Yannick Talabardon : «Paris-Nice sans les superstars, c'est un regret»
INTERVIEWCe mercredi 17 décembre a eu lieu la tant attendue présentation officielle du parcours de Paris-Nice 2026. Après avoir dévoilé les huit étapes qui relieront les Yvelines à l'Allianz Riviera, la résidence de l'OGC Nice, Yannick Tabalardon, directeur de la course au soleil, s'est arrêté au micro de Cyclism'Actu pour donner ses sensations quant à ce parcours exigeant. Tout comme Christian Prudhomme, également présent dans les Yvelines, l'ancien coureur s'attend à du grand spectacle.
"On a conservé la dernière étape où tout peut se passer"
84e Paris-Nice et désormais, tout seul aux manettes ?
J'ai déjà eu un baptême du feu l'année dernière, où François (Lemarchand) n'a pas pu venir sur la course, donc j'ai été tout de suite dans le grand bain. C'était prévu qu'on le fasse en binôme cette année du coup il n'y a pas trop de nouveautés même si il y a plus de responsabilité sur les épaules. Ma seule nouveauté, c'était la présentation en fait.
Si tu devais nous résumer cette 84e édition, il est comment ce Paris-Nice ?
J'aime beaucoup ce parcours parce qu'on a quand même deux étapes favorables aux sprinteurs, même si c'est loin d'être gagné. Sur la première étape, on aura la côte de Chanclos les Vignes, c'est 1,1 km à 8% de pente moyenne, c'est très intéressant pour créer de l'incertitude. Le lendemain, c'est la fameuse étape des bordures, même si on attend le vent depuis trois ans, c'est vraiment une étape dédiée aux sprinteurs. À partir de là, on aura le contre-la-montre par équipes, habituel sur Paris-Nice mais on voulait que ça revienne parce qu'il y aura la première étape du Tour de France qui suivra.
Et ensuite, on n'aura que des étapes difficiles, jusqu'à Nice. Elles ne sont pas du tout identiques, on propose des arrivées au sommet, des bosses à 5 km de l'arrivée... Et enfin, on a essayé de conserver cette dernière étape où tout peut se passer.
Il y a une légende autour de la côte d'Uchon, est-ce qu'elle est vraie ?
J'ai redemandé à monsieur le maire si c'était vrai et ils me l'ont confirmé, Paris-Nice était passé en 1966 dans cette côte-là et les gens du coin nous racontent que beaucoup de coureurs avaient mis pied à terre dans la partie raide, sûrement parce qu'ils n'avaient pas les bons braquets et que personne ne connaissait cette côte à l'époque. Et il est vrai que Raymond Poulidor avait mis à mal Jacques Anquetil à l'époque, donc la légende est vraie.
Le parcours de Paris-Nice 2026 a été dévoilé
"Paris-Nice, c'est une classique par étapes"
Un mot sur l'étape entre Barbentane et Apt, étape à la fois belle en terme de paysages et sportivement.
Toutes les étapes sont belles mais celle-là est particulièrement esthétique. On passe dans les Alpilles, on va dans le Luberon et on profite de ces villages perchés dans le final pour avoir des petites côtes. Notre but sur cette étape, c'était d'essayer de se rapprocher au plus de Milan-San Remo, c'est à dire qu'on aura un sprint dans une bosse de 2,5 km à 4 % de moyenne, puis 3 km de plat entre le sprint et le grimpeur, à 4 ou 5 % de moyenne, et au sommet, nous sommes à 5 km de l'arrivée. On est vraiment dans un schéma très proche de Milan-San Remo, avec une descente moins technique mais par contre, 2 km de plat pour arriver à Apt. C'est pour tous ces coureurs, comme Mads Pedersen, qui viennent sur Paris-Nice pour préparer Milan-San Remo, ils auront leur étape.
C'était justement pour essayer d'attirer ces coureurs ?
C'est important... Moi je pense que Paris-Nice c'est une classique par étapes, c'est tous les jours une classique. Après les coureurs choisissent et c'est comme ça qu'on espère faire venir des coureurs qui souhaitent gagner des monuments. Mais en tout cas, ça fait partie du jeu de construire un parcours pour séduire les coureurs et qu'ils viennent sur Paris-Nice.
Pourquoi l'Allianz Riviera comme point de départ et d'arrivée de la dernière étape ?
On l'aura compris, ce sera le jour des élections municipales et quoiqu'il arrive, Paris-Nice doit arriver à Nice. Avec les élections, il faut faire attention aux bureaux de vote, le stade de l'Allianz Riviera, ce n'est pas la promenade des Anglais, je le conçois, mais en tout cas, pour la remplacer, c'est très bien. Construire un parcours, ce n'est pas que le sportif, on parle aussi politique et enjeux sécuritaires.
Il n'y a pas les superstars, c'est un regret ?
L'année dernière, le deuxième de Paris-Nice c'était Florian Lipowitz, maintenant j'ai l'impression que tout le monde le veut parce qu'il a fini troisième du Tour de France. Le troisième l'année dernière, c'était Thymen Arensman, personne ne le connaissait hormis les experts et il a gagné deux étapes sur le Tour. Oui c'est un regret mais à côté, je suis persuadé qu'on aura une belle course, on a quand même de très beaux coureurs et je suis ravi d'avoir beaucoup de Français qui ont brillé au départ.
Publié le par Paul-Antoine STEVENIN