Thibaud Gruel : «On est un peu stupide de se regarder...»
Paris-ToursUltime rendez-vous de la saison en France, cette 119e édition de Paris-Tours nous a réservé un final exceptionnel, marqué par la victoire de Matteo Trentin, mais surtout par le scénario rocambolesque des deux derniers kilomètres. En tête depuis près d'une heure de course et en bonne voie pour se disputer la gagne à deux, le duo Paul Lapeira (Decathlon AG2R) - Thibaud Gruel (Groupama-FDJ) s'est alors totalement sabordé avant la flamme rouge, décidant subitement de ne plus collaborer et de se regarder, à l'arrêt complet. Un stratégie incompréhensible si loin de la ligne d'arrivée que les deux Français ont logiquement payé et pourront regretter, puisqu'ils ont sans surprise été repris avant de terminer au pied du podium dans le sprint final...
La réaction du vainqueur Matteo Trentin
"Je me suis dit : Et puis merde, ce n'est qu'un jeu au final, je vais m'amuser jusqu'au bout, je n'en ai rien à faire, je veux gagner et rien d'autre"
Né à Tours, le plus jeune des deux Thibaud Gruel (21 ans) évoluait à domicile et a grandement impressionné pour sa toute première participation à "sa" course. Cinquième sur la ligne après ce jeu de dupes dans le final, il est revenu avec franchise sur sa journée après l'arrivée. "C'était génial, moi j'ai trop kiffé à la maison, on m'encourageait tout au long du parcours. J'étais bien, j'ai essayé d'y aller, Paul m'a contré et j'ai su prendre la roue. On est sorti à deux, on avait une bonne entente, on était tous les deux forts je pense. On s'est entendu, on a roulé, on était solide, ils ne rentraient pas derrière, et... Ouais, forcément après coup on est un peu stupide de se regarder dans le final, mais j'ai pris le pari. Je me suis dit : "Et puis merde, ce n'est qu'un jeu au final, je vais m'amuser jusqu'au bout, je n'en ai rien à faire, je veux gagner et rien d'autre". J'ai joué, et je ne regrette pas, mais sur le coup, quand je franchis la ligne 5e, c'est un peu dur. Mais bon, je me suis amusé, c'est le plus important. Je voulais gagner et pas faire 2e", a-t-il analysé avec honnêteté, avant d'expliquer plus en détail ce qu'il s'est passé avec Lapeira.
"Je voulais qu'il emmène le sprint et être derrière. On me disait dans la radio : "Craque pas, craque pas !". Je mourrais d'envie de craquer, et à un moment je me suis dit "Eh merde, ce n'est qu'un jeu, qu'une course dé vélo, je ne craquerai pas, tant pis". Et il n'a pas craqué non plus. Il m'a dit : "Tu es à la maison, c'est à toi d'assumer". Peut-être qu'il avait raison, mais je me suis dit qu'il allait craquer avant. On n'a pas craqué, on s'est fait reprendre. J'y croyais encore, j'ai essayé de lancer tôt car je ne voulais pas avoir de regret. Et malheureusement, ce n'est pas passé, mais pas trop de regret au final", a conclu un Thibaud Gruel qui a malgré tout pris rendez-vous pour l'avenir avec cette très belle performance.
Publié le par Arthur DE SMEDT