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Clément Venturini : «Unibet ? De prime abord, je n’étais pas prêt...»

INTERVIEW
Mis à jour le par Esteban DA COSTA
Photo : @Cyclismactu / CyclismActu.net

La saison 2025 a été compliquée pour Clément Venturini. Pourtant, après une année conclue par une victoire au classement général de la Coupe de France FDJ (qui deviendra FDJ United Series en 2026, ndlr), le Lyonnais a longtemps remis en question la suite de sa carrière professionnelle… jusqu’à ce que Unibet Rose Rockets lui propose un contrat pour la saison suivante. Le coureur de 32 ans s’est entretenu avec Cyclism’Actu, évoquant de nombreux sujets : son intégration au sein de sa nouvelle équipe, la santé mentale dans le cyclisme, sa pause en cyclo-cross et, plus globalement, ces derniers mois particulièrement compliqués.

 

"On va dire que cet hiver, oui, ça a été loin d’être facile"

Bonjour Clément Venturini, merci d’accorder cette interview à Cyclism'Actu. Déjà, comment allez-vous à l’aube de cette saison 2026 ?

Un hiver un peu spécial. C’est vrai que j’ai un peu traversé des sacrés moments, des hauts, des bas. Au mois de décembre, je suis actuellement en stage avec ma future équipe, donc tout finit bien.


Justement, nouvelle équipe. On vous a vu au bord des larmes sur le Tour de Vendée en octobre dernier lors de votre quatrième place. Ça fait quoi de trouver une équipe ?

Je ne sais pas si c’est vraiment le sujet. C’est surtout que je n’avais pas du tout préparé ma fin en 2026. Je me voyais encore coureur, j’espérais beaucoup qu’Arkéa continue pour finir ma carrière dans cette équipe. C’est un peu les mots que j’avais eus avec Manu (Emmanuel Hubert, ndlr). On connaît la fin, celle que personne ne souhaitait. Beaucoup de remises en question cet hiver. Unibet a été une des premières équipes à me proposer un entretien, me faire une visio et me faire une proposition de contrat pour 2026. De prime abord, je n’étais pas prêt. À ce moment-là, il y a des choses qui me traînaient. Je voyais plus le négatif que le positif. Des mois se sont passés, beaucoup d’échanges, beaucoup de remises en question. Finalement, je me suis engagé avec eux et je ne regrette pas du tout mon choix après avoir passé une semaine au sein de l’équipe.


Qu’est-ce qui vous a plu dans ce projet Unibet ? On sait que l’objectif, c’est d’aller sur le Tour de France, pourquoi pas dès juillet prochain, mais aussi dans les années futures.

Oui, c’est surtout au-delà du Tour de France, ça ne s’arrêtera pas là. C’est une équipe qui est pleine d’envie, de motivation et qui a envie de grandir. Faire partie de ce projet-là, c’est toujours enrichissant. On a aussi envie de donner une petite pierre à l’édifice, contribuer à sa réussite. C’est d’autant plus motivant pour moi à ce moment-là. J’ai presque envie de me dire que ça va me relancer, ça me sort aussi de ma zone de confort. Je n’ai jamais parlé anglais au sein de l’équipe, il faut s’intégrer. Même si c’est une équipe française, on sait très bien que c’est plutôt une équipe étrangère. Ce n’est pas pour me déplaire, je suis même content de sortir des sentiers battus.

 

Justement, c’est une équipe étrangère, mais vous allez retrouver quand même cinq Français : Ronan Augé, Victor Lafay, Adrien Maire, Colin Savioz et Killian Verschuren. Vous venez de dire que vous êtes en stage actuellement avec l’équipe. Est-ce que vous les avez déjà rencontrés ?

Oui, forcément. On s’est tous vus, on est tous présents, les trente coureurs. Pour autant, je ne suis pas en chambre avec un Frenchie. C’est même bien de se mélanger. Je fais chambre avec un Belge qui parle toutes les langues, c’est fortement agréable. Je suis vraiment bien accueilli. Comme je disais, je ne regrette pas du tout mon choix, bien au contraire. C’est une belle expérience pour moi, de la découverte aussi, des nouvelles choses, une autre manière de fonctionner qui ne m’est pas pour me déplaire.

 

L'interview d'Adrien Maire... 

