Guillaume Martin-Guyonnet : « Je vais aussi vite que Lance Armstrong»
RouteGuillaume Martin-Guyonnet, âgé de 32 ans, a livré son regard sur les profondes mutations du cyclisme moderne, sans céder à la suspicion. Constatant lui-même qu’il réalise aujourd’hui des performances comparables à celles de Lance Armstrong, dont le dopage a été avéré, il préfère y voir l’effet d’une évolution structurelle de son sport. Après près de dix années passées dans le peloton professionnel, le grimpeur de la formation Groupama-FDJ se présente comme un observateur direct d’un cyclisme entré dans une nouvelle ère. Dans un entretien accordé à l’AFP, il évoque un "changement impressionnant", porté par les avancées technologiques, l’optimisation de l’entraînement, une approche plus fine de la nutrition et l’émergence toujours plus précoce de jeunes talents.
Lance Armstrong... de retour sur le Tour c'était en 2015 !
"Je ne peux pas me permettre de juger ou d'accuser"
"La finalité reste la même: passer la ligne d'arrivée le premier", rappelle Guillaume Martin-Guyonnet. "Mais en dehors de ça, le changement est impressionnant. Il y a énormément de tests en tous genres sur le matériel et le corps qui font que la performance est de plus en plus encadrée par la science et qu'on se trompe de moins en moins. La conséquence est que chaque coureur réussit à tirer le plein potentiel de sa physiologie. Et donc le niveau global du peloton est beaucoup plus élevé."
Pour lui, ces progrès expliquent en grande partie l’élévation générale des performances, sans nécessairement raviver les soupçons de dopage. "Il y a aussi plein d'éléments de professionnalisation du sport qui peuvent les expliquer. J'évite de me poser trop la question parce que je raisonne dans le vide, faute d'avoir des éléments", souligne-t-il. Il n’est ainsi pas surpris de voir certains records établis par des coureurs dopés tomber face à la nouvelle génération, comme ceux de Marco Pantani sur le plateau de Beille ou du Mont Ventoux, récemment battus par Tadej Pogacar.
"Moi-même, je vois certains temps de montée où je vais aussi vite qu'Amstrong (déchu de ses sept Tours de France pour dopage, NDLR)", observe-t-il. "C'est bien la preuve que, par le fait d'être plus professionnel et de maîtriser tous les aspects de la performance, on peut quand même atteindre un haut niveau. Après, il y a un monde entre moi et ceux qui dominent le Tour. Mais je ne peux pas me permettre de juger ou d'accuser. Je n'ai pas non plus envie de paraître pour un aigri. Un coureur en Nationale 1, du plus haut niveau amateur, il s'entraîne comme moi, et il y a quand même un monde entre mon niveau et le sien. Je n'ai pas envie que lui m'accuse d'être dopé simplement parce que je suis plus fort. Peut-être que les coureurs devant sont naturellement plus forts. Dans toute l'histoire du sport, il y a eu certains qui étaient une classe au-dessus des autres. Il faut l'accepter."
Publié le par Titouan LABOURIE