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Le Tour de France, courses payantes, droits TV… l'avenir le cyclisme ?

Route
Mis à jour le par Titouan LABOURIE
Photo : Sirotti

L’idée et/ou le débat fait visiblement peu à peu son chemin ! Et si, à l'avenir, venir voir des courses cyclistes sur route était payant ? Et si on faisait payer certains passages du Tour de France ? En cette fin d'année, le sujet refait donc surface et de plus bel concernant les problèmes de retombées économiques dans le cyclisme. Non, pas du côté des organisateurs, mais chez quelques observateurs et acteurs du cyclisme. C'est Jérôme Pineau sur RMC Sport qui a en fait relancé le débat. Le président de l’UCIDavid Lappartient, dans une interview à Ouest-France, a vite réagi à cette idée distillée, entre autre, par Jérôme Pineauexprimant toutes ses réserves. Pour mémoire, Cyrille Guimard, dans sa dernière chronique sur Cyclism'Actuavait aussi évoqué les problèmes de retombées économiques pour le cyclisme résidant, selon lui et plutôt, essentiellement dans la redistribution des fameux droits TV alors que "les organisateurs des plus grandes courses mondiales s'en mettent plein les poches". "Dans des sports comme le tennis, le football ou le rugby, une grande partie des recettes provient des droits TV, de la télévision, nous expliquait (à retrouver dans la vidéo ci-dessous) Guimard. Dans le cyclisme, personne n’ose l’aborder, c’est un sujet tabou." Alors quelle est la solution pour mieux redistribuer l'argent dans le cyclisme ? Faire payer les spectateurs sur les courses et le Tour de France ou réorganiser le système actuel des droits TV ?

Cyrille Guimard sur le sujet au micro de Cyclism'Actu !

 

David Lappartient : "Si vous voulez faire payer le Tour de France... "

Le président de l’Union Cycliste Internationale reste sceptique et a donc exprimé ses réserves dans une interview à Ouest-France quant à l'idée de  Jérôme Pineau avancée sur RMC Sport : "Il faut poser un cadre juridique, faire payer l’espace public en France, c’est compliqué. Et puis, je pense que les gens voudront que ça aille au coureur, in fine", explique-t-il, avant de glisser une comparaison pour le moins piquante : "Ce n’est pas impossible, mais ce serait une révolution. Regardez déjà la réforme des retraites… Alors si vous voulez faire payer le Tour de France, vous n’êtes pas rendu." 

 

Des zones VIP mises en place ?

Lappartient rappelle néanmoins qu’il avait réussi, lorsqu’il organisait le Grand Prix de Plumelec, à faire payer 5 euros l’accès à la côte de Cadoual, ce qui avait permis de sauver la course. En Belgique, ces pratiques sont courantes — le Tour des Flandres propose depuis des années des zones VIP payantes. En France, la tentative des organisateurs du championnat national 2023 à Cassel d’instaurer un droit d’accès au site d’arrivée avait, elle, échoué. Les organisateurs du Tour franchiront-ils un jour ce Rubicon ? Difficile à imaginer pour une épreuve devenue patrimoine national. Du côté d’ASO, en tout cas, l’hypothèse d’un Tour de France payant n’a jamais été sérieusement évoquée.

 

Et si le problème était ailleurs  et "un sujet tabou en France" ?

Comme évoqué par Cyrille Guimard, dans sa dernière chronique sur Cyclism'Actu, le problème est selon lui dans la redistribution des gains et des fameux droits TV. "Les organisateurs des plus grandes courses mondiales s'en mettent plein les poches mais ne redistribuent quasiment rien, expliquait Guimard. 

"Dans des sports comme le tennis, le football ou le rugby, une grande partie des recettes provient des droits TV, de la télévisionDans le cyclisme, personne n’ose l’aborder, c’est un sujet tabou. Et en France, ce n’est même plus seulement tabou : si vous en parlez trop, vous vous exposez à des représailles. C’est la réalité, et je suis désolé de le dire, mais c’est ainsi. Si on veut une vraie évolution, il faut changer de système économique, et la télévision doit en faire partie. La télévision vend un événement, en tire des bénéfices, et c’est normal que le Tour de France gagne de l’argent. Ce qui ne l’est pas, c’est que deux acteurs majeurs n’aient aucun retour : la Fédération et les équipes."

 

"Les équipes ne touchent rien des recettes TV"

Avant d'ajouter et de conclure : "En France, contrairement aux autres sports, la Fédération Française de Cyclisme n’est jamais invitée à la table des négociations avec ASO ou les diffuseurs. Jamais. Il ne faut surtout pas le dire. La Fédération ne dirige rien : pour faire des recettes, elle augmente les licences ou les droits d’organisation. Quant aux équipes, elles amènent de la visibilité, des coureurs, un investissement… mais elles ne touchent rien des recettes TV, alors qu’elles participent directement à la valeur de l’événement. Mais encore une fois : sujet tabou. Aujourd’hui, je peux parler. Alors je parle."

 

2,3 millions distribués à l'entièreté des acteurs sur le Tour de France 2025

Par exemple, ASO a déclaré un chiffre d'affaires de 321 millions d'euros en 2023, preuve que ses événements marchent très forts. En revanche, les équipes ne retirent rien de ces gains. Le cyclisme étant l'un des seuls sports à ne pas redistribuer aux acteurs (coureurs et équipes) l'argent des droits télés. Contrairement à d'autres sports comme le tennis, les primes accordées restent également très mineures (2,3 millions distribués à l'entièreté des acteurs sur le Tour de France 2025). Hormis la visibilité que leur apportent les courses, les partenaires ont donc peu d'intérêt à sponsoriser les équipes... ce qui explique en grande partie la situation économique désastreuse de nombreuses formations. Alors quelle est la solution pour mieux redistribuer l'argent dans le cyclisme ? Faire payer les spectateurs sur les courses et le Tour de France ou réorganiser le système actuel des droits TV ? Affaire à suivre... ou pas !

Publié le par Titouan LABOURIE

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