La polémique entre l'UCI et SRAM sur la limitation des braquets
RouteLa controverse enfle autour du nouveau projet de l’Union Cycliste Internationale (UCI). L’instance dirigeante du cyclisme mondial a annoncé qu’elle testerait, lors du prochain Tour du Guangxi (14-19 octobre), une limitation du braquet maximum autorisé en course. Présentée comme une mesure de sécurité, cette initiative est désormais au cœur d’une enquête ouverte par l’Autorité belge de la concurrence après une plainte du fabricant américain de composants SRAM.
Limitation des braquets, un sujet important pour la sécurité
“Des effets immédiats, discriminatoires et disproportionnés”
Vendredi, l’Autorité belge de la concurrence a déclaré qu’elle lançait une investigation sur “l’adoption par l’UCI d’une norme technique limitant le rapport de transmission maximal autorisé dans les épreuves de cyclisme sur route”. Selon l’autorité, la plainte reçue affirme que cette norme “n’est pas objectivement justifiée pour des raisons de sécurité” et qu’elle risque d’avoir “des effets immédiats, discriminatoires et disproportionnés” sur SRAM, en perturbant la concurrence dans l’approvisionnement en transmissions hautes performances et la participation des équipes.
Dans un communiqué au ton ferme, l’UCI a exprimé sa “surprise” face à l’annonce publique de l’enquête avant même d’avoir reçu la plainte et a dénoncé “des inexactitudes évidentes” dans le communiqué de l’autorité belge. L’organisation insiste sur le caractère expérimental de ce test, limité au Tour du Guangxi, et rappelle qu’elle “tiendra compte des résultats avant d’envisager d’autres expérimentations en 2026. Plus surprenant encore, le communiqué ne juge même pas nécessaire de préciser que ce test vise à explorer des mesures pour accroître la sécurité des coureurs, ce qui est un droit fondamental des instances dirigeantes du sport”, souligne l’UCI.
SRAM victime de cette mesure ?
Le protocole de test s’inscrit dans les recommandations de SafeR, structure de référence en matière de sécurité, qui a estimé que les rapports de transmission actuels pouvaient contribuer à des vitesses excessives sur certaines portions de course, notamment en descente. L’UCI avait annoncé dès juin que des données seraient collectées et les retours des parties prenantes analysés avant toute décision réglementaire. La limitation prévue affecterait en particulier les coureurs utilisant des groupes SRAM avec des développements 54x10, qui devraient procéder à des ajustements mécaniques avant les courses. L’UCI souligne toutefois que la mesure “ne cible aucune marque” et “s’applique uniformément à tout le peloton”.
Le projet aurait reçu l’aval de la majorité des coureurs via un questionnaire et du CPA (Cyclistes Professionnels Associés) lors d’un récent conseil du cyclisme professionnel. L’UCI se dit “ouverte au dialogue” mais “s’interroge sur les objectifs de SRAM” qui conteste “un test destiné à évaluer la pertinence d’une mesure de sécurité”. L’UCI assure être “confiante” dans la conformité de son projet avec le droit européen et belge de la concurrence. L’enquête de l’autorité belge déterminera si la limitation enfreint ou non la législation. D’ici là, l’UCI maintient son programme d’essai au Tour du Guangxi en octobre prochain et ne fera “pas d’autres commentaires” sur la procédure en cours.
Publié le par Titouan LABOURIE