu un début de Tour facile et il montre qu'il est présent, il l'avait annoncé donc bravo à lui. Demain, on ne sait pas trop ce qu'il peut se passer et je suis encore placé au général, est-ce qu'on va me laisser partir ou non ? Est-ce que l'échappée va aller au bout ? J'en sais rien, en tout cas je sais juste que j'ai mon fan club qui va être là et que je vais avoir le sourire toute l'étape, peu importe ce qu'il se passe à l'arrivée."
Publié le par Paul-Antoine STEVENIN