Jonathan Milan : «Ce n'est pas grave de ne pas participer au Tour»
INTERVIEWLe dernier maillot vert du Tour de France ne sera pas de la partie pour défendre sa tunique lors de la grande fête de juillet. En effet, Jonathan Milan (Lidl-Trek) ne participera pas au Tour de France en juillet prochain, au profit de son tour national : le Giro d’Italia. Le coureur de 25 ans tentera de remporter, pour la troisième fois de sa carrière, le maillot cyclamen après 2023 et 2024. Il s’est exprimé lors du Media Day de la formation Lidl-Trek, ce vendredi 12 décembre.
"J’ai vu que le Giro proposait de belles étapes"
Est-il difficile d’accepter que tu ne participes pas au Tour, après un Tour de France aussi magnifique l’an dernier ?
Ce n’est pas difficile. Pour moi, c’est bien de changer un peu le programme. Bien sûr, ce serait agréable de refaire le Tour, mais pourquoi pas autre chose ? Je suis vraiment heureux d’aller sur le Giro, car il y aura de belles opportunités pour nous, les sprinteurs. Nous y allons avec une équipe très forte, vraiment engagée pour m’aider, sur un autre type de sprints : passer les bosses et essayer de faire plus ou moins ce que nous avons fait ces dernières années. Donc non, je ne dirais pas que c’est difficile. C’est le prix à payer quand on court dans une grande équipe. À la fin, tout le monde doit être satisfait.
Peux-tu expliquer comment se construit un nouveau programme de course ?
En fin de compte, la décision vient un peu des deux côtés. Après les vacances, j’ai parlé avec mon entraîneur. Nous avons eu un appel pour discuter du début de saison, de la meilleure manière de commencer et d’essayer d’obtenir le plus de victoires et d’objectifs possible. Ensuite, nous avons parlé des grands tours. Cette année, j’ai vu que le Giro proposait de belles étapes, surtout la première. J’ai regardé le parcours et ça avait l’air intéressant, alors pourquoi pas ? Cela offre aussi des opportunités, car les Championnats d’Europe et du monde ne sont pas favorables aux sprinteurs cette année.
Y a-t-il une chance que tu participes aussi à la Vuelta après l’été ?
Il faut encore attendre quelques jours, puis je vous dirai. Je pense qu’à la Vuelta, nous pourrions même avoir encore plus de victoires cette année. Quand nous rentrerons, nous déciderons avec l’équipe lors d’un appel et nous verrons si cela a du sens — peut-être une ou deux arrivées au sprint. Mais oui, c’est toujours une possibilité.
Te vois-tu avoir des chances à l’avenir sur Milan–San Remo ?
Peut-être dans le futur… dans un futur lointain. San Remo a beaucoup changé. Je ferai de mon mieux pour progresser et arriver dans la meilleure forme possible. C’est une course spéciale pour moi, mais l’approche de la Cipressa et du Poggio a complètement évolué. Ce sera très difficile, surtout avec des coureurs comme Tadej qui feront sans doute ce qu’il a fait cette année. Nous essaierons d’être prêts à souffrir.
"Tout se joue sur le placement ou le timing"
Avec différents lanceurs, cette nouvelle collaboration peut-elle te rendre encore plus rapide ?
Nous allons tout tester lors des stages. Tous ces coureurs ont une grosse puissance et savent lancer au bon moment, à la bonne vitesse et au bon endroit. Ils ont tous l’expérience. Pour moi, le dernier homme n’est pas plus important que l’avant-dernier ou le troisième : l’essentiel, c’est que tous travaillent ensemble. Parfois, une chose ne fonctionne pas et il faut se soutenir mutuellement, comprendre comment se regrouper dans les situations compliquées.
Aujourd’hui, il y a trois sprinteurs dominants : toi, Tim Merlier et Jasper Philipsen. As-tu le sentiment que vous êtes très proches en termes de niveau ?
Oui, bien sûr. J’ai sprinté de nombreuses fois contre eux cette année et nous étions toujours au coude-à-coude. J’aime courir contre eux, ce sont de grands coureurs. Souvent, tout se joue sur le placement ou le timing : qui lance tôt, qui revient de l’arrière. Nous sommes tous très proches.
Le Giro débutera en Bulgarie, où tu as remporté ta première médaille aux Championnats d’Europe sur piste. Cela te motive-t-il pour viser le maillot rose ?
Oui, à 100 %. C’est une grande opportunité. Nous essaierons d’arriver prêts et de la saisir, même si on ne sait jamais comment cela peut se dérouler.
Comment gères-tu la pression liée à des sprints de plus en plus rapides et dangereux ?
Nous essayons d’être aussi prudents que possible. Les courses vont de plus en plus vite, donc elles deviennent plus dangereuses. Les organisateurs améliorent progressivement la sécurité, et les coureurs veulent tous avoir leur chance de sprinter. Nous espérons toujours que personne ne se blesse, mais parfois cela arrive. Chaque sprint est différent, et avec l’évolution du matériel, nous allons un peu plus vite chaque année. Nous travaillons tous ensemble pour réduire ces situations dangereuses.
Publié le par Esteban DA COSTA