Jeannie Longo : «J'ai le sentiment d'être oubliée...»

Jeannie Longo a pendant plusieurs dizaines d'années été la tête d'affiche du cyclisme féminin, notamment en France. Vainqueure du Tour de France Féminin (ancêtre du Tour de France Femmes organisé chaque année entre 1984 et 1989, ndlr) 1987, 1988 et 1989, Championne Olympique en 1996, neuf fois Championne du Monde... la Savoyarde a marqué plusieurs générations de suiveurs, malgré de nombreuses affaires de dopage. Dans un entretien accordé auprès du journal L'Équipe, Jeannie Longo, qui a désormais 66 ans, est revenue sur son impact sur le cyclisme féminin et sur les performances de Pauline Ferrand-Prévot (Visma | Lease a Bike).

"La première vainqueure française du Tour depuis Bernard Hinault..."

"La victoire de Pauline ? J'avais dit, dès la première étape, qu'elle les assassinerait dans la Madeleine", a déclaré Jeannie Longo. "Ça fait parler du cyclisme féminin, c'est bien, c'est une figure inspirante ! Et ça me rappelle de bons souvenirs. J'imagine qu'elle est en train de ressentir plein de choses que j'ai vécues. C'est une sensation formidable, il faut qu'elle en profite, ça reste gravé à vie. Porter le maillot jaune... C'était presque gênant de n'entendre que mon nom crié partout au bord des routes. Et là, j'imagine que ça va être pareil, il ne va y avoir que des 'Allez Pauline !'."

En revanche, quand on lui demande si elle a l'impression que PFP est dans la continuité de l'histoire qu'elle a elle même commencé, Longo se montre sceptique. "J'ai été un peu déprimée tout à l'heure en écoutant les commentaires sur France Info. Il a été dit qu'elle deviendrait peut-être la première vainqueure française du Tour depuis Bernard Hinault (en 1985). Alors que je gagne encore en 1989", explique-t-elle. "J'ai l'impression d'être oubliée, j'ai même l'impression qu'on nous marche dessus..."

"Ses déclarations m'ont attristée..."

Les relations entre les deux femmes n'ont d'ailleurs pas toujours été au beau fixe. Au début de sa carrière, Ferrand-Prévot reprochait à Longo de n'avoir "jamais fait un pas" vers sa génération. "Ses déclarations m'ont attristée, ça m'a marquée. Mais elle était jeune à l'époque (22 ans) et moi, je suis restée dans mon coin tout ce temps. Je n'avais rien contre elle, au contraire j'aurais beaucoup aimé faire les Jeux de 2012 (à Londres) avec elle pour pouvoir la prendre sous mon aile.", explique-t-elle. "On ne s'est revues qu'une seule fois, je crois, par hasard en grimpant l'alpe d'Huez, il y a une dizaine d'années. On avait pris une photo ensemble."