Marc Madiot : «J’attends que tous mes coureurs soient revanchards...»
INTERVIEWÀ Calpe, en Espagne, Marc Madiot s’est confié au micro de Cyclism’Actu. Champion de France sur route en 1987 et directeur de la formation française Groupama-FDJ depuis 1997, il a dressé le bilan de la saison 2025. Si le classement mondial de l’équipe, 18e en WorldTour, est en deçà des attentes, Madiot reste optimiste pour l’avenir et compte sur ses coureurs pour revenir plus motivés et ambitieux.
"Des aléas nous ont mis en difficulté : blessures, chutes, méformes…"
L'équipe a subit un petit contretemps lors de sa préparation: une dizaine de coureurs de l’équipe ont été verbalisés par la police. Que s’est-il passé exactement ?
Ils ont fait ce que font beaucoup de cyclistes, professionnels ou non : griller un feu rouge. Malheureusement pour eux, il y avait des gendarmes un peu plus loin. Et la situation a été diffusée sur les réseaux sociaux, donc voilà, ça s’est fait. Dans ce cas, on leur rappelle de respecter le code de la route. Les voitures derrière eux l’ont respecté, mais on connaît l’indiscipline des cyclistes, professionnels ou amateurs. Brûler un feu rouge ou ne pas s’arrêter à un stop n’est jamais idéal. C’est un petit rappel à l’ordre. Quand ça touche au porte-monnaie, ça fait plus d’effet.
Pour revenir sur la saison passée, 2025, avec 15 victoires et une 18e place au classement UCI, comment jugez-vous cette saison ? Certains disent que c’est l’une des pires de l’équipe récemment.
Ce n’était pas une grande saison. Nous n’avons pas eu le rayonnement espéré. Mais malgré tout, nous avons 15 victoires et nous restons en WorldTour. Même si nous sommes 18e sur l’année, nous sommes 10e sur trois ans. Des aléas nous ont mis en difficulté : blessures, chutes, méformes… Quand vos meilleurs atouts sont en difficulté, il est difficile de marquer des points, ce qui impacte forcément le classement. Mais c’est la vie du sport : on prend acte, on se régénère et on se tourne vers l’avenir.
Vous entrez dans un nouveau cycle de trois ans, 2026-2028. Quelle position visez-vous avec l’équipe ?
Nous espérons rester une équipe de milieu de tableau du WorldTour. Pendant deux ans, nous avons été 7e au classement, ce qui était au-dessus de nos espérances. L’objectif pour nous est de rester entre la 10e et la 12e place, marquer des points et rester en sécurité dans le ventre mou du classement, sans être en recherche permanente de points.
En 2025, certains leaders comme Romain Grégoire et Stefan Küng ont eu de bons résultats, d’autres comme Valentin Madouas et David Gaudu ont été plus en difficulté. Les attendez-vous revanchards ?
J’attends que tous les coureurs soient revanchards. J’attends de chacun un engagement total et fort autour de l’équipe pour aller chercher des résultats. 2025 est derrière nous, il faut se remotiver, se redynamiser et travailler sur les petits détails qui feront la différence dès le début de la saison 2026.
Quels sont ces petits détails ?
L’engagement, le travail, la confiance, la solidarité… Aller chercher ce petit 1% qu’on oublie parfois et qui peut poser problème dans les moments cruciaux. Il faut aussi un brin de réussite, mais sans chute, sans blessés et en courant juste, nous aurons des résultats. Je n’ai pas trop d’inquiétude là-dessus.
"Chaque 1er janvier est un nouveau départ"
Pour le mercato, plusieurs mouvements ont eu lieu : Stefan Küng et Lewis Askey ont quitté l’équipe, et de nouveaux coureurs arrivent comme Clément Berthet, Bastien Tronchon, Ewen Costiou, Mateo Milan et Maxime Decomble. Qu’attendez-vous d’eux ?
J’attends la même chose de tous : être opérationnels et aller chercher des résultats. Ce n’est pas parce qu’on arrive qu’on a des privilèges, ni parce qu’on est là depuis longtemps qu’on est protégés. L’objectif est que tout le monde contribue aux performances de l’équipe.
Ces nouveaux coureurs pourraient avoir des rôles de leaders sur certaines courses. Est-ce une volonté de redynamiser l’équipe ?
Non, ce n’est pas une question de redynamisation. Chaque 1er janvier est un nouveau départ. Que la saison précédente ait été bonne ou mauvaise, l’approche de 2026 est la même : remettre le compteur à zéro, se concentrer sur le travail à faire et se mettre dans le bon tempo global pour aller chercher des résultats.
Quels sont donc les objectifs concrets pour l’équipe ?
Gagner, partout. Nous ne sommes pas assez forts pour décider d’avance quelles courses nous allons gagner. L’idée est d’être opérationnel, de saisir les opportunités et de ne pas les manquer. Louper une occasion peut nous mettre en difficulté.
Pour parler du Tour de France, qui reste le point d’orgue de la saison : vous n’avez pas gagné depuis 2019 avec Thibaut Pinot. Cette année, Romain Grégoire est passé proche d’une victoire. Le terrain se restreint-il pour espérer l’emporter ?
Grégoire a montré qu’il pouvait être à la lutte pour la victoire sur des étapes très disputées, notamment dans la première semaine du Tour. Avec un peu plus de force et une année d’expérience supplémentaire, il pourra rivaliser avec les meilleurs puncheurs. L’important est d’avoir tous les leaders opérationnels, sans chutes, maladies ou méformes. Le moment viendra, il faut être prêt.
Et pour vous, Marc Madiot, que peut-on vous souhaiter personnellement pour 2026 ?
Que l’équipe soit performante, qu’on gagne, qu’on soit opérationnel et qu’on aille chercher des résultats.
Publié le par Cyclism'Actu