 

On va parler un peu de la santé mentale. Vous en avez un peu évoqué précédemment. C’est un sujet qui est de moins en moins tabou dans le sport et dans le cyclisme aussi. Est-ce que c’est un sujet qui vous touche vraiment de plein fouet ?

On va dire que cet hiver, oui, ça a été loin d’être facile. Quand on voit la fin se rapprocher, qu’on n’a pas ce qu’on souhaite, entre guillemets, et ce qu’on subit surtout, ce n’est pas une volonté de sa part. C’est loin d’être facile à accepter, à digérer, etc. Pour la part de la santé mentale dans le vélo, c’est un sport de très haut niveau. Depuis maintenant douze ans, j’ai vraiment vu l’évolution. Maintenant, le niveau nécessaire pour performer fin janvier, début février, c'est le même fin octobre, mi-octobre… ce n’est pas facile pour tout le monde de tenir un niveau de performance aussi élevé, et tout ce qui va à côté.

 

"Arkéa B&B Hotels ? C’est toute une famille qui se sépare fin décembre"

Vous avez décidé de faire une pause dans le cyclocross. Est-ce que c’est lié au mental ou c’est toute autre chose ?

Rien à voir avec le mental. C’est juste que cette année, il y a quelques jours, je ne savais pas si j’allais être encore coureur en 2026. J’ai fait du vélo, du sport, plus pour ma santé jusqu’alors. Depuis que je suis arrivé là, les encadrements sont plus ciblés. On pense plus à préparer une saison qu’à faire du sport santé. Tout ça m’a amené à prendre des décisions, c’est-à-dire ne pas participer au championnat de France, parce que me présenter avec un niveau je ne sais lequel, et pas prêt, ça ne me correspond pas. J’ai préféré faire l’impasse, c’était un choix difficile à faire. Il y avait aussi des soucis logistiques, ça veut dire qu’il fallait avoir tous les vélos en peu de temps. Je n’ai pas couru. Bref, un tas de choses qui font qu’il valait mieux faire l’impasse, et je pense que ça sera un mal pour un bien.

 

La grande actualité en cyclocross ce week-end, c’est le retour de Wout Van Aert, qui va faire face à Mathieu van der Poel. Quel est votre regard sur ces deux phénomènes du cyclocross et du cyclisme en général ?

Ce sont des coureurs que je connais depuis l’âge de quatorze ou quinze ans, cadets, juniors. On a un an ou deux ans d’écart pour Wout et Mathieu. Ce sont juste des extra-talents, comme il y en a peu à chaque génération. Pour moi, ça aurait été une chance de courir avec eux. Pas toutes les années, on a des coureurs de ce calibre-là.

 

Justement, vous êtes un peu déçu de ne pas courir contre eux cette année en cyclo-cross ?

Non. Je crois qu’en plus, Wout va avoir un programme plutôt allégé. C’est plus Mathieu qui fait quand même un gros programme. Sans être égoïste, quand je fais du vélo, ce n’est pas pour être spectateur non plus. Ce n’est pas parce que je suis en course avec eux que je vais leur demander un autographe non plus.

 

Vous avez passé deux ans chez Arkéa B&B Hotels, qui va malheureusement disparaître l’an prochain. Est-ce que vous avez trouvé ça étrange qu’Arkéa n’ait pas trouvé de sponsor ?

Je pense que si demain vous voulez taper à la porte de nombreuses entreprises, vous allez voir que ça n’a pas été facile de récolter des sommes qui sont devenues énormes. Je pense que la tâche est loin d’être facile. Étrange, je ne sais pas pourquoi vous employez ce mot-là. Nous, on était juste pleins d’espoir. On avait vraiment envie tous ensemble que ça continue. Il y avait vraiment une belle équipe. Je pense aux coureurs, mais je pense aussi beaucoup au staff. C’est toute une famille qui se sépare fin décembre 2025. Mais ça fait partie de la vie. J’espère que tout le monde pourra rebondir le mieux possible.

 

Et pour finir, Clément Venturini, est-ce que vous connaissez votre calendrier pour 2026 ?

Absolument pas pour le moment. L’équipe est quand même soumise à pas mal d’invitations. Le calendrier est encore indécis. Je pense que je serai plus fixé au mois de janvier.

Publié le par Esteban DA COSTA

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