L'Amérique du Sud à vélo - Bolivie : La route de la Mort (3)
Par Benoit DOURLHIES le 22/03/2015 à 16:10
Suite aux deux premiers épisodes consacrés au Corcovado au Brésil et au canyon de Colca au Pérou, la série fait étape cette troisième semaine en Bolivie, prenant un peu hauteur avant de dévaler la célèbre route de la Mort.
Cinq pays, cinq routes, cinq visions différentes du cyclisme, voilà ce que l'on peut découvrir au cours quelques semaines de voyage en Amérique du Sud en tant que passionné de vélo. Brésil, Pérou, Bolivie, Argentine et Chili, des territoires où la place de ce sport au sein de la société n'est pas la même suivant les Etats, mais dans lesquels la pratique de la petite reine se transforme à chaque fois en un grand moment
El "camino de la Muerte", traduit littéralement en français par la route de la Mort, se nomme en réalité la route des Yungas, portant le nom de la région qu'elle traverse à quelques 50 km de la ville de La Paz. Armé de son vtt, casque intégral, gants, genouillères, la descente commence à plus de 4000 m d'altitude, avec une vue imprenable sur les sommets enneigés si les nuages décident de ne pas trop se montrer (ce qui n'est vraiment pas le cas durant la saison des pluies). La première partie du circuit, une quinzaine de kilomètres, se révèle être pratiquement une formalité pour tout cycliste amateur, l'asphalte étant de très bonne qualité et le parcours en descente assez douce.
Finalement, le plus difficile est de rester vigilant face aux véhicules qui transitent sur la route tout en appréciant le paysage.
Une fois la partie en goudron terminée, la véritable route de la Mort peut débuter sur un chemin sinueux fait de graviers et de roches, rendu glissant par l'humidité et la pluie très présente à ce niveau du parcours.
En effet, l'environnement change et apparait cette fois-ci beaucoup plus tropical, vert et chaud. Par ailleurs, si l'on amorce le trajet couvert de multiples couches de vêtements, on le termine en t-shirt, la température augmentant sensiblement à mesure que l'altitude diminue.
La magie opère alors, circulant au plus proche du précipice non protégé par une barrière de sécurité. C'est là le véritable grand moment de la route de la Mort, qui en suivant les règles que les guides vous imposent se déroulera sans aucun danger au niveau de la sécurité. S'il y a quelques dizaines d'années ce chemin était encore largement utilisé par tous les habitants de la région, aujourd'hui seules les agences de tourisme et une poignée de minibus locaux empruntent ce passage (une nouvelle route a été construite), réduisant de façon considérable le trafic et par conséquent le danger que cette route pouvait représenter auparavant.
De 4700 m à 1 200 m d'altitude, la route de la Mort se termine dans la localité de Yolosa après plus de 60 kilomètres de descente, les poignets et les mains un peu endoloris par l'accumulation de tous les freinages. On y observe les plantations de coca, une feuille combattant les effets néfastes de l'altitude et cultivée sur ces terres depuis de nombreuses années, une activité très importante pour l'économie locale.
A l'image du Pérou, le cyclisme en Bolivie n'est pas des plus développés, le pays demeurant économiquement assez pauvre, les routes n'étant souvent pas goudronnées... Autrement dit, le pays doit faire face à des problèmes bien plus globaux.
On peut néanmoins citer le coureur Oscar Soliz (Movistar Team Colombia), multiple champion national de cyclisme sur route et vainqueur d'étapes sur le Tour de Bolivie.
La route de la Mort peut s'adresser finalement à n'importe quel individu, étant désormais très encadrée par une armée de guides touristiques, du moment que l'on sait faire du vélo. Bien que présentant quelques passages techniques, on peut très bien les aborder avec une vitesse plus que limitée, réduisant quasiment à néant les risques de chute. L'appréhension disparaît au fur et à mesure, et au final, seuls de bons souvenirs résulteront de ce périple, accompagnés bien sûr par quelques ampoules aux mains.