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P. Chanteur : «À quand l'harmonie dans l'antidopage»

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Mis à jour le par Valentin GLO
Photo : @cyclismactu / CyclismActu.net

 

Le 20H du Tour de France avec Pascal Chanteur

Pascal Chanteur, coureur professionnel de 1991 à 2001 et vainqueur d'étape sur Paris-Nice en 1997, est le président du syndicat français des coureurs cyclistes, l'UNCP. Pour Cyclism'Actu, il revient sur le mécontentement affiché par certains coureurs, dont Nacer Bouhanni, après la Polynormande dimanche 31 juillet dû à une attente de deux heures pour un contrôle antidopage finalement annulé. Pascal Chanteur nous parle de cet épisode et des conclusions à en tirer pour la lutte contre le dopage.

 

 

Pascal, nous avons vu passer un mécontentement de certains coureurs sur les réseaux sociaux. Que s'est-il passé à Saint-Martin-de-Landelles ?

La Polynormande s'est déroulée correctement. Une fois la ligne franchie, comme sur toute les courses internationales du calendrier français, les chaperons se sont faits connaître auprès des coureurs concernés pour un contrôle antidopage inopiné et diligenté par l'agence française antidopage. 12 coureurs étaient conviés, ils sont immédiatement venus auprès du médecin préleveur de l'épreuve. Il leur a fait savoir que le contrôle allait se passer dans 2h10. C'est la première fois qu'un contrôle inopiné sanguin se déroule directement après l'épreuve. Habituellement ils se font le matin ou le soir. Le problème, c'est que les coureurs sont restés pendant 2h10 à l'abandon. Normalement, la réglementation est stricte : le chaperon ne doit jamais perdre de vue le ou les athètes concernés. Là, le contrôleur leur a dit "vous revenez dans 2h10". Les coureurs ont la maitrise totale d'un déroulement d'un contrôle, ils savent parfaitement comment cela se déroule. Ils ont été totalement surpris car ils se sont retrouvés libres de faire ce qu'ils voulaient. Finalement, la procédure a été abandonnée quand 2 coureurs seulement avaient été prélevés. Autre problème : les coureurs sont itinérants. Après une épreuve d'un jour comme la Polynormande, les coureurs ont des avions ou des trains à prendre. Ils les ont loupé, et se sont retrouvés dans obligation de dormir sur place. L'AFLD a sous-estimé les problèmes d'intendance. 

 

À qui la faute dans cette affaire ?

La première faute, c'est que notre sport est systématiquement dans la surenchère de la lutte antidopage. Beaucoup de gens ont envie de se faire connaître. Les coureurs n'ont jamais été à l'encontre d'un contrôle. C'est ce qui crédibilise leurs performances. Mais il y a toujours des gens pour dénigrer, des suspcicieux. Pour certains médecins, les coureurs sont toujours suspects de quelque chose. Le coureur cycliste est discriminé. Mais c'est un enfant de cœur par rapport à certains autres sports quand on voit les stats et les chiffres de la lutte antidopage.

 

Quelles conclusions sont à tirer de ce cas sans précédent ?

Nous, à l'UNCP, nous allons travailler avec les personnes compétentes de l'AFLD. Nous allons nous présenter avec des médecins référents pour discuter d'un certain nombre de choses. Aujourd'hui, c'est intenable. Quand je vois le nombre de contrôles, c'est juste incroyable. Il y un vrai problème de logistique et de coûts, il faut revoir l'intégralité du fonctionnement des courses et surtout des après-courses : les équipes et les organisateurs sont obligés de loger intégralité du peloton quand il y aura d'autres contrôles aléatoires et inopinés de ce genre. Ou alors nous ne faisons rien et systématiquement les équipes et les coureurs auront des problèmes d'intendance. Mais qui va payer pour cela ? Il n'est pas question que ce soit l'organisateur, qui a souvent du mal à réunir les fonds pour organiser l'épreuve. Des coureurs devaient se présenter pour le Tour du Burgos au soir de la Polynormande, ils ont connue des problèmes pour retrouver un avion pour arriver en temps et en heure. Beaucoup de sports effectuent ce genre de contrôles, sauf qu'ils ne sont pas itinérants.

Propos recueillis par Valentin GLO pour Cyclism'Actu.

Publié le par Valentin GLO

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