L'Amérique du Sud à vélo - Pérou : Le canyon de Colca (2)
Par Benoit DOURLHIES le 15/03/2015 à 12:00
Après un premier chapitre consacré au Brésil et à l'ascension du Corcovado dans la ville de Rio de Janeiro, le second volet de cette série fera étape au Pérou, et plus précisément au canyon de Colca, situé non loin de la ville d'Arequipa.
Cinq pays, cinq routes, cinq visions différentes du cyclisme, voilà ce que l'on peut découvrir au cours quelques semaines de voyage en Amérique du Sud en tant que passionné de vélo. Brésil, Pérou, Bolivie, Argentine et Chili, des territoires où la place de ce sport au sein de la société n'est pas la même suivant les Etats, mais dans lesquels la pratique de la petite reine se transforme à chaque fois en un grand moment.
Si le parcours décrit ci-dessous est aujourd'hui largement réservé aux randonneurs, il pourrait également s'effectuer en utilisant sa bicyclette, sous réserve de détenir une très bonne condition physique et d'être habitué depuis quelques temps à l'altitude. A noter qu'il faudrait posséder son propre véhicule pour parcourir ce trajet à vélo, les agences de tourisme ne proposant d'excursion de ce type pour le canyon de Colca. Le circuit, qui s'effectue normalement à pied en deux jours, peut être réalisé en une journée seulement, n'ayant qu'une vingtaine de kilomètres entre le départ en haut du canyon (situé à près de 3.500m d'altitude) et l'arrivée dans le petit village de Cabanaconde.
Dans ce sens, il faudra d'abord descendre cinq kilomètres sur un chemin en terre, à flanc de colline, mais avec une vue superbe sur le canyon et ses condors surplombant la fosse, qui par ailleurs est l'une des plus profondes au monde. Pour avoir une idée, le canyon de Colca est avec ses 4.160m de fond au moins deux fois plus profond que le Grand canyon au Etats-Unis. Une fois arrivé en bas, le chemin deviendra plus valloné et par moment difficile d'accès pour un vététiste, sur une douzaine de kilomètres. Le paysage passe alors du désertique au vert, les locaux utilisant l'eau de la rivière pour cultiver les terres.
Mais c'est la fin du parcours qui représentera la réelle difficulté de cette randonnée. Seulement 4km pour franchir 1.000m de dénivelé, et si l'on s'amuse à faire le calcul le pourcentage moyen peut vite devenir effrayant. Pour référence, un très bon marcheur effectue l'ascension en 1h15. En vtt, il faudra avoir le coeur bien accroché et parfois accepter de devoir descendre de sa monture tant la montée est rude.
Enfin, c'est la délivrance en arrivant tout en haut, avec une superbe vue sur le canyon, qui l'est d'autant plus lors d'un coucher ou un lever de soleil. Une fois atteint le village de Cabanaconde, le trajet se termine, il est alors temps de se restaurer et de rentrer en passant par la vallée, tout aussi spectaculaire au niveau des paysages.
Qu'en est-il alors de l'état du cyclisme péruvien aujourd'hui ? Au niveau professionnel, le Péruvien n'est pas vraiment le type de coureur que l'on peut croiser sur les routes des compétitions World Tour, ou plus largement sur les routes européennes. Quelques coureurs se détachent dans le pays à l'image de Royner Navarro Calle, jeune athlète né en 1992 et déjà plusieurs fois titré lors de ses championnats nationaux.
Cependant, il est logique de comprendre la faible quantité de coureurs cyclistes professionnels lorsqu'on se rend dans le pays. Des endroits qui demeurent encore très pauvres, une culture du sport pas vraiment ancrée dans la société, des gens pour qui le vélo se réduit souvent à un moyen de transport lorsqu'ils peuvent s'en procurer un... De plus, l'état des routes, souvent en terre et qui ne sont absolument pas plates, ainsi qu'une circulation des véhicules pas franchement rassurante, sont des paramètres qui empêcheraient un développement poussé de ce sport. Finalement, le cyclisme sur route ne paraît pas être une priorité au Pérou, le pays devant d'abord s'attaquer à des problèmes bien plus globaux comme la pauvreté ou l'éducation.